Liste des groupes Fusion Rise Of The Northstar Showdown

L’histoire de Rise Of The Northstar semble venue tout droit d’un shônen : alors que le groupe encore tout jeune est sorti de nulle part il y a de cela quinze ans maintenant, le voilà désormais à la tête d’une scène française qui ne demande qu’à se populariser. Il faut dire que la formation est une curiosité locale avec un nom inspiré d’un des mangas les plus cultes de sa génération, Hokuto No Ken (ou Ken Le Survivant pour les français), d’une fusion audacieuse de thrash, de neo metal, d’hardcore ou encore de hip-hop, de textes passionnés directement influencés de la culture nipponne, chantés en anglais et en français. Cette fascination auprès de l’art japonais est retranscrite jusque dans l’imagerie du collectif, principalement sur leur premier opus Welcame où l’esprit anime est parfaitement modélisé.

Mais la percée de notre quintet français n’est pas forcément perçue d’un bon œil, notamment pour les puristes metalleux. Certains gimmicks, pour ne pas dire habitudes du combo, ne plaisent définitivement pas. Dans un premier temps, la voix de Vithia divise énormément avec un chant en anglais souvent accompagné d’un accent frenchie, très exagéré et désagréable pour certains. Il en va de même pour le coffre et la palette vocale du vocaliste qui sont pour d’autres extrêmement limités, une incapacité de proposer un chant hurlé ou rappé digne de ce nom. Si les prestations vocales ne sont pas le cœur du problème, d’autres encore critiquent des compositions élémentaires caractérisées par des riffings enfantins, bruts voire même stupides. Pour répondre à ses détracteurs et aux vives polémiques parfois injustifiées, nos Français reviennent cinq ans après un The Legacy of Shi en demi-teinte, un retour avec un troisième album « Showdown ».

Publié sous la maison de disques Atomic Fire Records et produit par John Meyer pour qui l’on doit notamment les derniers Gojira, le groupe nous offre sur ce nouveau disque un certain compromis entre ses deux premières œuvres. Peu présents sur son prédécesseur, le quintet français nous refamiliarise avec des sections thrash qui ne se feront pas attendre bien longtemps puisque déjà présentes sur les premières notes du morceau d’ouverture et introduction The Anthem. La batterie est hâtive, le rythme est foudroyant avant de basculer sur un tempo plus languissant et lourd. Le riffing est sommaire comme à son accoutumé mais n’en demeure pas moins racoleur et énergique. Le message final de ce morceau « Northstar is fucking back » est on ne peut plus clair : nos musiciens sont là pour tout détruire sur leur passage.

Le titre éponyme enchaîne avec une atmosphère plus inquiétante, assez similaire au neo metal des années 90 et du son des premières œuvres de KoRn. Le riffing d’intro possède d’ailleurs quelques similitudes avec Right Now, ce qui explique cette comparaison avec la formation américaine. La mélodie ne réinvente certes pas la poudre à canon mais n’en reste pas moins percutante et ancrée dans nos têtes. Le pré-chorus est incontestablement le moment fort du morceau avec un riffing plus mélodique, plus optimiste, le tout avec quelques lignes en français qui auront sûrement un impact important lors des concerts. Les refrains sont également dans cette optique d’être simplistes afin de parler au plus grand nombre et d’être un hymne international.

A contrario d’un The Legacy of Shi qui offrait quelques expérimentations, Showdown ne propose pas vraiment de prise de risques et se contente de faire ce que nos Français savent faire de mieux : emporter les foules par des mélodies simples et mémorables. Le quintet le réalise plutôt bien comme sur One Love avec un riffing catchy ainsi qu’une fusion entre neo metal, hardcore et rap plaisante. De plus, les basculements anglais/français ou les interversions metal/rap sont certes moins surprenants que sur le précédent opus mais sont nettement plus cohérents. En ce sens, Clan expose un travail rappé dont la transition avec le refrain et son chant plus hurlé se fait naturellement et proprement. Le titre dévoile également un séduisant solo de guitare au sein d’une mélodie plus aérée et plus émotionnelle.

Rise Of The Northstar affiche sur certains morceaux un regard encore plus bagarreur qui se traduit par des breakdowns incisifs. Le plus marquant est celui de Raijin, de par sa longueur que par sa lourdeur qui résume cette volonté de destruction. Celui de Shogun No Shi quant à lui s’avère bien différent avec un rythme plus rapide et rigoureux. Cependant, un échec récurrent sur chaque galette de nos français fera rapidement surface à savoir le travail lyrique. Même si ce point n’a jamais été le fort de notre quintet, la faiblesse de quelques titres se fait vivement ressentir, plus encore que sur les précédentes compositions. Golden Arrow et One Love sont des exemples typiques avec un refrain qui se résume au titre répété en boucle qui crée indéniablement une sensation de redondance et une impression de bâclé.

Showdown contient à peu près tout ce que l’on attendait de notre groupe français à savoir des titres accrocheurs parfaitement millimétrés, un discours rassembleur, un univers autour de la culture japonaise authentique ainsi qu’une énergie communicative. Rise Of The Northstar a réussi sur ce troisième tableau un bon arrangement entre old-school et modernité, une certaine association de ses deux premiers méfaits. Même si l’on regrettera un manque d’audace de la part du quintet, un lyrisme parfois très pauvre et un vocal encore défaillant par moments, ce troisième opus s’écoutera sans grandes difficultés grâce à des musiques qui vont droit au but et promet des prestations lives remarquables. Accepterez-vous la confrontation ?