Après un excellent et représentatif premier album, le projet très technique des finlandais revient en force avec "
Routa". Tout un hiver scandinave passé à écrire, composer, et enregistrer un nouvel opus qui se révèle sous l'aspect d'un double CD... Il y a de quoi bien se rafraichir tout l'été durant ! Si leur première merveille explorait les aléas de l'existence, ce second épisode tourne, lui, essentiellement autour de l'hiver, du froid et des paysages de cette saison pleine de charme.
La musique est de ce fait toujours aussi lourde et puissante, avec des mélodies qui nous transportent comme un vent glacial venu du nord. Dès la première piste "
Core of
Winter" l'on peut ressentir tous les éléments qui font de
Black Sun Aeon ce qu'il est : guitares et basse écrasantes, batterie percutante (et plus présente qu'autrefois), synthés simples et doux en fond. N'oublions pas non plus les contrastes entre les voix des figures fortes de la scène finlandaise : Tuomas Saukkonen (Before the
Dawn) et Mynni Luukkainen (
Sotajumala) pour le côté sombre de leurs voix déchirées ; Mikko Heikkilä (
Sinamore) pour sa performance envoutante au chant clair ainsi que Janica Lönn pour le côté féminin que l'on pourra découvrir par la suite ("
Dead Sun
Aeon"). Les paroles de cette première musique d'ouverture ont par ailleurs été écrites par Sami Lopakka (
Sentenced, Kursk)
"
Frozen" mis en ligne via le clip vidéo pourra donner un avant-goût du style du groupe à ceux qui tardent encore à le découvrir. Malheureusement peu puissante, presque dénuée d'émotion à mon goût, elle ne représente pas assez bien le nouvel épisode gelé que le trio nous délivre désormais. Trio, collectif de musicien, projet solo... On ne sait plus vraiment comment le définir à vrai dire... A l'origine né dans l'esprit de Tuomas, ce dernier est rejoins par une flopée de musiciens talentueux, dont deux actifs depuis le début... Bref,
Black Sun Aeon reste avant tout un projet musical très complexe, autant dans son line-up que sa musique.
Je parlais d'un manque d'émotion précédemment, heureusement très vite rattrapé par des titres comme l'éponyme "
Routa" sur laquelle nous pouvons entendre de magnifiques partitions au synthé. Celle-ci semble apporter un côté presque dramatique, nous abandonnant dans le temps et la nuit de cet hiver scandinave si bien connu des musiciens. Une beauté qui rappelle celle des paysages enneigés de leur pays.
Au côté romantique et fascinant de l'hiver s'ajoutent bien évidemment des références à la mort et à la nuit (qui, comme vous le savez, est omniprésente dans le nord de l'Europe à cette période). Un soleil qui tarde à se montrer pour réchauffer les cœurs de ses rayons, l'impression que le temps n'est plus le même et qu'il passe lentement, comme un flocon cristallisé se déposant sur le flanc d'une montagne. Ce soleil qui semble presque mort, d'où des titres comme "
Dead Sun
Aeon" (apparition du chant féminin - élément nouveau depuis l'opus précédent) ou "
Funeral of World", titre ouvrant le second CD de "
Routa".
Cela friserait presque le rébarbatif, du moins c'est l'impression que l'on se donne en survolant les titres. Du froid, de la glace, l'hiver... Bref, on sait déjà que rien de très joyeux ne naitra prochainement. La fonte des glaces se fait cependant en notre cœur. Il faut se laisser aller à l'écoute de chaque morceau pour en apprécier toute la subtilité, car chacun renferme un riff ou une mélodie qui peut parler à certaines personnes plutôt qu'à d'autres.
Quatorze titres, c'est longs je vous l'accorde, on pourrait s'ennuyer. Mais tout cet éloge à la beauté du paysage (par des titres clairs : "River", "
Silence", "Apocalyptic Reveries") auront pu nous combler. Je soupçonne même un petit hommage à Friedrich sur "Wanderer" (dont les paroles ont été écrites par Ville Sorvali de
Moonsorrow). Si vous ne voyez pas de quoi je veux parler, alors jetez vous sur "Der Wanderer über dem Nebelmeer", toile la plus célèbre et que l'on pourrait très bien rapprocher de la production musicale de
Black Sun Aeon.
En résumé, préparez vous à un voyage dans un monde qui repose encore sous les glaces impénétrables du Grand Nord. Un voyage rafraichissant, vraiment puissant, toujours mené par le talent des Tuomas et sa bande, même si cela ressemble de plus en plus à son excellent groupe principal (j'ai nommé Before the
Dawn.)
++
Chronique publiée depuis
http://www.myspace.com/_razort_
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