Seepia

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15/20
Nom du groupe Portal (AUS)
Nom de l'album Seepia
Type Album
Date de parution 12 Novembre 2003
Style MusicalDeath Atmosphérique
Membres possèdant cet album49

Tracklist

1. Glumurphonel 05:08
2. Vessel of Balon 02:41
3. Tempus Fugit 04:20
4. Sunken 03:08
5. Atmosblisters 04:09
6. Transcending a Mere Multiverse 03:02
7. Antiquate 02:38
8. The Endmills 06:39
Total playing time 31:45

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Portal (AUS)


Chronique @ ArchEvil

27 Décembre 2010

Seepia est ue sorte de vortex vers une autre dimension. Celle de vos cauchemars.

Vous même, déjà fervent chevalier de ces terres inhospitalières du Death Metal qui avez savouré et défié avec honneur une pléthores d'artistes, vous qui semblez armé contre toute sortes de créatures, il en est une qui vous dépossédera certainement de vos atouts, qui percera votre bouclier et s'insinuera dans votre esprit pour vous terroriser à n'en plus finir.
Portal est l' un des phénomènes les plus terrifiante apparues sur ces terres et ce pour une seule raison : Il n'a pas d'équivalent dans sa manière de rendre l'horreur si réelle.

Seepia, premier full lenght des sorciers australiens est notamment un réenregistrement des titres de leurs précédentes démo ( Portal et The Endmills ), que le groupe a réorganisé et auxquels a ajouté la compagnie de deux nouveaux morceaux. Production de l'alliance Decius et Blacktalon, deux labels plutôt obscurs, il est le témoignage des débuts de cet ovni australien. Sa signification? Sépia. L'encre sécrété par une seiche donnant une couleur brune claire et mate, à l'image de cette pochette.
Mais ce que l'on retiendra d'elle, ce sera surtout ce tourne disque antique et rouillé qui semble être le maître de cérémonie. On vous a longtemps parlé des phonographes hantés? Vous y êtes désormais confronté.

Ayant commencé par Outre', son successeur, la comparaison avec le futur du groupe m'est inévitable. Seepia est constitué de long en large d'une brutalité sans concession et d'une mise en son épurée, honneur absolu à la pureté du death metal originel. Pourtant, le groupe se sépare volontairement de la plupart des carcans récurrents à la scène.
Et si ça se remarque d'un point de vue visuel, c'est du côté musical que la césure prend toute son ampleur. Pourtant Portal n'introduit jamais d'artifice dans sa musique, restant sur la traditionnelle mais valeur sûre guitares-basse-batterie, ce sera au niveau de l'exécution qu'il faudra se pencher pour trouver la force du groupe.
La musique de Portal n'est pas comme les autres, le groupe propose un death metal horrifique parfois proche de Incantation ou du premier Morbid Angel, mais en y insufflant un sens de la composition que l'on pourrait qualifier d'impressionniste.
Imaginez un seul instant utiliser ce terme dans son sens propre : Une musique conçue de manière à immerger l'auditeur dans un climat parallèle tout en y construisant un relief très marqué insistant sur les variations ( le contraire de la musique d'ambiance ). Voici en résumé l'une des facettes de la musique de Portal. Et en tenant compte du talent et du travail nécessaire à cet objectif, je ne peux que m'incliner bien bas en face de ces poètes de la terreur.

Utilisant sans retenue la lourdeur et la puissance du death metal, la crasse et l'occultisme du black metal et usant abondamment de schémas bruitistes, Seepia est un condensé de tout ce qui se fait de plus dérangeant en la matière . Un album allant au delà d'un exutoire simplement violent, transformant le support d'écoute en une machine infernale et dès Glumurphonel, le groupe pousse le bouchon tellement loin qu'une descente de toms et cymbales épaulant un riff dissonnant offrent un souffle à leur musique. Un souffle glacial, horriblement menaçant et par dessus tout : anormal. Croyez-moi, le pouvoir de ce mot semble parfois bien anodin en comparaison à celui de sa réalité...

Par comparaison avec son futur, Seepia se veut beaucoup moins axés sur la lourdeur, il est brutal, extrêmement brutal, pas dans le sens de la vitesse d'exécution mais dans ce chaos hermétique et repoussant qu'il instaure. Il n'essaie pas d'être puissant et musclé, il veut juste vous emmener dans son antre sinistre et vous maudire pour l'éternité.
Ces guitares folles furieuses au grain épouvantablement raw préconisent sans arrêt une dissonance atroce, les coups de trémolos sont vomis à vos oreilles, les murs sont tapissés d'harmoniques sanglantes comme irréelles, traduisant une certaine complexité loin d'être évidente. Epaulés par cette batterie endiablée au roulements de toms mémorables, Seepia brosse sur toile une apocalypse difforme et biscornue, et donc déroutante.
Pas un décor de destruction et de mort que l'on regarde bien au chaud par sa fenêtre, non. Vous êtes au milieu de ce spectacle luciférien, au milieu de la folie destructrice et paranormale des artistes et c'est sur vous que cette malédiction retombe.

Et lorsque Seepia ralenti la cadence, c'est pour nous persécuter avec un riffing odieux et fantomatique que le final démoniaque de Tempus Fugit ou encore l'horrible et langoureux Atmosblisters retranscrivent à merveille, pour écraser nos cellules grises tels ces enchevêtrements totalement décalés sur Transcending a Mere Multiverse ou encore pour conclure sur l'animation malsaine du phonographe possédé sur The Endmills. Cette dernière est un assemblage de sonorités terriblement angoissantes, tel un discours de damné passés au travers d'un vieux 33 tours ( c'est là que l'on regretterai presque d'en avoir la version CD ).

Seepia est une anomalie. Parfois indéfinissable, pour certains frisant l'inaudible, son hermétisme réclame certains efforts pour en percer la carapace. Et certains mélomanes acharnés, même après avoir passé cette première étape, y trouveront un trésor tout sauf rassurant, une aura opaque et viciée qui pourrait même les faire fuir. Mais là où ces premiers passeront leur chemin, d'autres y trouveront une bête fascinante, étonnamment riche et capable de transcender le style d'une manière irrévérencieuse.

Et pour ceux qui maintiendraient que le Death n'est pas ou peu capable de délivrer des émotions, je leur conseille un régime à base d'un seul ingrédient : Ce disque. Pas dit qu'ils en ressortent indemnes. Nous leur souhaitons bon voyage au fin fond des limbes du metal extrême.

3 Commentaires

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domkirke - 27 Décembre 2010: Excellente chronique pour un groupe excellent. Portal fait partie de l'avenir du death pour moi, aux côtés de Gorguts et autres bizarreries.
Krokodebil - 28 Décembre 2010: J'ai juste écouté Outre de Portal, c'est délicieusement malsain.
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