Enfant spirituel de
Nightwish et probable successeur de
Xandria, ce jeune quintet allemand issu de Moers nous embarque pour un voyage initiatique au cœur d'un metal symphonique mélodique et atmosphérique de bonne facture. A l'aune de ces quelques cinq pistes rayonnantes, le saisissant message musical lancé à la concurrence, tel un inopiné et incandescent missile, annonce clairement ses prérogatives. En l'espace de vingt-cinq minutes, le groupe nous installe à bord de son vaisseau amiral pour un parcours auditif haut en couleurs mélodiques et riche en sémillants arpèges, que nombre de ses homologues stylistiques pourraient bien lui envier.
Créée en 2010 par le claviériste
Pascal Pannen et le batteur et percussionniste Martin « Maddin » Klüners, la troupe a vu arriver dans ses rangs la talentueuse mezzo-soprano Nele Messerschmidt, non sans rappeler Manuela Kraller (ex-
Xandria,
Dark Sarah (guest)), Amanda Somerville (
Trillium) ou encore
Tarja Turunen, à ses débuts chez
Nightwish. Renforcé par le fringant guitariste Gilbert Gelsdorf et le bassiste Phil Kohout, le groupe a également requis les compétences du violoniste Ron Koprivica, pour nous octroyer une galette concoctée avec le plus grand soin. Et ce, notamment sur le plan de l'enregistrement et du mixage, grâce à la patte rigoureuse de Gilbert, les ayant réalisés à LeFink Studio, à Duisburg, en Allemagne. Si les arrangements sont l'œuvre du groupe lui-même et s'il a écrit ses propres textes, non sans finesse, les solaires compositions relèvent de
Pascal, avec l'aide conjointe de Gilbert sur certaines pistes. On comprend que chaque membre a eu un rôle bien défini dans le processus d'élaboration du produit. Le mastering a été laissé aux mains expertes d'Ulf Hattwig au Toolhouse-Studio, à Rothenburg (Allemagne). Quant à l'artwork de la pochette, délicatement réalisé, d'inspiration fantastique et néo-romantique, on le doit au
Universe Design, l'artwork additionnel du livret relevant d'
Angst-Im-Wald. Autant dire que l'ensemble de l'oeuvre a été passé au crible, jusque dans les détails les plus insoupçonnés, pour ne laisser subsister que très peu de notes parasites dans le flot déjà pléthorique de celles qui nous sont adressées.
Les passages d'obédience metal symphonique pur jus n'ont pas manqué leur effet, les séries de notes s'articulant les unes aux autres de manière aussi cohérente que précise dans leur principe d'émission. Aussi, tel un générique d'une grande production hollywoodienne, d'imposantes et magnétiques envolées synthétiques introduisent majestueusement «
Oraculum », titre typé metal symphonique en mid tempo, muni de riffs mordants. Non moins fringant qu'un
Nightwish de la fin des '90s, le morceau nous aimante rapidement le pavillon par la lumière mélodique saupoudrée sur l'ensemble des gammes de la confondante toile de maître. Refrains catchy et couplets en liesse sont au rendez-vous, magnifiquement vocalisés par les charismatiques ondulations d'une Nele au top de sa forme, dans le sillage d'Amanda Somerville, assistée d'une lead guitare bien inspirée. Des variations de tonalité nous sont aussi insufflées, comme pour parachever un spectacle déjà richement doté en truculents accords. Au final, il en résulte une pièce instrumentalement nette, vocalement sans bavures, harmoniquement enveloppante et la cible, celle de nos émotions, est atteinte d'un claquement de doigt. Puissant, rageur, incandescent, «
Dead-
End Alley », de son côté, nous entraîne dans une ambiance symphonique gothique, que la belle se plait à magnifier, une fois de plus, de ses angéliques modulations. Un tapping en faction nous achemine vers des refrains enjoués, avec ce rayonnement mélodique qui semble être disséminé sur la totalité de l'oeuvre. Un break opportun se fait rapidement étreindre par de fougueuses séries de notes au piano et par les inflexions assassines de la jeune diva, le tout étant exécuté avec une apparente et déconcertante facilité.
D'autre part, lorsque le combo se montre plus enjoué, sa dynamique rythmique s'avère éminemment communicative. Ainsi, des perles de pluie au xylophone nous introduisent sur l'entraînant «
Born from Hope », aux sensibles harmonies perceptibles sur l'ensemble du message musical. Les couplets s'ouvrent gracieusement sous le joug de captivantes impulsions insufflées par la déesse, avant que ne se fassent jour les notes enjouées des refrains. Et ce, non sans rappeler quelques airs de
Nightwish, première période. L'adhésion s'opère quasi immédiatement à la ligne mélodique imprimée sur le ruban auditif de la goûteuse piste. Un ultime regain de puissance vocale s'effectue certes, mais un peu tardivement. Petit bémol, mais sans réelle gravité.
On n'a pas non plus omis les mots bleus à l'instar de quelques doux moments savamment élaborés et diablement bien mis en relief par la troupe. Aussi, une lead guitare et des arpèges au piano, de concert, nous accueillent sur la somptueuse ballade heavy prog « My
Wings ». Imparable sur les couplets comme sur les refrains, ce titre témoigne de qualités harmoniques hors pair, accessibles à une minorité de formations seulement de cette obédience metal. On ne manquera pas les soyeuses patines à la guitare avant que la belle ne vienne nous caresser le pavillon comme personne. Une judicieuse reprise au piano achève la piste d'un dernier et habile délié. A quoi bon tenter de résister à ce trait de génie ? Ce sera peine perdue. Dans cette mouvance, que dire alors de l'outro de l'opus ? Une pièce d'orfèvre s'esquisse à l'aune de la fresque titrée « Shore to
Aeon ». Très sensible, la déesse monte avec ravissement d'un octave son timbre de voix, pour aérer d'autant plus les couplets qu'elle nous fait parcourir avec un généreux sourire. L'exercice s'effectue alors avec une stupéfiante aisance tant elle maîtrise son sujet de bout en bout sur cette splendide ballade atmosphérique. On observera aussi le virevoltant violon calé sur les arpèges d'un piano faisant montre d'une patte experte. Une fine rythmique s'insère comme pour nous faire signe de garder les sens en éveil, si tant est qu'on puisse encore le faire. Quant aux refrains, leur saveur n'a d'égal que les fondantes prestations de celle qui saura aspirer plus d'une âme en son sein. On n'aura pas à se forcer une seule seconde pour voir poindre l'émotion nous submerger.
Comment ressortir émotionnellement indemne d'une telle déferlante ? Ce groupe, déjà pressenti comme le digne héritier de
Xandria, marchera probablement sur les traces de
Nightwish, comme d'aucuns l'ont subodoré, y compris votre humble serviteur. Il en a déjà l'étoffe, eu égard au charisme de ses hypnotiques lignes harmoniques et à ses qualités individuelles plus que satisfaisantes. Et ce, pour ne pas rester en retrait bien longtemps de la scène metal symphonique. Parmi les groupes débutants, celui-ci fait déjà montre d'un certain sens du détail dans tous les espaces de chacune de ses pistes. Au beau milieu de tant de qualités, l'humilité affichée reste de mise. Ce qui lui a valu de nous offrir un EP, mais lequel, en guise de hors-d'oeuvre, notamment pour tester l'impact de l'oeuvre sur un auditorat potentiel. En faudrait-il davantage pour nous convaincre de leur potentiel ?
On conseillera cet album aux amateurs de metal symphonique à chant féminin, dans le sillage des sources d'influence dont se prévaut la valeureuse formation. De plus, une empreinte singulière est apposée à cette œuvre et qui la distingue de ses références, même si l'originalité, requise par certains, n'est pas encore très présente dans ces compositions. Mais, l'efficacité des lignes mélodiques aidant, on pourra aisément s'abstraire de cette exigence, notamment pour un premier jet, réussi haut la main.
On appréciera l'incursion de choeurs éventuels et/ou de duos vocaux, en plus d'un ou deux instrumentaux, pour panacher l'offre, dans une prochaine production, qu'on espère de longue durée. Pour conjurer cette insupportable attente, patientons donc avec les quelques jolies gammes ici distillées. En outre, quelques prestations soignées en live sont octroyées par le groupe via leurs liens de partage. Quoiqu'il en soit, nul doute que l'impact de leur projet sera suffisant pour les propulser dans une carrière à long terme, convolant d'ores et déjà sur les terres atmosphériques d'un certain
Nightwish...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire