Kuroikarasu s’est penché sur le premier album éponyme du groupe (et cela fort bien), je regarderai donc du côté de «
Purgate My Stain ». Pourquoi celui-ci ? Tout d’abord, le troisième album du groupe suédois est le disque qui m’a fait vibrer plus que les autres enregistrements. De plus, il me parait maintenant inconcevable que quelqu’un qui écoute du dark-ambiant ne puisse passer à côté de ce monument...
Pensez donc, à l’instant où j’écris ces lignes «
Purgate My Stain » fête pour ainsi dire ces dix ans d’existence bien sentie. Il est aussi incroyable que l’album ait si bien tenu face à l’érosion du temps tant que sa qualité en sort toujours aussi puissante, impérieuse et non moins sombre… Investigateur et précurseur absolu de la scène dark-ambiant/indus à fortes consonances symphoniques,
In Slaughter Natives est celui qui a, d’une part, crée le mouvement mais aussi celui qui donnera à ce style une identité propre.
S’ouvrant sur une piste minimaliste à base de chœurs grégoriens très dans une veine Raison d’Être, «
Purgate My Stain » est une expiation malsaine résonnant aux martèlements massifs de percussions fracassantes. Aussi pouvons nous prendre le morceau titre comme une sorte d’hymne d’
In Slaughter Natives où jamais les thèmes exploités ainsi que les moyens de mises en œuvres n’ont été aussi maîtrisés dans un flux qui pourrait bien vite dérapé. Non, tout ici respire d’une organisation millimétrée qui ne laisse de place qu’à une indisposition orchestrale d’une grande clarté passant au diapason sentiments de réactions divers mais toujours corrosifs.
Et l’on passe ainsi de titres claustrophobes à d’autres promptement apocalyptiques dans lesquels retentissent une appréhension folle, pernicieuse où la détresse du monde est absolue et néanmoins toujours prise sous un angle on ne peut plus belliciste et par là pervertie. La corruption règne en maître sur l’album et l’auditeur n’a que peu de place et encore moins de temps pour se prendre de plein fouet la décharge malsaine et par moment particulièrement flippante. Que cela vienne des quelques touches de piano ou de cette voix déclamant d’une voix ténébreuse au timbre rauque et d’autant plus tyrannique, «
Purgate My Stain » fait partie de ces rares disques à atteindre une aura quasi jupitérienne, fascinante...
Les titres de l’album sont autant de coups de marteaux sur nos tympans lors de leurs crucifixions… Dix ans et peu de groupes ont su retranscrire et encore moins égaler la déchéance orchestrale de Jouni Havukainen (bien que
Sophia en soit le plus proche mais je ne suis pas là pour faire un classement) et cet album en est le parfait manifeste.
Tout aussi tragique que profondément jubilatoire ne laissant pour ainsi dire aucune échappatoire possible, «
Purgate My Stain » est ce qu’on appelle un joyau du style.
Jamais le dark-ambiant/indus n’aurait pu trouver de meilleure image à sa substance...
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