Inspiré par les gammes avenantes de
Within Temptation,
Delain,
Ancient Bards et
Evanescence, et avec un brin de maturité supplémentaire, le groupe de power symphonique progressif américain s'installe peu à peu sur une scène metal à chant féminin déjà fort fréquentée par ses homologues stylistiques. Le combo a comme particularité de sortir avec régularité des productions modestes en durée, et ce, depuis ses débuts en
2012. Tout d'abord, «
Anaria », discrète démo réalisée en
2012, puis «
Ancestors », premier EP distribué deux ans plus tard et rapidement succédé par une fluette mais fringante compilation de huit titres, à l'instar de « The Collection 2009-2014 », et maintenant « Seasons of the Mind Volume 1 :
Inception », nouvel EP de sept morceaux tout au plus. Dès lors, sur une bande auditive de près de vingt-sept minutes, le dynamique collectif issu de Manchester (New Hampshire) a relevé le défi de résister à la concurrence à l'instar d'un message musical à haut débit rythmique sans y perdre une once de mélodicité, que n'auraient pas sacrifiée nos jeunes acolytes. C'est une production soignée, à la lumière de sa qualité d'enregistrement et de son mixage équilibrant, en les linéarisant, les parties, qui attend l'auditeur.
On appréciera notamment les passages power symphoniques progressifs qui sont la marque de fabrique du quintet. On n'aura pas à attendre longtemps pour les ouïr. Et ce, dès le début des hostilités. Précisons que l'entame de l'opus est à considérer dans un ensemble parfaitement coordonné de deux plages successives. Ainsi, des nappes synthétiques soyeuses nous introduisent sur «
Inception », progressive et mélodieuse pièce instrumentale. Une lead guitare au toucher réjouissant nous installe à bord d'un vaisseau orchestral luminescent, pourvu d'une orgasmique puissance percussive. Cette laconique mais ragoûtante mise en bouche enchaîne sereinement sur « Ignition », flamboyante piste power où la mezzo-soprano Jessica
Mercy y inscrit ses impulsions finement modulées et dotées d'une puissance encore insoupçonnée. Agressif dans son riffing, dans la lignée d'
Ancient Bards, ce cinglant instant délivre de furieux couplets et des refrains qu'on entonnerait à tue-tête.
Plus saignante qu'à l'accoutumée, la rythmique nous immerge dans un bain bouillonnant incitatif au headbang subreptice. La cavalerie s'enhardit soudain pour gagner en intensité et en fréquence de frappe pour finir crescendo.
D'autres moments nous installent au son d'un power symphonique pur du plus bel effet. Ainsi, de fines arabesques se dessinent grâce à des arrangements de bonne facture sur «
Aurora », piste typiquement power symphonique, avec ses riffs acérés et sa section rythmique fougueuse.
Puissance de la double caisse et âpreté de la frappe sur les fûts et cymbales, octroyées par Zac Paquette, sont au programme ainsi qu'un beau solo de guitare lors d'un pont technique bien organisé, surmonté d'une reprise des plus énergiques et inspirées, à la façon de
Delain. Là non plus, on ne passera pas outre les refrains hypnotiques qu'enjolive en les densifiant la maîtresse de cérémonie. C'est sur des charbons ardents que l'on quitte cette terre de feu peinant à se tempérer. Que dire de son voisin de piste ? Tonitruant moment power que «
Covet », usant d'une section rythmique impactante, doté d'une basse vrombissante, signée Kevin H. Brady (ex-Evince
Ethos, ex-Descendants Of
Lilith), et de riffs corrosifs, accolés à une lead guitare au délié alerte. La déesse nous attire au sein de refrains catchy sur une bombe de saveurs mélodiques délivrant une énergie communicative, non sans esquisser quelques variations de tonalités. Un break opportun permet de laisser la déferlante reprise sur le refrain nous submerger, pour notre plus grand plaisir. Difficile alors de tourner le dos à cette magnétique piste. Ainsi, dans l'esprit d'
Ela, avec une pointe d'
Ancient Bards, ce titre, à l'allure d'un hit, ne ratera pas sa cible.
Par ailleurs, un regard alternatif et complémentariste nous est insufflé sur d'autres plages, qui ne sont pas sans mérites, loin s'en faut. Ainsi, une feutrine organique nous installe sur l'entraînant et immersif « Intoxicate », titre rock'n'metal symphonique avec un filet pop dans le flux mélodique. La déesse éclaircit ses inflexions accolées à un léger vibrato mais sans user d'un lyrisme qu'on lui connaissait antérieurement. La magie n'opère pas moins, notamment à l'abord du refrain, le couplet se révélant nuancé. L'instrumentation suit un cheminement harmonique infiltrant, propre, sans accrocs, avec un riffing contenu. Joli moment tout en captivants arpèges disséminés tout le long de la piste, dans l'esprit de
The Murder Of My Sweet. On comprend qu'on est aux prises avec un titre taillé pour les charts. Enfin, on retrouve le schéma de départ, où un ondulant serpent synthétique s'inscrit sur « Genesis Star », bref instrumental jouant le rôle d'introduction à l'outro « Constellations ». Le raccord inter piste est d'ailleurs réalisé avec finesse. On entre ensuite dans une tourmente atmosphérique captatrice de nos émotions. Frétillant, regorgeant d'allégresse, délivrant quelques revigorantes harmoniques dans un climat rageur, ce passage entraînant ravit le tympan. Les modulations mélodiques paraissent assez linéaires mais ne s'embourbent nullement dans des méandres engloutissants, au contraire. Aussi, on ne lâche pas l'affaire jusqu'à l'ultime instant, le mordant ensemble finissant crescendo.
Cette fois, le propos se fait moins classique et convenu que par le passé, le collectif ayant opté pour un environnement instrumental plus virulent, une empreinte vocale plus racée, des tracés mélodiques moins linéaires, avec quelques prises de risques bien maîtrisées. Et, force est de constater que cette entreprise leur a plutôt réussi. Cela dit, on aurait pu espérer une diversification des types de pistes (ballades, fresques, duos...), qu'un album full length aurait pu contenir. On se rapprocherait des modèles identificatoires sur le plan technique, mais il faudra assurément davantage faire preuve d'aplomb et d'un soupçon de variabilité sur les ponts et les soli pour se hisser à leur hauteur, ce qui ne va pas sans rallonge de la durée de certaines plages. Autrement dit, le potentiel est déjà affirmé et les compositions affutées, il reste encore à les mettre en valeur pour un rendu optimal de leur message musical.
Message qui trouvera son auditorat auprès de fans de metal symphonique à chant féminin élargi aux touches power, progressif, mélodique et atmosphérique. Un groupe de talent à suivre de près...
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