Dire que le « revival death-metal » a le vent en poupe est un doux euphémisme. Les formations pullulent comme autant de fausses promesses délivrées par un politicien, avec, en prime, une qualité plus qu’aléatoire. Certains combos resteront à jamais englués dans cette masse grouillante, d’autres, bien plus talentueux, arriveront à s’en extirper,
Necrowretch fait incontestablement partie de ceux-là. Le groupe, qui en plus d’avoir publié une multitude de Ep, démos ou compilations, a livré deux albums hautement qualitatifs avec «
Putrid Death Sorcery » et «
With Serpents Scourge », posant les fondements de leur « Putrid Death-metal » et reprenant les préceptes de la scène « black/death » initiés par ses aînés. Ayant trouvé refuge chez Season Of
Mist et après une multitude de prestations scéniques à travers le monde, les Valentinois décident d’ouvrir à nouveau la fosse commune afin d’y exhumer son dernier cadavre en décomposition, nommé «
Satanic Slavery ».
En préambule, il est à noter que ce troisième full-length a été enregistré en 3 jours au
Temple Of Disharmony Studios, pour une composition totale ne dépassant pas 6 mois. «
Satanic Slavery » est imagé par Daniel Corcuera aka Nekronicon, artiste peintre chilien ayant œuvré pour
Antropofagus ou
Craven Idol, entre autres. Il faut aussi souligner que le line-up a évolué puisque K.
Desecrator, qui faisait office de second guitariste, a pris la basse laissée vacante après le départ de Amphycion,
Vlad (guitare/chant), restant le seul maître à bord, secondé par Ilmar derrière les fûts et Malik (guitare en live).
Après quelques bruitages inquiétants sur fond de rituels bestiaux, en guise d’introduction à « Sprawl Of
Sin », la déflagration sonore débute par un blast hystérique. Il est certain que
Necrowretch n’a pas changé sa faux d’épaule et continue d’appliquer la recette dans laquelle il croit, suivant le sillon creusé par le jus de macchabée en putréfaction de «
Putrid Death Sorcery » et « With
Serpent Scourge ». Cependant,
Vlad, principal compositeur, a su élever encore plus haut le niveau et emmenant la violence à son paroxysme. Chaque composition, chaque accord délivré par le trio pue la mort et la putridité, avec une brutalité et une aura blasphématoire omniprésente. Jetez donc une oreille à « Tredeciman
Blackfire », «
Bestial Rites », «
Curse Of
Blasphemy » ou au fabuleux «
Evil Names » pour être instantanément plongés dans un tourbillon de souffrance, vous entraînant aux tréfonds des abîmes où vous deviendrez l’esclave du Malin.
La courte durée d’enregistrement, réalisée en condition live, laisse émaner un sentiment d’urgence et une spontanéité bienvenue, qui sied à merveille à l’ensemble et aux compositions très directes de
Necrowretch, qui ne s’embarrasse aucunement de surplus inutile. Même si la vitesse dépasse largement la limite autorisée, le trio sait s’octroyer quelques cassures qui font office de respiration salvatrice à l‘auditeur mais qui ne ménageront pas sa nuque comme sur «
Satanic Slavery », «
Bestial Rites », «
Curse Of
Blasphemy », ou la seconde moitié de « Verses
From The Depths ». Ces césures augmentent l’impact de la fulgurance des accélérations et vice-versa. Aussi
Necrowretch a su distiller quelques harmonies guitaristiques fortement attractives et d’une sinistre luminosité, augmentant l’addictivité de «
Satanic Slavery » (« Sprawl of
Sin », «
Evil Names », « Tredeciman
Blackfire » ou « Verses
From The Depths »).
Tout comme sur ses prédécesseurs, la production reste volontairement très vieille école mais s’avère plus massive que sur «
With Serpents Scourge », conservant une grande clarté, avec une batterie légèrement plus en avant, et une réverb sur les vocaux, ajoutant au côté « evil » de l’enregistrement, qui n’en manque pourtant pas. D’ailleurs, les vociférations de
Vlad sont littéralement terrifiantes mais sont mieux maîtrisées. Le bougre a poussé son organe au maximum, mais s’était préparé en amont, offrant ainsi plus de variations, tout en restant totalement possédé et dérangé.
La qualité intrinsèque de «
Satanic Slavery » est très élevée, mais si votre serviteur voulait jouer les rabat-joie, il dirait que la musique développée par
Necrowretch ne brille pas par son originalité ; mais au vu de la rossée à l’ancienne assénée, je peux leur tenir rigueur de ce grief. Aussi, le morceau «
Hellspawn Pyre » se révèle moins attrayant et plus générique, se plaçant, de ce fait, en dessous du reste de l’opus.
«
Satanic Slavery » est l’œuvre d’une formation authentique, sincère et spontanée, pour qui le death-metal est un art de vivre. Cette nouvelle exécution ne comporte aucun temps mort et fait preuve d’une intensité incroyable. Le cap du troisième album est souvent une étape difficile à surmonter pour de nombreuses formations. Mais force est de constater que
Necrowretch s’en sort bien plus qu’avec les honneurs, livrant, par la même occasion, son meilleur disque, postulant sérieusement au titre d’album de l’année et qui tiendra la dragée haute aux ténors du genre. Le vrai challenge pour le trio sera de surpasser «
Satanic Slavery » et la mission à relever ne sera pas une mince affaire.
Du « Putrid Death-metal » (matinée de black) à consommer sans modération, attention cependant aux oreilles chastes !
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