Liste des groupes Heavy Symphonique Arkana Fen Six of Swords

Porté par un grisant premier EP, « Reborn from the Ashes », l'inspiré trio international n'aura pas mis bien longtemps pour revenir dans les rangs, accouchant huit mois plus tard d'un second opus de même acabit répondant au nom de « Six of Swords ». Il s'agit-là du second volet d'une trilogie ayant pour thèmes : le dépassement de soi au cours des épreuves de la vie et le combat permanent de l'homme face à ses propres démons. Dans ce dessein, se retrouvent conjugués les talents du guitariste et pianiste mexicain Eric Aguilar (dit Eric Murdarak), du batteur et claviériste brésilien Icaro Ravelo (Mindcrafter, Ruins Of Elysium) et de la mezzo-soprano néo-zélandaise Ellie Kamphuis (Blood Red Soul), dont l'ensorcelant filet de voix s'apparenterait à celui de Manuela Kraller (ex-Xandria).

A nouveau inspiré par les travaux de Nightwish (première période), Xandria (seconde mouture), Amberian Dawn et Dark Sarah, entre autres, la troupe continue d'oeuvrer dans un metal mélodico-symphonique progressif, certes dénué de la dimension folk du précédent opus, mais n'ayant perdu ni de sa superbe ni de sa délicatesse originelle ni de la charge émotionnelle jusqu'alors difficile à endiguer, loin s'en faut. Ainsi, le cadet marcherait sur les pas de son poignant aîné sans s'y réduire exclusivement, nos acolytes souhaitant dorénavant ouvrir le champ des possibles stylistiques sans pour autant tourner le dos à leur passé.

Dans la lignée de sa devancière, cette nouvelle offrande témoigne d'une production d'ensemble de fort bonne facture. S'étant laissé le temps nécessaire au peaufinage de son ingénierie du son, deux ans suite à sa sortie de terre, la troupe affiche désormais un niveau de finition que d'aucuns pourraient avoir à lui envier. Aussi, les 4 pistes que compte la menue rondelle jouissent-elles d'un enregistrement de bon aloi, n'accusant que peu de sonorités résiduelles, et d'un mixage parfaitement équilibré entre instrumentation et lignes de chant. Là encore, s'observe une optimale mise en relief de chacune des compositions, ces dernières témoignant d'un allant, d'une technicité instrumentale et d'une finesse mélodique que n'auraient reniés ni Elvellon ni Beyond The Black ni Sleeping Romance, quelques uns parmi les nombreux et redoutables concurrents auxquels l'inspirée formation devra faire face. Les quelque 13 minutes de cette seconde auto-production seront-elle de nature à faire frémir ses homologues et à la porter parmi les valeurs montantes de ce registre metal ?

A l'instar de son prédécesseur, quand le combo nous immerge au sein de magmatiques espaces, il parvient dès lors à aspirer le pavillon du chaland d'un battement d'ailes. Ainsi, passée la brève, classique mais seyante entame symphonico-cinématique aux arrangements ''nightwishiens'' « Wings of Fire », le propos se fait des plus incisifs. Aussi, pénètre-t-on au sein d'un champ de turbulences propice à un headbang bien senti à l'aune de « Ashes of Time » ; ''xandrien'' up tempo power symphonique progressif au tapping effilé, aux riffs acérés, sous-tendu par d'enveloppantes nappes synthétiques et réservant d'insoupçonnées montées en puissance du corps orchestral. A la sirène, eu égard à ses cristallines et sensuelles inflexions, de contribuer à rendre l'épique et orientalisante offrande des plus touchantes. Une manière habile et peu convenue d'harmoniser le Yin et le Yang.

Lorsque le rythme de ses frappes se fait plus mesuré, la troupe trouve, là encore, les clés pour nous rallier à sa cause. Ce qu'illustre, d'une part, « Six of Swords », aérien et vibrant mid tempo symphonique progressif à mi-chemin entre Xandria et Amberian Dawn (seconde période). Alternant couplets finement ciselés et refrains catchy mis en habits de lumière par les ensorcelantes volutes de la déesse, ce hit en puissance recèle également de subtiles variations rythmiques doublées d'un envoûtant filet mélodique, sans concéder l'ombre d'un temps mort. On retiendra, d'autre part, le ''nightwishien'' mid tempo aux riffs grésillants « Immortal Penitence » eu égard à ses troublants gimmicks guitaristiques, ses truculentes rampes synthétiques et son infiltrant cheminement d'harmoniques. Et comment ne pas succomber aux soyeuses et sinueuses patines de la maîtresse de cérémonie, la belle magnifiant le grisant effort de sa présence ?

Dans la lignée de son aîné, ce second effort en assure fièrement la continuité, et ce, tout en s'affranchissant de la fibre folk, celle qui, précisément, conférait une touche d'originalité à son prédécesseur. Carence toutefois compensée par des lignes mélodiques travaillées plus en profondeur, une distanciation plus nette par rapport aux modèles identificatoires et une coloration progressive plus marquée que naguère, contribuant, de fait, à rendre le propos un poil plus impactant sans pour autant avoir cédé aux chimères d'une extrême accessibilité de ses gammes. Octroyant une ingénierie du son tout aussi soignée, des arrangements difficiles à prendre en défaut et n'accusant pas l'once d'un bémol, le laconique méfait parvient à maintenir constante l'attention du chaland, allant même jusqu'à nous pousser à y revenir aussitôt l'ultime mesure de l'opus envolée.

Cela étant, de par son caractère fugace et son manque d'audace, et au regard d'exercices de style stéréotypés, cette œuvre pourtant fortement chargée en émotion pourrait cependant engendrer un même sentiment de frustration qu'autrefois chez l'aficionado du genre. Il leur faudra donc rendre leur message musical moins prévisible, le varier davantage sur les plans atmosphérique et vocal, pour voir nos acolytes se muer un jour en valeurs confirmées de ce registre metal. Affichant un réel potentiel technique et esthétique doublés d'une féconde inspiration compositionnelle, sans pour autant revêtir l'aspect d'un épouvantail, nos compères auraient néanmoins de quoi tenir en respect la concurrence de leurs homologues. Dans l'attente à peine voilée du troisième épisode...