Il aura fallu patienter cinq longues années avant que les transalpins de
Shadows of Steel ne daignent, enfin, donner un successeur à leur première œuvre éponyme. Une longue attente dont l’explication se trouve, peut-être, dans la spécificité d’un line-up constituant davantage en une accumulation de musiciens talentueux occupés dans divers autres projets hautement plus importants (
Labyrinth,
Vision Divine…) que réellement dans un ensemble homogène et concerné. Quoi qu’il en soit si le groupe pouvait, lors de ses premiers balbutiements, apparaitre comme l’une des alternatives, les plus talentueuses, d’un
Rhapsody, ou, dans une moindre mesure, d’un
Labyrinth; nul doute que cet atermoiement aura eu des conséquences pas nécessairement bénéfiques dans un paysage aussi changeant que celui de la scène Speed/
Power Metal de la fin des années 90 et du début des années 2000. Et ce d’autant plus que
Wild Steel et les siens auront décidés, avec ce
Second Floor, de perpétuer leurs desseins dans la voie d’un conformisme à l’italienne, certes simplifié, mais sans grand bouleversement. Cette attitude, quelques peu désuètes en 2002, apparait d’emblée comme regrettable, d’autant plus, fâcheuse complication supplémentaire, que
Rhapsody continue de proposer des œuvres, jusqu’alors, peut-être pas toujours essentielles et inoubliables, mais inlassablement exemplaires et représentatives.
Et dès l’entame, si les morceaux de ce
Second Floor demeurent relativement bons, ils semblent désormais moins prenants et moins emblématiques qu’autrefois. Le temps écoulés entre la naissance de ce second véritable volet et son prédécesseur aura, assurément, fait son œuvre. Recouvrant d’un voile d’oubli, un
Shadows of Steel déjà bien emprisonné dans les dédales d’un underground transalpin pourtant très actif, ces années perdues enchainent indéniablement le groupe aux murs humides croupies d’une cellule antique dans laquelle
Wild Steel et les siens semblent complaisamment se complaire. En effet dans les méandres d’un Speed/
Power Metal italien traditionnel qui, en apparence, n’a guère évolué, le groupe nous propose 11 morceaux d’un conformisme presque achevé. Pourtant les apparences sont parfois trompeuses. Si le propos n’a effectivement pas fondamentalement changés, certains éléments intriguant, inaccoutumés pour ce groupe, viennent, tout de même, égayés un tableau certes beau, mais pas véritablement sublime. Notons ainsi l’apparition et l’utilisation parcimonieuse de certaines voix féminines tels que sur les moins véloces qu’à l’habitude, et moins charismatique aussi, Dame and
Lord et
December.
Ces changements succincts s’expriment aussi par le déploiement mesuré de certains titres moins prestes, tels que sur
Distant Voices et The Playing Room V.
Au-delà de ces "évolutions" légères et insignifiantes, le visage de
Shadows of Steel demeure très caractéristique. A peine vieillis, ce faciès
Second Floor apparait, en effet, comme un rictus relativement semblable à celui proposé autrefois. Cependant les titres de cette nouvelle face semblent moins captivants et disons le encore, terriblement désuet eu égard aux améliorations et aux directions que d'autres ont donnés au genre. Désormais le Speed/
Power Metal italien est, en effet, un genre établis ayant acquis ses lettres de noblesse pendant le sommeil bien trop long de
Shadows of Steel. Et ainsi des morceaux, essentiellement rapides, à la partition de batterie distinctif, aux chants typiquement ultramontains tels que
Second Floor, Somewhere High Above,
King of the
Island ou encore Crying n’ont plus la dimension "nouvelle" suffisante pour n’être autre chose que des morceaux supplémentaires dans un genre qui en comptent, déjà, de nombreux.
Seul un
Heroes, composé deux ans plus tôt et sortis à l'époque sur un single, possède les qualités nécessaires pour se hisser vers des sommets plus appréciables.
Indéniablement
Second Floor est une œuvre sortie trop tardivement. Proposant une musique devenue surannée dans une scène aux poncifs déjà codifiés, cet album, pourtant pas mauvais, n’aura que le retentissement mérité d’une indifférence presque totale. Face à l’excellence exigée, et proposée, par certains illustres acteurs du Speed/
Power Metal italien,
Shadows of Steel et ses vertus, désormais, simplement plaisantes, sera condamné, malheureusement à un inéluctable oubli.
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