Le couperet était tombé et avait tranché plus d’une tête…Guillaume Bideau quittait
Scarve, l’un des fers de lance de la nouvelle scène brutale expérimentale française. Ce Guillaume Bideau qui avait inondé de sa tessiture de voix claire un phénoménal Irradiant aux côtés d’un Pierrick ayant également quitté un navire désormais à la dérive. Ce même Guillaume Bideau qui s’en allait rejoindre un grand espoir de la scène danoise,
Mnemic, au grand dam des fans les plus ouverts de
Scarve, conscient que le français ne pouvait que s’enfermer dans un groupe n’étant autre qu’un énième ersatz de
Soilwork et InFlames.
"
Passenger" né de cette curieuse union franco-danoise, et avait légitimement déçu les fans du français qui espéraient (vainement il est vrai) voir injecter dans
Mnemic la touche expérimentale et schizophrénique existante chez
Scarve. Si les français ont étonnement bien rebondi avec un "The Undercurrent" comme hors du temps et spatial (quoiqu’inégal), Passager n’avait pas montré une réelle évolution, mis à part dans le son, très synthétique et lisse.
"Sons of the System" est donc l’œuvre d’un groupe prêt à confirmer (bien qu’il ait tourné avec
Metallica et
Deftones…) qu’il est bien plus qu’un éternel second couteau d’un métal aujourd’hui dit moderne. Complètement intégré au reste du groupe, Guillaume de son propre aveu déclare avoir bien plus participé à la composition de ce quatrième album, de nouveau produit par Tue Madsen. Ce point est particulièrement important lorsque l’on débute le disque par le titre éponyme.
Une sensation d’écrasement, de puissance presque infinie, de brutalité pure et ravageuse nous envahie lors du premier hurlement d’un vocaliste modelant maintenant sa voix bien plus que par le passé. Une agression à la limite du harcore, en dehors des normes du death ou du black, réellement moderne, se fait ressentir dans son timbre très rocailleux et mis en avant dans le mix de Madsen, et renvoyant à un clair en revanche moins avantageux, original mais finalement peu en rapport avec le reste. Les guitares sont d’une épaisseur sans précédent, le jeune public est clairement visé, des samples mécaniques alimentent un break monstrueux et syncopé, où justement la voix claire de Guillaume n’a pas sa place car détruit la tension instauré par les instrumentistes.
La densité sonore se veut néanmoins impressionnante. On pense parfois à
Strapping Young Lad, à
Fear Factory mais surtout à un groupe surdoué, qui a tant apporté au métal ces dernières années…
Meshuggah. "Diesel
Uterus" notamment, évoque de manière évidente les suédois de "
Chaosphere" et "Catch 33", autant dans la musique, la production écrasante qu’un Guillaume Bideau étant parfois à la limite du plagiat du génial Jens Kidman. Malgré des interventions claires plus maitrisées, le break non mixé et le retour du hurlement se trouve être une copie presque parfaite du Shed des suédois.
Néanmoins, on ne peut nier la qualité technique des danois et cette volonté évidente de densifier au maximum le son en incorporant de nombreux éléments industriels et mécaniques à leur musique. "March of the Tripods" s’ouvre ainsi sur des samples angoissants (La Guerre des Mondes) et laisse perler une teinte plus progressive et lente, mais le chant clair se trompe de direction en empruntant un chemin souvent niais (les quelques oh oh) et le riff principal, lent et pesant, ne supporte pas le poids du temps et se veut rapidement répétitif et terne.
La volonté de proposer de la nouveauté est évidente, la réussite un peu moins. "The Erasing", très orchestré, est en cela une demi-réussite, mêlant la modernité de
Mnemic à des passages plus atmosphériques et des ambiances lugubres bien que synthétiques. Une nouvelle fois, la production, véritable point fort et sauveteuse du disque, apporte un visage intéressant avec le phénomène de l’implosion du son pour mieux alourdir le tempo ensuite (phénomène qu’un certain
Devin Townsend maitrise mieux que quiconque).
Et pour un "
Fate" aussi mélodique que destructeur (toujours cette dualité vocale qui ne parvient pas à convaincre complètement, partagée entre des hurlements jouissifs et un clair parfois vraiment bancal, sans jamais être objectivement faux),
Mnemic signe un "Elongated Sporadic Bursts" étrange, presque mélancolique, touchant et narratif.
"Orbiting" termine le disque sur une note complètement anodine, sans aucun motif de fin ni réelle envie ou sensation de vouloir y retourner.
"Sons of the System", armé d’une pochette magnifique ceci dit, mais anachronique à son contenu des plus modernes et industriels, souffre manifestement du syndrome d’une grande partie de cette frange métallique.
Mnemic veut, tente et essaie de proposer par tous les moyens quelque chose de neuf et innovant (au cas où le terme avant-gardiste serait de trop…) mais pêche dans une linéarité souvent confondante. Si les morceaux indépendamment son souvent très bons, leur écoute groupé se fait lassante, voir simplement difficile, tant l’album s’essouffle rapidement. Artistiquement, la cause est noble mais la bataille est sans doute déjà perdue…
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