La scène locale est indéniablement intéressante à écouter. C’est là que commencent tous les groupes avant de gravir les échelons qui leur permettront de se faire connaître du grand public. Rallier à sa cause un groupe de personnes appréciant leur travail, prêt à les soutenir, avant de se lancer dans la masse d’auditeurs, impartiale et critique. Il est toujours intéressant d’écouter les premiers albums, les premiers EP d’un groupe pour se faire une idée du chemin parcouru, des décisions prises qui ont eues un impact sur leur son. Le premier trait, l’esquisse avant d’arriver au dessin final. Parfois hésitant, il peut à l’inverse se montrer étonnamment assuré, et surprendre de par son aisance à faire une musique qui parvienne à retranscrire le message que le groupe a voulu faire passer.
Il est encore plus intéressant de tomber sur un groupe relativement jeune, et de suivre leur chemin en même temps qu’eux, de partager leurs premières expériences de la scène, du métier de musicien, et de voir ces premières idées perdurer, pour enfin comparer leur travail initial avec celui qui est fourni quelques années plus tard.
Avec la révolution Internet, il est même possible de suivre la scène d’un pays qui n’est pas le nôtre, de trouver les pépites qui font bouger une ville, une région et qui vivent pour leur passion.
A
Wake in
Providence est un groupe venant de Staten
Island. Fondé en 2010, leur premier EP -intitulé
Serpents- est sorti courant
2012. Le groupe ne cherche pas à révolutionner le genre, mais plutôt en exploiter tous les aspects.
Blast beats, breakdowns et tout le barda habituel seront donc présents sur les 6 morceaux que comporte cet EP. AWIP a pondu un EP très bon, appuyé par une autoproduction excellente, où aucun instrument n’est noyé dans le produit collectif, le chant n’est ni trop en arrière ni trop présent. Le résultat est très agréable à écouter. En mêlant les influences hardcore et two step à un deathcore cru, AWIP a trouvé la voie à suivre.
Les trois guitares apportent aux breakdowns une autre intensité, soutenue par un batterie simple mais diablement efficace, pouvant passer d’un rythme rapide, soutenu, à un rythme lent et oppressant (
Forsaken). A
Wake in
Providence ne cherche pas à trouver le nouveau riff qui tue, juste reprendre les classiques et incorporer leur touche personnelle. On passe ainsi de passages dévastateurs, où le groupe décharge toute sa haine et déploie toute son énergie aux breakdowns sortis des enfers, qui font trembler les murs, pour finir sur des passages plus calmes et mélancoliques.
Côté chant, rien de bien nouveau non plus, les paroles prédisent la fin d’une ère, la haine pour une personne dont les mensonges ont duré trop longtemps. Sans chercher à se démarquer, le chant de Chris s’accorde à merveille avec la musique, passant du growl profond aux highs exhalés. Petite mention pour le growl surhumain figurant dans la chanson
Through the Eyes of a Traitor.
Dans l’ensemble cet album est très bon, le seul reproche possible que l’on puisse formuler est de ne pas se démarquer suffisamment de la masse de groupes faisant du deathcore. Même si la formation new-yorkaise est encore jeune, elle peut prétendre avoir trouvé un son qui lui est déjà propre, qui va droit au but. Livrant un deathcore à la fois classique et original, c’est un groupe qui a le potentiel pour aller loin.
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