Cet album me tient beaucoup à coeur. ce n'est peut-être (sans doute) pas le meilleur d'
In Slaughter Natives. Mais c'est mon meilleur, à moi. Malgré ses petits défauts, c'est celui qui se trouve avoir le plus de charme à mes yeux.
Plaçons la bête (puisqu'il s'agit bien d'un monstre dont à accouché l'esprit tordu de Jouni Havukainen) dans son contexte. Il s'agit de la pièce la plus décalée d'
In Slaughter Natives. Moins ambiante que ses comparses, moins axée sur les percussions répétitives et les nappes nauséabondes (genre ou
Purgate My Stain fait office de chef d'oeuvre absolu),
Sacrosancts Bleed se veut chaotique dans sa construction comme dans son son, plus grandiloquent, plus surprenant. Force est de constater que cela part dans tous les sens, au grand dam des plus puristes. On trouve des guitares au son pas propre qui s'éveillent dans quelques titres (chaos beeding et Koprofagi Christi), les choeurs sont rentre dedans, moins éthérés que dans les autres productions du groupe (voire les martellements auditifs que procurent Mortified
Flesh), s'approchent plus de l'opéra, se font salves auditives (Invocation), Jouni Havukainen ose des saturations auditives et des poussées aïgues qui éclaircissent quelque peu les ambiances plombées pour les rendre plus agressives (le véritable brulôt auditif
Taste Of
Human et ses violons massacrés).
Chaos et brutalité, voilà ce qu'exprime avant tout cet album. Alors, oui, ça part dans tous les sens. Les sonorités se suivent et ne se ressemblent pas (qui aurait cru que l'on peut commençer un album d'industriel ambiant sur Chaos Breeding pour atteindre des titres à tendances opéra épique comme Intercession?). Alors, oui, c'est inégal, parfois quelques titres faibles (chaos breeding un peu spécial, fifth skin pas excellent et scum facilement oubliable), mais l'objet n'en perd que très peu d'aura. Si vous rentrez dans le trip, acceptez de dépasser la vision d'un
Purgate My Stain, par ailleurs excellent, d'accepter ces changements brusques, vous tenez là une bombe d'expérimentations industrielles, à la construction à la fois rigoureuse et surprenante à chaque tournant de chanson, et se bonnifie largement au fil de l'album. Car une fois n'est pas coutume, dans cet album, le meilleur est à la fin, avec un second souffle béni (heu, pardon, maudit) apporté par Intercession, et qui ne disparaitra plus du reste de l'album.
Un objet rare et imprévisible, dont les quelques imperfections n'altèrent aucunement le... Heu... Charme? Oui, on peut dire ça, si on considère que l'industriel ambiant et le chaos peuvent avoir un charme. Fascination, plutôt. Enfin, l'album d'
In Slaughter Natives qui trône sur mon petit autel personnel.
Une section rythmique qui pillone à l'envie ou contrefait la détonation d'une arme automatique, un chant passé à la moulinette, et des samples issus au choix, de friches industrielles en mutation, de bêtes à l'agonie, des choeurs de l'Armée Rouge, tantôt grandiloquents, martiaux ou encore monstrueux. Chaque titre propose une dérive sytématique dans un enfer sonore particulier. Un cauchemar dans un cauchemar dans un cauchemar dans un cauchemar dans un cauchemar dans un cauchemar... Une haine viscérale débordante pour tout ce qui est en lien avec Dieu, et l'homme, toute forme de religion, qui enjoint à la soumission. Une oeuvre viscéralement malsaine au charme vénéneux, capable de faire d'un simple grincement de porte une torture auditive prolongée ; renvoyant Nine Inch Nails, Ministry et Rammstein à leurs chères études, ou les pousser à reconnaître que ce ne sont que des popstars (une forme de coming out comme un autre). Le genre d'album qui se révèle être une arme de destabilisation mentale, je suspecte la CIA d'en abuser à Guantanamo.
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