Liste des groupes Metal Industriel Red Harvest Internal Punishment Programs

Le nouvel album de Red Harvest (sortant finalement sur Nocturnal Art) suit de deux ans son illustre prédécesseur « Sick Transit Gloria Mundi » soit l’une des pièces maîtresses du métal-indus extrême. On pouvait se demander comment le groupe norvégien mené par Ofu Khan et LRZ pouvait se dégager de son expérience sonore pour le moins traumatisante.

Et là encore, Red Harvest vise juste. Si l’aspect jaunâtre-industriello-atomique de « Sick Transit Gloria Mundi » laissait percevoir un univers ingurgité par une gangrène synthétique refoulant nos âmes, ce nouvel album donne la couleur dés sa pochette : le rouge, le sang, la violence (regardez « C’est arrivé près de chez vous », il y a une très zolie définition). L’aspect est d’avantage physique et cela se ressent fortement lors de l’écoute de « Internal Punishment Programs ». le processus n’est plus en marche, il est accompli, c’est vous dire l’optimisme de cet album. Telle la pochette, le monde n’est qu’une décharge, les dernières réserves sont sur le point d’être épuisé et la musique de Red Harvest en est le dernier soubresaut musculaire et mental de cette dégénérescence.

Pour cela, le groupe ne lésine sur aucun moyen. Le son est extrêmement puissant et d’une clarté exceptionnelle. Que se soient les guitares, la batterie, la voix, tout est d’une intensité suffocante doublée d’une lourdeur apocalyptique. Car oui, cet album est bien plus pesant que son prédécesseur, point ici de blasts, le rythme est en grande majorité basée sur le mid-tempo très hardcore (le chœur rageur de « Wormz »), syncope à l’appui à l’efficacité redoutable et peut-être par la même, plus humain. Ce qui donne une rage d’une acrimonie sensitive des plus crue. Je dirai même que l’aspect général est plus rêche et rude que « Sick Transit Gloria Mundi », plus bestial. Hobbes disait : « L’homme est un loup pour l’homme », et Red Harvest en est la réponse sonore, voilà ce que je retire à l’écoute de cette bombe qui est plus aboutie que le précédent album.

Mais que l’on se rassure, le groupe sait toujours insuffler ces parties indus au sein de titres vindicatifs. S’ouvrant sur le magnifique « Anatomy Of Unknow » (après une courte intro de vingt secondes) qui mérite à lui seul l’achat du disque, cet album est le parfait reflet de notre monde. Il est peu probable de redonner dans le futur cette même intensité malsaine qui se dégage en l’espace de moins de quatre minutes sur ce titre. Jamais le métal n’aura été aussi bien soudé avec l’indus. Mélange de froid synthétique et neutre au moyen de titres évocateurs, «Mekanizm », « Synthesize My DNA » ou l’instrumental ambiant « 4.4.1.8 » et d’une chaleur bien mastoc ou le sentiment du ressentiment se déchaîne sur des brûlots tel « Symbol Of Decay », « Wormz » ou encore le superbe et néanmoins pessimiste « Teknocrate » d’une lenteur glaciale et mécanique.

Red Harvest n’oublie pas d’omettre une part d’ambiance sombre et d’un malsain que l’on pourrait croire inutile sur ce type de musique nageant dans cette charge hachurée et d’une syncope instrumentale simple et béton. Ce qui fait que cet album est l’un des meilleurs disques de cette décennie (s’il était sorti plus tôt, je l’aurai proposé comme meilleur album de septembre) qui mine de rien dépasse légèrement « Sick Transit Gloria Mundi » peut-être plus linéaire qu’il n’y parait.

« Internal Punishment Programs » est une pièce indestructible que même le plomb fondu ne peut égratigner. Un album révélant la rage qui sommeille en nous en nous plongeant dans une atmosphère des plus sourdes et pessimistes.
« Nothing is real. Everything’s a lie. Everyone’s infected »
Choisis ton camp…