Necromantia voit le jour en 1989 sous l’impulsion du duo
Magus Wampyr Daoloth / Baron
Blood, leur but est de jouer une musique occulte, innovatrice et violente. La curiosité notable est que
Necromantia évolue sans guitariste (hormis pour quelques soli), en effet la section à cordes est composée de MVD au poste de bassiste chanteur et de Baron
Blood à la basse 8 cordes.
Alors que le Black norvégien commence tout juste à se répandre,
Necromantia décroche un précieux deal chez
Osmose avec lequel le combo enregistre son premier album
Crossing the Fiery Path (1993). Evoluant dans un registre particulier,
Necromantia s’inspire de Lovecraft aussi bien que du vampirisme (et ce avant
Cradle Of Filth) et du satanisme dans les textes, la musique et l’artwork.
Le Black
Metal présenté ici est éminemment original et propose régulièrement des plages de clavier (avant
Emperor…). Des parties ambiantes ou atmosphériques viennent entrecouper les morceaux, allant jusqu’à proposer une instrumentale entièrement à la basse (Last Song For Valdezie). Seulement, appréhender et digérer l’univers musical de
Necromantia n’est pas chose aisée. The
Warlock le pavé de 13 minutes 40 qui ouvre l’opus peut rebuter d’entrée de jeu, notamment dans sa seconde partie composée de sample bizarres et ritualistes qu’on peut rapprocher du
Dark Ambiant : excellent pour installer le trouble dans tous les cas.
Au moins ceux qui râlent (souvent à juste titre) à cause du rôle mineur de la basse dans le Black
Metal en auront pour leur argent puisque celle-ci fait office de guitare ici, ce qui contribue encore à accentuer le malaise à l’écoute de cette étrange rythmique. Indéniablement influencé par
Rotting Christ et leur EP Passage To Arcturo ayant défrayé la chronique, le groupe de George Zaharopoulos y cultive la même noirceur raffinée. Unchaining the
Wolf (
At War…) alterne d’ailleurs des riffs incisifs proches du Thrash avec d’autres nappés de clavier et des plans Ambiant toujours aussi occultes et angoissants.
Cependant au delà de la valeur historique indéniable de ce disque et des nombreuses innovations apportées,
Crossing the Fiery Path n’est pas parfait pour autant, manquant notamment de précision au niveau du son, de plus certains passages manquent un peu de cohérence,
Lord of the
Abyss est par exemple difficilement assimilable, passant plusieurs fois du coq à l’âne en balançant pèle mêle des riffs
Doom proches de
Candlemass, des soli Thrash et du Black atmo dominé par le clavier. Ce titre composé en 1991 (et déjà présent sur le split avec
Varathron) montre tout de même une entité en avance sur son temps, un peu trop peut-être…
Crossing the Fiery Path est un premier jet occulte et sincère d’un groupe au Black
Metal personnel et avant-gardiste, à l’image de
Varathron et
Rotting Chist les deux autres précurseurs de la scène grecque. Malgré quelques défauts de jeunesse, cette galette montre un potentiel intrinsèque impressionnant qui sera exploité au mieux sur la suivante.
Réservé à ceux qui pensent qu’expérimentation et authenticité peuvent cohabiter.
BG
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire