Liste des groupes Metal Alternatif Acolyte (AUS) Shades of Black

Acolyte est une formation australienne de rock'n'metal mélodico-progressif aux accents hard rock créée en 2013 par Morgan-Leigh Brown (frontwoman au timbre proche de celui d'Annelore Vantomme (Gwyllion)), Piotr Borzęta (guitare), Jason Grondman (basse et choeurs), David Van Pelt (claviers) et Chris Cameron (batterie). Ce jeune quintette à chant féminin originaire de Melbourne, encore peu popularisé à l'échelle internationale, s'est laissé le temps d'un brin de maturité pour accoucher de son premier bébé. En effet, ce n'est qu'en 2016 qu'il réalise son introductif EP de 6 titres, soit aux fins de 3 ans de labeur. Il nous livre alors 33 minutes d'un énergisant et enivrant message musical, techniquement efficient, à la subtile mélodicité, dont la logistique, les enchaînements et les finitions ont été passés au peigne fin.

Si elle s'avère classique dans sa structure, cette menue galette n'en recèle pas moins quelques moments susceptibles de retenir le chaland plus que de raison. Et ce, à l'instar de l'outro de l'opus comme chef de file. Ainsi, de touchants arpèges à la guitare acoustique entament le sculptural instant mélodico-prog « Space and Time » qui, au long de ses 8 minutes d'un voyage introspectif, ira nous chercher au plus profond de nous-mêmes. Graduellement infiltré par la féline empreinte oratoire de la belle, un fin legato à la lead guitare et de délicates gammes au piano, le maître instrument à touches refermant élégamment la marche, cet acte impactera sans mal l'aficionado de Lacuna Coil et consorts. Bref, un envoûtant méfait qui semble avoir trouvé la formule magique pour laisser transpirer une émotion.

Lorsqu'ils se tournent vers le hard rock, sans pour autant s'affranchir d'une toile de fond metal mélodique, nos compères libèrent une énergie communicative que d'aucuns pourraient bien leur envier. Dans cette mouvance, l'up tempo sanglant, aux riffs épais et à la basse vrombissante, dans la lignée d'Ela, « Perceptions » libère de vibrantes et profondes attaques en voix de poitrine de la sirène. Doté d'un refrain catchy dans la veine d'un Lacuna Coil des premiers émois, mis en exergue par de puissants et intarissables coups de boutoir, cet offensif et orientalisant effort s'avère propice au headbanging.

Jouant également sur les nuances atmosphériques et quelques effets de surprise, le collectif australien parvient, d'une autre manière, à aspirer le pavillon. Evoluant sur une rythmique syncopée et un riffing martelant, tournoyant et d'une régularité métronomique, les mélodico-progressifs « The Message » et « Chakra », par ses effets de contraste pour l'un et eu égard à ses ondulants gimmicks à la basse pour l'autre, nous interpellent autant qu'ils nous intriguent. A mi-chemin entre l'atmosphère suffocante de Gwyllion, à l'image de « The Edge of All I Know », et les captatrices harmoniques de Lacuna Coil, à l'aune de « Dark Adrenaline », aux fins de plusieurs passages, le premier morceau emportera plus aisément l'adhésion que le second, en proie à de répétitives et sclérosantes harmoniques en fin de parcours.

Ralentissant rarement la cadence, le groupe n'a pas pour autant omis de nous offrir un moment certes fringant mais plus soft. Ainsi, dans le sillage atmosphérique de Gwyllion, doublé d'une touche de Asylum Pyre à l'époque de « Fifty Years Later », le mid tempo prog aux effluves hard rock « In This Life », à la fois suave et empli de mystères, délivre un répétitif mais séduisant picking à la lead guitare. En outre, on appréciera tant la puissance que la volupté des chatoyantes impulsions de la maîtresse de cérémonie, contribuant à magnétiser le tympan sur un entêtant refrain.

Est-ce à dire qu'il n'y aurait aucune ombre au tableau ? Pas tout à fait. Ainsi, d'énigmatiques incantations féminines semblant gicler du fond des âges infiltrent le bref, progressif et glaçant « Monolith », desservi par la platitude de sa ligne mélodique. Aussi, malgré des arrangements de bonne facture, l'introductif effort aura peu de chances de retenir le pavillon du chaland. Mais l'exception ne confirme pas la règle. Passée cette dispensable entame, et en dépit d'une diversité atmosphérique et vocale semblant lui faire défaut, on suit sans encombres, et jusqu'à la note ultime, le fil de l'inspiré propos. Parfois, une pointe d'émotion ne pourra que difficilement être esquivée, preuve d'un supplément d'âme dont se pare cette œuvre. Toutefois, il lui faudra encore s'affranchir plus largement de ses sources d'influence pour voir la jeune troupe exister par elle-même. On attend dès lors qu'un album full length sorte de leur chapeau magique...