Quatre ans plus tôt,
Thousand Swords se concentrait sur le personnage de Sait? Musashib? Benkei qui provoquait en duel tout samouraï qui franchissait son pont, collectionnant ainsi mille épées et ce, jusqu’à son duel final. Un album rempli de finesse et étonnamment mature pour un premier album. Sur
Shogunate Macabre, il n’y a pas de trame fixe, les morceaux naviguent entre thèmes de batailles et contes, toujours aussi envoûtant.
L’album commence avec
Jikininki. Le morceau parfait pour débuter un album! Ça se lance en grande force, un morceau Black symphonique apocalyptique. Les riffs asiatiques sont bien placés et subtils, une structure différente de ce à quoi on s’attend normalement. Au milieu une passe douce qui reviendra nous chercher après plusieurs écoutes. Le morceau illustre à merveille ses paroles. Pour info, le
Jikininki est une sorte de goule qui vient manger l’âme des cadavres lorsque ceux-ci n’ont pas reçu la salvation adéquate pour que l’âme entame son voyage vers l’au-delà. Le vidéoclip sorti en juin 2013 illustrait à merveille cette ambiance avec ses couleurs chaudes, son décor et ses costumes issus du théâtre kabuki. Un des meilleurs titres de l’album!
Les autres morceaux se succèdent bien les uns aux autres. Hold the
Sword fera penser à du
Children of Bodom, mais évidemment en plus mûr et plus beau. Le seul bémol sera One Man's
Burden qui, malgré ses bons éléments, fera de l'ombre à l'album. Les morceaux sont bien construits, tous sur des bases et des structures différentes. Chaque détail est bien pensé pour nous agripper, même si à de nombreux endroits, il faudra apprendre à saisir ce que l’album nous propose pour bien apprécier la finesse et la richesse dissimulée généreusement dans tout l’album. Car
Whispered a une approche bien personnelle. Ce n’est pas le genre de musique que l’on met pour laver le micro-ondes ou pour faire quelque chose d’autre en même temps. C’est une musique dont il faut prendre le temps pour bien goûter toute sa saveur, même si ça doit prendre des semaines ou des mois. Quand vous aurez compris la musique de
Whispered, vous pourrez l’apprécier complètement. Peu de groupes ont ce talent pour créer des œuvres de ce genre, et surtout peu de gens ont la patience d’atteindre ce but quasi spirituel, mais ceux qui réussissent vivent une expérience exquise.
Le livret ainsi que l’artwork est sublime! Les pages richement illustrées agrémentent la lecture des textes. Le groupe a fait appel à ToK, graphiste japonais qui avait également illustré le précédent opus. Les images sont dessinées comme si elles avaient été peintes sur du washi. On ne perd pas son argent tant musicalement que visuellement avec l’achat d’un album pareil!
Un morceau qui attirera notre attention est sans nul doute Kappa. Un Kappa est une créature mythologique qui ressemble à une tortue/crapaud vivant dans les marécages ou rivières. Un diablotin mauvais farceur qui peut se révéler très méchant. Le Kappa de ce morceau fait partie de ceux qui adorent boire le sang des nouveaux nés et violer les jeunes femmes. L’approche musicale de ce morceau fera immédiatement penser à du
Finntroll par son côté sombre et son côté jovial, voire le genre d’ambiance de certains contes pour enfants. Vous accrocherez sur le solo intéressant et surprenant (je n’en dit pas plus), je salue la prise de risque et le fait d’être sorti des sentiers battus, mais peut-être pas assez longtemps.
Une autre pièce fabuleuse est
Lady of the
Wind, ayant pour thème Yuki-Onna, la dame des neiges.
Lady of the wind est à
Shogunate Macabre ce que
Dead Cold Inside est à
Thousand Swords. C’est le morceau prenant de l’album. Ambiance froide et belle, on sent le vent souffler autour de nous, la beauté règne dans ce morceau et celui qui aura compris ce morceau se laissera bercer par son charme et son intensité.
Après suit
Unrestrained, définitivement taillé pour le live avec sa vitesse et ses solos, toujours accompagné de douceur dans le symphonique et les instruments japonais. Il amène bien vers le dernier morceau, Upon my Honor qui est un jumeau de Blade in the Snow; un long morceau qui clôture bien l’album. Bien épique, bien foutu et bien bon.
Ce qu’on retient de cet album est que le groupe continue son avancée musicale. Comme mentionné plus haut, on se forgera une véritable opinion après plusieurs écoutes, le temps de bien comprendre ce que le groupe a voulu nous transmettre à travers leur musique. Notez aussi qu’avec le départ du claviériste, il n’y a pas de solos de claviers, ce qui corrige l’erreur du précédent album qui avait des solos beaucoup trop hétérogènes. Les guitares sont plus en appui, moins d’airs de guitares vont nous rester dans la tête, le groupe préférant construire un ensemble musical plutôt que de s’appuyer sur un ou deux instruments. Les ambiances japonaises sont toujours aussi belles, des mélodies qui nous étaient passées incognito lors de précédentes écoutes referont surface dans notre tête et créeront une réelle dépendance. Un délice! Jonathan Hutchings revient également à la narration et l’ambiance de l’album est comme son artwork; orange et brûlante.
Un groupe qui, j’espère, ne restera pas dans l’ombre trop longtemps. Trop peu de musique de ce calibre nous est proposée et quand elle passe devant nous, il faut la saisir!
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