Sortilège

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17/20
Nom du groupe Sortilège (FRA)
Nom de l'album Sortilège
Type EP
Date de parution 1983
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album174

Tracklist

Re-Issue in 1998 by Axe Killer Records with 6 bonustracks.
Re-Issue in 2016 by No Remorse Records with 4 bonustracks.
1. Amazone
2. Progéniture
3. Gladiateur
4. Sortilège
5. Bourreau
Bonustracks (Re-Issue 1998)
6. Blade Killer
7. Gladiator
8. The Amazon Warriors
9. Alien
10. Death Hymn
11. Delirium of a Madman
Bonustracks (Re-Issue 2016)
6. Sortilège (Demo 1982 Version)
7. Civilisation Perdue (Demo 1982 Version)
8. Métamorphose (Demo 1982 Version)
9. Délire d'un Fou (Demo 1982 Version)

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Sortilège (FRA)


Chronique @ largod

24 Avril 2012

La chenille et la chrysalide

“Putain, c’est dingue!! Dans Enfer Magazine, ils disent que le guitariste leur a joué Eruption pendant l’interview. Tu te rends compte, Didier, on tient un sacré gratteux avec Stéphane Dumont. L’Eddie Van Halen Français !!!..”. Voilà, en substance, ce que me disait mon pote de BTS Lionel après m’avoir passé la cassette contenant le premier EP de Sortilège, un jour de septembre 1983. J’étais franchement tombé sur le cul avec H-Bomb et leur “Coup de métal”, d’autant plus que je les “suivais” par radios pirates interposées depuis bien des mois déjà. Je faisais donc la fine bouche, peu habitué à des groupes Français faisant dans la dentelle et la technique trop léchée. Mais bon, le nom, la diffusion de certaines de leurs Démos, la pochette et la description dithyrambique que m’avait faite Lionel m’invitèrent à me plonger sans état d’âme dans l’écoute attentive de ces cinq titres.

Belle pochette tout d’abord qui fait preuve d’originalité et de sobriété dans son contraste de rouge et de noir, ainsi que ce grillon diabolique quelque part entre la phase de chenille et de chrysalide. Le style de Sortilège se caractérise par un heavy-metal mélodique, fusionnant les riffs de Judas Priest avec la rythmique d’Iron Maiden, un chant en Français puissant et clair et l’éclat d’un guitariste virtuose, inspiré des grands manieurs de manche de l’époque. D’autres influences sont identifiables dans ce premier opus et on est agréablement surpris par la musicalité et la technique d’ensemble qui n’a rien à envier aux groupes étrangers. Pas plus d’ailleurs que l’attirail de cuirs et de bracelets à clous qu’arborent les membres du groupe. A cela s’ajoute un vrai chant qui donne une bonne touche de classe aux différentes compositions, même si par moment il est irritant dans les aigus tant la production ou le mixage auront eu du mal à donner tout l’espace nécessaire à son magnifique organe. A l’origine, deux frères du côté d’Épinay en banlieue parisienne, Jean-Philippe dit « Bob Snake » et Stéphane dit « L’Anguille » Dumont, batteur et guitariste de leur état, créent en 1980 avec Didier dit « Dem » Demajean un groupe de hard-rock appelé Blood Wave. Confrontés à la difficulté de l’époque pour jouer cette musique En Concert, ils optent pour le nom de Sortilège en 1981 après avoir longtemps hésité avec le nom Spell (enchantement dans la langue de Molière), à la connotation plus internationale. Après avoir recruté Daniel dit « Lapin » Lapp à la basse en octobre 1981, ils reçoivent deux mois plus tard la candidature de Christian dit « Zouille » Augustin, ancien chanteur du groupe rock Correspondance, suite à une annonce publiée dans le magazine de musique de l’époque, Best.

Le groupe désormais au complet se lance dans la composition et le fignolage de leurs propres titres et écument les Maisons de la Jeunesse et de la Culture de France, puis la Mutualité en novembre 1982 et le Forum avec Blasphème, en jouant leur propre répertoire et quelques reprises (Deep Purple, Judas Priest, Black Sabbath). L’univers de la scène rock Française étant ce qu’il est et les maisons de disques hexagonales toujours aussi peu courageuses à miser leurs fonds sur de jeunes talents prometteurs d’un style éminemment anglo-saxon, Sortilège signe enfin un deal avec Rave-on records aux Pays-Bas. Entre temps, ils auront participé comme Vulcain et Demon Eyes à une compilation Metal Warriors de la compagnie Anglaise Ebony records avec le titre « Le Cyclope de l'Étang » que l’on retrouvera en 1984 sur la premier album « Métamorphose ». En dépit d’une première partie remarquée de Def Leppard assurée le 8 mars 1983 au Bataclan, la seule solution qui leur est offerte malgré une base de titres d’excellente facture est de s’expatrier pour enregistrer leur tout premier EP. Les opérations d’enregistrement et de mixage prirent moins des 5 jours initialement prévus suite à un arrivage tardif d’une partie du matériel consécutif à une panne de camion. Le son est tout juste correct et suffit au bonheur des membres du groupe pour enfin conquérir le marché Français et Européen, du moins espèrent-ils.

Premier titre, première piste et une longue et majestueuse introduction pour un des titres phares du disque, « Amazone », qui permet aux guitares et à la section rythmique de se mettre en place à la suite d’un long arpège de l’ami Stéphane Dumont. Le titre déboule ensuite en boulet de canon avec une section basse-batterie nerveuse qui fait penser à Steve Harris et Clive Burr, excusez du peu. Bob Snake bombarde derrière les fûts et sur les cymbales et les doigts de Daniel Lapp catapultent un groove monstrueux de basse. Le riff de Dem est sculpté dans un acier lorrain et bourdonne avec entrain alors que le chant, parfois grave et aigu, met en exergue le coffre de Zouille sur quelques passages, dont le cri/hurlement qui clôt les débats. Les interventions de guitar-hero et le solo de Stéphane complètent une belle pièce d’artillerie, taillée pour passer sans encombre le verdict de la scène. La petite histoire dira que Chuck Schuldiner (RIP), fan de Sortilège de la première heure, leur rendit hommage en reprenant la même introduction à la sauce Death sur le titre « Evil Dead », figurant sur l’album de 1987 « Scream Bloody Gore ». En dépit d'une entame lente et lourde très Black Sabbath, « Bourreau » constitue le titre le plus speed de l’album. Son riff instaure une ambiance à peine oppressante en fin d’introduction et sur le refrain accouché dans un cri étouffé d'alien vocodé. Encore une fois, la section rythmique fait pâlir les fans d’Iron Maiden de l’époque, au travers d’une ligne de basse fluide et vrombissante et de la bastonnade en règle de la batterie. Stéphane et Zouille, chacun de leurs côtés, délivrent une sacré performance dont un solo en shredding bien technique.

Sur le titre « Sortilège », je comprends mieux le commentaire de mon collègue de lycée sur le potentiel de Stéphane Dumont. Son introduction courte et sèche à la Eddie Van Halen s’abat comme la foudre tandis que Bob Snake le complète avec un tonnerre de roulements sur son kit. Le titre part ensuite en un mid-tempo bien heavy ou les riffs de Dem assurent une trame de bulldozer sur vitaminé. Le chant de Zouille peut paraître un peu agaçant à forcer dans la stratosphère et les paroles sont moins audibles du fait d’un mixage brouillon. Quoiqu’il en soit, ce morceau est illuminé par le solo de Stéphane et donne l’aperçu du style de Sortilège, à la fois technique, racé et bien enlevé. « Progéniture » bénéficie d’une introduction Priestienne et d’un cri de l’animal Zouille, se chauffant la voix avant une fois de plus de faire une prestation assez inouïe dans la maitrise et particulièrement en fin de morceau. La basse et la rythmique de la guitare, omniprésentes, creusent un sillon, lourd et profond, à l’image d’un brise-glace Soviétique en mer de Sibérie orientale. Rien ne leur résiste. Et toujours un tricotage de cordes de notre fabuleux soliste, tout en toucher mais mixé trop en retrait à mon goût, qui confirme tout le bien que l’on peut attendre de lui. Sortilège sort à nouveau le tractopelle de luxe sur « Gladiateur », titre qu’on peut qualifier de Black Sabbath au chant moderne à la Judas Priest. Bien lourd et chantant, ce morceau est finalement tout en mélodie grâce à un Zouille plus apaisé, un jeu de batterie assez varié et un solo mythique de l’Anguille.

Coup d’essai et coup de maître. Ce mini LP constitue une belle carte de visite pour un groupe qui peut désormais affiner son style et aussi songer à passer au chant en Anglais. En effet, son heavy-metal se rapproche des canons des groupes en provenance de la perfide Albion et d’outre Atlantique et cette question devient un enjeu pour la future évolution de Sortilège. La suite de la carrière du groupe sera courte malgré les deux albums qui suivirent, à chaque fois enregistrés dans une version supplémentaire en langue Anglaise. Les moyens nécessaires pour tourner et tourner encore n’étaient pas là et seul Trust bénéficiait à l’époque de l’aura suffisante pour obliger un tourneur à signer les chèques, et encore... Les structures scéniques étaient elles aussi balbutiantes et à l’époque ni le Zénith ni le POPB n’existaient. Les plus grandes salles étaient l’espace Balard, le Palais des Sports ou le Palais des Congrès pour se limiter à Paris. La cohésion fragile entre les groupes Français et aussi la frilosité du public n’a pas permis à la chenille d’achever sa phase de chrysalide pour éclore et prendre son envol. Bien dommage tout cela, comme le rocambolesque départ de Christian Augustin que ce dernier annonça devant ses potes lors d’une interview sans les avoir prévenus à l’avance. Ne voyant pas d’issue à une carrière lui permettant de vivre de sa passion, il ne voulait sans doute pas hypothéquer l’avenir de sa petite famille et de l’enfant qui devait voir le jour dans les mois suivants. Le papillon n’aura eu qu’une vie bien courte.

« Maintenant tu sais son nom
Tu sais comme il s'appelle
Il se nomme Sortilège »

14 Commentaires

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MarkoFromMars - 25 Avril 2012: Attention pas de méprise. Je ne critique pas le chant. J'ai le plus total respect pour ces mecs qui ont eu la passion et les corones pour aller au bout de leurs idées et concrétiser leurs rêves. Par moment je trouve Zouille un peu too much et ça me gêne. Tant pis pour moi.
Bon, je préfère dans la fesse gauche...la piqûre.
choahardoc - 28 Avril 2012: Casqué de fer muni du glaive
Il faut que je frappe sans trève

Quel kiffe j'ai pris sur ce EP même si j'ai encore plus adoré la suite. Merci Largod pour ce moment de passion.
higgins - 29 Avril 2012: Une fois encore tu attire les remerciements de tous, ont est à genoux en lisant tes chros, et là ben bravo l'un des plus fabuleux "maxi" avec H BOMB bien sur, mais vraiment tu nous fais revrire ces grandes heures du french metal....en Français, what else to say?????? Thanx .... et c quoi la suite????
largod - 29 Avril 2012: merci Higgins, les prochaines devraient plaire je pense
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