Liste des groupes Thrash Metal Ripper (CHL) Sensory Stagnation

C'est vraiment depuis 2016 et le sensationnel Experiment of Existence qui flirte avec la qualité propre à la légende du Schizophrenia de Sepultura, qu'on entend vraiment parler des Chiliens de Ripper. La formation de Patricio Spalinger (également leader de Venus Torment - hautement recommandable dans un registre plus sombre) enfonce ici soigneusement le clou avec un EP paru cet automne chez Unspeakable Axe Records/Dark Descent, les labels ayant cru dans le groupe. Pochette plutôt épurée à mille lieues de celles dessinées par Girardi, et 4 titres plus une introduction instrumentale progressive et massive à la fois composent cette nouvelle sortie, attendue par les heureux fans issus des scènes thrash ou deathmetal ayant découvert Ripper en 2016 ou avant.

Ripper capitalise ainsi sur les boucles, plans et schémas qui firent le succès de son précédent album, tout en innovant avec parcimonie. Ainsi on retrouvera le riffing gras et massif du quatuor, surplombé par une basse fretless agile de Pablo Cortes qui contrebalance le death/thrash incisif de Sensory Stagnation. On sourira aussi en redécouvrant les gimmicks vocaux propres à Spalinger, pas éloigné de ce que faisait le jeune Cavalera (celui de 1987, pas le personnage bouffi actuel). Les compositions paraissent moins frontales, plus subtiles, plus insidieuses, tout en conservant - rassurez-vous - les passages brutaux propres à la formation. Musicalement, Ripper conserve l'agression ("Sensory Stagnation", dès son départ, crucifie les 3/4 des sorties dans le genre) et le phrasé rapide de ses couplets, enchaînés avec les soli de la paire Poblete/Spalinger, délicieusement amenés et ô combien fluides. L'innovation, si on peut dire, se situe au niveau de la basse, qui ressort très bien dans le mixage et amène agilité au propos général.

Ainsi, Ripper assène 5 nouvelles compositions de haut niveau, en moins de 20 minutes qui passent diablement vite tant la richesse instrumentale de cette sortie est idéalement mise en valeur. Quelques grands moments (le riff atomique à 1'25" de "Like A Sacrilege" et ses deux soli qui suivent, subtil mélange d'incision et de clarté qui illuminent un titre plutôt rugueux, ou celui, foudroyant, à 0'22" de "Sensory Stagnation") parsèment des morceaux qui montrent que le groupe en a sous la pédale, et surtout sait se renouveler sans perdre au change ni renier quoi que ce soit. Témoin le final "Terror Streets", déchaîné et vindicatif dès son début, qui n'aurait pas fait tâche sur Experiment of Existence, tant sa parie instrumentale donne envie de lâcher les chiens.

Un grand EP - comparable en qualité à Experiment - composé uniquement de matériel inédit (pas de reprise, de live ou de titre démo réenregistré comme c'est trop souvent le cas depuis quelques années). Voilà une sortie qui poursuit admirablement la progression et la qualité déjà constatée sur l'album précédent de l'un des meilleurs (le meilleur ?) représentant du death/thrash Sud-Américain du moment duquel il serait dommage de s'échapper.