Si on excepte
Abigor en Autriche et dans une moindre mesure
Behemoth en Pologne et
Enthroned en Belgique, la supériorité nordique est impressionnante au niveau du Black
Metal européen. Sans toutefois briser cette hégémonie, la Grèce est la seule à proposer des sorties parvenant à rivaliser en qualité avec les productions scandinaves.
Mais malgré l’immense potentiel décelé sur son premier méfait,
Necromantia n’a pas comme
Rotting Christ sorti un disque ayant marqué la scène d’une pierre blanche (c’est le cas pour
Non Serviam et Thy Mighty Contract), mais leur deuxième album
Scarlet Evil Witching Black (1995) sera d’un tout autre calibre.
Tout d’abord l’objet est doté d’une somptueuse peinture de Pano Sounas symbolisant au mieux l’occultisme dégagé par la musique du combo. Ensuite le côté innovateur presque expérimental est plus que jamais présent, mais ici tout se tient, le côté parfois bancal de
Crossing the Fiery Path s’est envolé pour laisser à un Black
Metal puissant et racé. Toujours mis en boîte au
Sin Ena studio,
Magus Wampyr Daoloth et Baron
Blood ont bénéficié de suffisamment de temps pour permettre à Christos Hajistamou d’étoffer la production et de faire sonner cette étrange duo basse / basse 8 cordes, sans guitare.
Le style
Necromantia est immédiatement reconnaissable, notamment la voix hargneuse et particulièrement inquisitrice de
Magus WD ainsi que les rythmiques de basse si spéciales.
Devilskin ouvre brillamment le disque avec ce Black simultanément atmosphérique et incisif dominé tant par la double basse virevoltante que par les passages de claviers intermittents mais appuyés. A signaler un solo de guitare final de toute beauté du sessioniste Divad.
Les linéaires mélodiques de Black Mirror développent un pouvoir hypnotique hors du commun et montrent que
Necromantia a aussi pioché quelques influences dans la scène norvégienne entre ces deux albums, mais l’identité du groupe n’en pâti pas une seconde, les ambiances occultes étant encore bien présentes. Chacun des huit thèmes est développé méticuleusement sur 5 à 8 minutes, donnant une homogénéité redoutable à cet album qui ne contient aucun titre faible.
The
Arcane Light Of
Hecate offre des plans Ambiant avec voix narrative et même un passage de saxophone qui a tellement fait de bruit que pour certains
Necromantia est connu uniquement pour être LE groupe de Black qui met du saxo dans ses compos. Les grecs sont bien plus que ça et
Scarlet Evil Witching Black symbolise à merveille la rencontre du Black
Metal à l’esprit authentique et d’expérimentations lorgnant vers l’ésotérisme.
La présence du fameux thème de la chevauchée des Walkyries de Wagner en introduction de Pretender of the Throne Opus II est un autre des multiples exemples d’innovations des grecs.
Comme
Magus VD est cogérant de
Black Lotus Records, il lui a été facile de rééditer cet album (et le précédent) par ce biais en 2005, en lui donnant une petite cure de jouvence au niveau de l’artwork, un titre bonus (une reprise de
Manowar) et un livret complet joliment illustré : on n’est jamais mieux servi que par soit même, dommage tout de même pour l’incroyable pochette d’origine…
Très côté et auréolé à juste titre d’un statut culte dans l’underground,
Scarlet Evil Witching Black est un disque particulier qui fait presque figure d’OVNI et qui du coup n’a pu rassembler les foules autant que
Marduk,
Immortal ou
Darkthrone. Pourtant ce deuxième album du duo n’a rien à envier en qualité aux autres sorties majeures de l’époque, trop nombreuses pour être toute citées.
Les plus beaux trésors sont souvent les mieux cachés, mais grâce à la magie de la réédition vous n’aurez même pas besoin de jouer les archéologues, l’hésitation n’est donc plus permise.
BG
Depuis ses deux premiers titres envoûteurs qui délivrent des riffs très marquant et posent une ambiance occulte et mystique juste terrible jusqu'au reste où le groupe arrive m'entraîner complètement dans son univers, pour moi c'est une grande réussite sur toute la ligne. Necromantia fait en effet partie de ces groupes à part ayant une identité propre et qui divisent par conséquent les foules mais qu'est ce que c'est bon quand on découvre ce genre de formation qui viennent à manquer aujourd'hui, je te rejoins par conséquent BG lorsque tu dis "Les plus beaux trésors sont souvent les mieux cachés".
Sinon c'est marrant que tu aprles d'Enthroned en introduction, le chant me fait beaucoup penser à celui de Sabathan sur Prophecies of Pagan Fire par son côté cruelle, inquisiteur et un peu nasillard. J'adore.
Merci en tout cas pour cette très bonne chronique qui nous fait bien sentir sentir que cet album t'a beaucoup marqué.
"Through My Black Mirror I Change The Self
Through My Black Mirror I Change The World"
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