Il est des projets artistiques loin de s'assimiler à un long fleuve tranquille, dont celui de ce groupe étasunien originaire de Pelham, dans le New Hampshire. Ainsi, après «
Holding Cell », son troisième et audacieux album full length, le voici prestement mais plus modestement revenu dans la course. Aussi, cinq mois à peine sépareront cet opus de son successeur, «
Sign of Life », un laconique EP où trois titres à peine se dispatchent sur une bande auditive de 13 minutes tout au plus. Etat de fait qui a de quoi interpeller pour une formation déjà aguerrie, pressentie comme une valeur confirmée du heavy mélodique moderne à chant féminin.
Bien plus que de n'être qu'une simple parenthèse ou une respiration nécessaire dans le processus créatif de ce groupe né il y a 12 ans déjà, ce nouvel élan serait à appréhender tel un trait d'union entre deux réalisations, histoire de nous faire patienter jusqu'au prochain méfait.
Plus encore, de l'aveu même du collectif nord-américain – toujours emmené par la parolière et chanteuse aux claires et puissantes inflexions, Jessica Jackson (dite ''Jessica
Mercy'') –, ces trois morceaux devaient figurer dans un album de longue durée avant que ne soit collégialement décidée une orientation musicale alternative. Aussi humble soit-il, ce troisième EP aurait donc toute sa raison d'être !
Dans la lignée de son prédécesseur, cet opus nous plonge au sein d'un espace rock'n'metal heavy mélodique moderne, un tantinet moins ''symphonisant'' qu'autrefois. Aussi effeuille-t-on une œuvre à la fois rayonnante, enjouée, romantique, et aux mélodies enivrantes, à nouveau dans le sillage de
Lacuna Coil,
Evanescence, Volturian et
Rage Of Light. Produit et enregistré par Sergio Salvucci, l'un des deux guitaristes du groupe, ce set de compositions n'accuse pas l'once d'une sonorité résiduelle tout en octroyant, à son tour, une saisissante profondeur de champ acoustique. Mais entrons sans plus attendre dans la danse de ce mouvement dont la thématique est entièrement axée sur l'espace, au sens large...
Quand elle nous projette sur une terre de lave en fusion, la troupe parvient à nous happer sans avoir à forcer le trait. Ce qu'atteste «
Worlds Apart », up tempo aux riffs acérés à la croisée des chemins entre
Lacuna Coil et Volturian. Relatant une relation toxique entretenue avec un humanoïde extra-terrestre dont il convient de s'affranchir, ce pulsionnel effort s'écoule sur l'une des sentes mélodiques les plus enveloppantes sur laquelle se calent les toniques impulsions de la sirène. Bien cadencée et bénéficiant d'enchaînements intra piste ultra sécurisés, la sanguine offrande poussera assurément à un headbang bien senti et quasi ininterrompu.
Le combo ne nous aspirera guère moins dans la tourmente à la lumière de ses passages un tantinet moins pulsionnels. Ainsi, tant au regard de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre qu'en ce qui a trait à la qualité de ses arrangements instrumentaux, le ''lacunacoilesque mid tempo «
Extinction » ne saurait être éludé. Et ce ne sont ni les frissonnantes modulations de la déesse, ni le fringant solo de guitare à mi-morceau décoché, encore moins la charge émotionnelle générée par l'angoissant message contenu dans les paroles – relatant l'imminence du destin tragique de la Terre autant que l'urgence pour l'homme d'agir en conséquence – qui nous débouteront davantage de cet émouvant propos, loin s'en faut.
Et lorsqu'ils nous mènent en des espaces plus tamisés, nos compères se muent alors en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre « Terra », ballade romantique jusqu'au bout des ongles que n'auraient sans doute reniée ni
Evanescence ni
Rage Of Light. Evoquant la perte de connexion avec la Terre et l'amour, la tendre aubade se fait aussi mélancolique que troublante. Mis en habits de soie par les poignantes oscillations de la maîtresse de cérémonie, couplets finement ciselés et fondants refrains glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis. Aux airs d'un slow qui emballe, l'instant privilégié comblera à n'en pas douter les attentes de l'aficionado de moments intimistes.
Au final, la troupe nord-américaine nous livre un propos, certes, dans un mouchoir de poche, mais des plus immersifs et reposant sur une ingénierie du son coulée dans le bronze. Dans la lignée stylistique de son devancier, «
Holding Cell », cet essai nous immerge au cœur d'un heavy mélodique moderne aussi enjoué que troublant. Varié sur le plan rythmique, le méfait jouit parallèlement d'une technicité instrumentale et vocale parfaitement huilée, et de lignes mélodiques finement esquissée et un poil plus invitantes que celles de son prédécesseur. A ce tableau déjà ragoûtant se superposent des paroles dont le message a de quoi interpeller le chaland. Bref, un grisant trait d'union entre passé et présent, comme pour mieux préparer l'avenir...
Note : 14,5/20
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