En mars 1985, le single "We Are the World" explose tous les records avec 20 millions de copies vendues. Destiné à récolter des fonds pour lutter contre la famine qui sévit en Ethiopie, le titre regroupe certains des plus célèbres artistes américains. Ronnie James
Dio regrette que les hard rockers n'aient pas été invités. Le projet Hear n’ Aid prend forme dans son esprit.
Les 20 et 21 mai 1985 aux studios A&M Records de Hollywood, notre lutin préféré convie une partie de la crème métallique à enregistrer "Stars". La chanson sort au tout début du mois de janvier 86 pour un résultat mitigé, avec une place modeste dans les charts britanniques.
Nombreux sont ceux parmi nous qui ont été marqués par l’interminable solo (avec des interventions de Malmsteen, Campbell, Cavazo,
Dharma, Gillis, Goldy,
Lynch, Ojeda, Schon, Murray et Smith). Pour ma part, j'en retiens surtout la prestation vocale de quelqu'un qui m'était complètement inconnu à l'époque :
Paul Shortino. Il fait mieux que soutenir la comparaison avec les cadors qui l'accompagnent (
Dio,
Halford, DuBrow, Bloom, Tate,
Meniketti et
Dokken).
Originaire de San Diego,
Paul Shortino forme
Rough Cutt en 1981.
Dio, qui restera à jamais son mentor et chez qui il vivra même pendant un temps, est immédiatement séduit. Il prend le groupe sous son aile et n'aura alors de cesse de les aider (production des débuts discographiques, aide à l'écriture de titres, premières parties sur les tournées qui suivront les sorties de « Holy Diver » et «
Sacred Heart »).
Au même moment, un autre groupe de San Diego commence à faire parler de lui sur la scène locale : Mickey
Ratt, alias
Ratt. Jake E Lee y tient la guitare, Dave Alford la batterie. Tous deux finissent par atterrir au sein de
Rough Cutt. Lee, personnage connu pour être "complexe", se fait la belle pour rejoindre pendant quelques semaines seulement
Dio puis Ozzy Obourne en 1982 à la mort de
Randy Rhoads. Greg Goldy (futur
Dio) le remplace. Claude schnell (claviers, lui aussi futur
Dio, ben ça alors!) quitte à son tour le groupe. En 1983, Goldy rejoint Giuffra et Amir Derakh fait son entrée. Enfin, deux autres ex-
Ratt viennent également renforcer le groupe : le guitariste Chris Hager et le bassiste Matt Thorr. Ouf ! Vous suivez toujours? Limite consanguine cette scène californienne des 80's...
Au recto de la pochette, à mon goût plutôt originale et réussie, avec le dessin d'une limousine depuis laquelle
Uncle Sam tente d'attirer à lui une belle blonde (d’où le titre de l’album). Au verso, les photos des musiciens avec la coupe "j'ai-mis-les-doigts-dans-la-prise-électrique", ne laissent guère de place au mystère quant à la date d'enregistrement de l'album et au style musical pratiqué... Ca sent le hard US mid 80 pur jus!
Effectivement.
Le groupe sait néanmoins suffisamment varier la cadence de pédalage pour ne pas lasser. La base est mid-tempo ("Bad reputation", "
Double Trouble", "Don't settle for less", "We like it loud", "You wanna be a star", des titres qui évoquent souvent le répertoire de
David Lee Roth). A celle-ci viennent s'ajouter des titres plus enlevés ("Rock the USA" et sa rythmique accérée, "Let 'em talk" où là encore rôde l'esprit d'un Roth) ou au contraire plus softs ("Hot n' heavy" au groove funky et au break original, "
Take a Chance" qui commence bien mais qui se révèle un peu répétitive, ou 'The night cries out for you", magnifique ballade bluesy idéalement placée en dernière piste).
Le soin accordé au travail sur les choeurs apporte un plus indéniable ("Hot 'n heavy", "You wanna be a star", "
Double Trouble" - vous devez absolument voir un jour le clip kitchissime de ce titre avec ses belles jumelles -).
La production, soignée, est signée
Jack Douglas. L'homme combine talent et expérience, notamment avec la triplette « Toys In The
Attic », « Rocks » et « Draw The Line » d'
Aerosmith. Un tantinet plus de relief sur les guitares aurait quand même été souhaitable pour renforcer l'impact des rythmiques.
Du côté des musiciens, pas grand chose à reprocher à l’ensemble : jeu de batterie inspiré pour David Alford - en tant que batteur débutant, "Hot 'n heavy" m'a bien calmé - et basse qui ronfle quand et comme il faut pour Matt Thorr, avec une pincée évidente de funk ("
Double Trouble", le break de "We like it loud").
Au rayon des guitares, la paire Amir Derakh/Chris Hager nous offre des mélodies particulièrement accrocheuses ("Don't settle for less", "
Take a Chance", "We like it loud") Amir Derahk, dont le nom n'a rien à voir avec les origines iraniennes de sa famille, son vrai nom étant Davidson. Il s'agit d'un nom d'emprunt choisi par le musicien pour que cela sonne à l'oreille comme "I'm here to rock!" (Amir /I'm here Derak/to rock). Y'en a quand même, c'est vraiment des grands malades… Pour les solos, le résultat est mitigé. Intéressants lorsque les musiciens se répondent ("Rock the USA", "Don't settle for less", "Let 'em talk", "
Double Trouble"), ils sont franchement dispensables parfois ("Bad reputation", "You wanna be a star").
Pas foncièrement original donc, cet album a pourtant un dernier et formidable atout dans sa manche. Un atout qui fait finalement de ce disque un incontournable pour les amateurs du genre. Ladies and gentleman, the cherry on the cake :
Paul Shortino.
C'est grâce à sa voix immédiatement reconnaissable et gorgée de feeling, un timbre chaud et rocailleux, que s'affirme la personnalité du combo. Les influences bluesy du bonhomme, lequel est d'ailleurs un grand admirateur de
Robert Plant ou Paul Rogers, sont évidentes ("Bad reputation", 'The night cries out for you").
Outre David Lee Roth déjà évoqué, on peut aussi songer parfois à Dave
Meniketti (Y&T).
Bien qu'excellent, « Wants You! » ne pénètre même pas le Billboard 200. Immense déception pour le groupe. Lorsque les autres membres de
Quiet Riot virent Kevin Du Brow en février 1987, ils proposent le poste à Shortino ... qui accepte. Pour
Rough Cutt, this is the end.
La performance du chanteur sur le seul album qu'il a enregistré avec
Quiet Riot (1987, QR IV) est grandiose. C'est pourtant encore un échec commercial. Sans Du Brow, peut être le groupe aurait-il dû changer de nom - Paul en a convenu dans de nombreuses interviews -. Il a récemment repris le micro au sein de
King Kobra, un autre oublié des années 80.
Looser magnifique Shortino?
Merci Sam pour cette découverte qui manquait cruellement à ma discothèque. Par contre la réédition qui compile les deux disques est vraiment une merde, la pochette est moche et on ne voit pas les artworks et évidemment pas de lyrics, juste une vieille photocopie pixellisée des back covers, c’est vraiment du foutage de gueule comme d'habitude j'ai envie de dire. J'essaierai de me racheter les disques individuellement à l'occasion.
Thanks Zaz. Je comprends ta préférence pour le premier, elle est partagée par beaucoup (enfin si on peut dire puisque personne n'écoute ce groupe). J'adore les 2 et j'ai découvert "Wants You" en premier. Quant à la réédition des 2 disques en un seul, le seul avantage reste le prix, c'est certain.
Rien qu'à lire ta chronique de ce deuxième album, on reconnaît en toi le grand fan de Rough Cutt et de son chanteur. Ceci dit même si j'apprécie beaucoup cet album, j'aurais toujours une préférence pour le premier qui m'a permis de découvrir le groupe et surtout son chanteur que je continue d'écouter et suivre à travers ses albums solo.
Encore merci pour le texte qui m'a donner envie de reécouter ce formidable album.
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