Il existe des albums, qui sortent comme ça, qui ne paraissent pas à première vue attirants (surtout à la vue de la pochette), si ce n’est intrigant. Et pourtant après l’objet monstrueusement jouissif qu’est «
Cold Dark Matter »,
Red Harvest revient à la charge avec cette pièce malsaine et des plus hybrides.
Hybride, c’est bien à ce terme que l’on pense à l’écoute de n’importe quel disque de
Red Harvest. Car si le groupe joue un métal d’une grande crudité, il sait aussi insuffler une essence des plus étranges dans chacun de ses morceaux. Une essence transposée par cet apport à l’indus des plus tordu et synthétique. Mais cet album pousse certaines bases à leurs paroxysmes.
Tout d’abord, attendez vous à une libération de violence plus crue, plus intense et surtout à un déploiement de rage impressionnant prenant aux tripes. Les instruments hachurent littéralement la structure des morceaux telles des machines meurtrières avec une froideur tétanisant. Tout simplement, à l’inverse des groupes qui produisent une musique plus calme au fil des albums,
Red Harvest devient, quand à lui, de plus en plus violent.
On pense immédiatement à
Thorns si ce n’est que le magma sonore déployé par
Red Harvest est d’avantage chargé en férocité ainsi qu’en une cruauté artificielle. En cela la voix se fait puissante, rauque et d’une certaine manière beaucoup plus inquiétante. Cela paraît étrange, mais cette voix possède une capacité à inoculer une colère vindicative mais aussi d’un parfait synthétisme. Par moments monolithique, la voix de Ofu Khan déclame sans l’ombre d’un sentiment (pourquoi faire ?) ses pulsions dévastatrices que ce soit chuchoté, hurlé, torturé, saturé ou transformé, on a plus l’impression d’écouter une sorte prophète mécanique.
Là ou le groupe a réussi, c’est en sachant alterner et fusionner les sensations les plus barbares avec les atmosphères les plus froides où respire l’inhumanité (très glauques à certains moments). Le rôle du claviériste LRZ y est pour beaucoup. Les beats technos (non, ce n’est pas une blague) renforcent, remplacent voir même transcendent l’impact musical de l’album (Le titre « AEP » en est la parfaite représentation. Une bombe !!!). Sagement mélangé l’indus partage une atmosphère unique, matériellement différente entre chaque titre (beat, grésillement, stridence, surcharge ou claviers atmosphériques) néanmoins donnant une certaine unité liant les morceaux entre eux. D’ailleurs chaque titre s’enchaîne parfaitement sans temps mort.
Pas de coupure mais une rigidité imperturbable, jamais le métal indus n’a été aussi extrême. Toute l’amertume, la crainte et l’angoisse d’un monde sur industrialisé caricatural se trouvent transposées sur ce disque apocalyptique et d’une intensité terrifiante. Cet album est un danger fascinant car on est accroché à cette rondelle tant que son empreinte musicale est des plus marquante.
Un album fabuleux et un véritable choc sur la scène montrant que le métal extrême est en train de passer à un nouveau statut. Un choc musical. (en attendant le prochain).
J’ADORE le métal indus !!!! Voilà, c’est dit !
À noter que l’édition américaine contient deux bonus track. Le premier titre a pour invité
Maniac alors que le second est un remix techno de « Re-
Hammer-Fix » remixé par
OCD du groupe
Void.
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