Il est grand temps de quitter la vague russe qui nous assomme pour se diriger dans un pays plus proche qu'on ne l'aurait imaginé. Qui aurait crû que la Belgique renfermerait un jour un des groupes de black symphonique les plus prometteurs du moment ? La sortie de «
Irreversible Decay » en 2011 nous avait fait découvrir un combo en grande forme, délivrant un art noir déroutant, fouillé et percutant.
Saille est bien loin du cliché actuel mettant en avant une musique plus extrême que black, plus pompeuse qu'inspirée. Il délivre, avec autant d'audace que d'imagination, un ensemble particulièrement intense, violent et sombre qu'il serait dommage de rater.
Si le projet du claviériste Dries Gaerdelen était, à la base, totalement voué au studio, il s'avère qu'il prend de plus en plus forme, au point de créer des opus riches et d'effectuer des prestations live remarquées aux côtés de
Melechesh,
Ancient Rites ou
Izegrim pour ne citer qu'eux. 2013 marque un nouveau bouleversement dans la carrière de
Saille avec la sortie de «
Ritu » enregistré aux Shumcot Studios, masterisé par Tom Kvalsvoll aux Strype Audio (
Mayhem,
Emperor,
Arcturus,
Limbonic Art) et de nouveau signé chez les Italiens de Code666. Les Belges conceptualisent leur album en le basant sur les rites funéraires des cultures anciennes et en s'inspirant de Lovecraft. Enfin, ils s'entourent de musiciens guests pour ce qui est des orchestrations.Le programme s'annonce sombre et raffiné...
D'entrée de jeu, la froideur des guitares et l'ambiance épique propres à
Saille se font ressentir. «
Blood Libel » commence en beauté avec une noirceur toute particulière et un léger côté théâtral proche de
Carach Angren. La déflagration de guitares typiquement black metal ne se fait pas attendre, et les interludes au violon apportent beaucoup de piment, surtout lorsque les mélodies sonnent malsaines. « Subcutaneous Terror » enfonce le clou avec sa rapidité et son agressivité sans failles, son sens de la mélodie et du symphonique. Les orchestrations sont loin de recouvrir les guitares, qui gardent le premier rôle. La preuve avec le solo atmosphérique proche de celui d'un « Grotesquery Conceiled... » de
Dimmu Borgir, la rapidité en plus.
La diversité des rites prennent plus de place par la suite, avec un « Fhtagn » incantatoire, référence ultime au Cthulhu de Lovecraft. « Sati » reprend le nom de la coutume funéraire hindoue dans laquelle la veuve s'immole. Du coup, on n'est pas étonnés de retrouver le bruit des crépitements du feu, du sitar, des chants traditionnels féminins, et la répétition du mot « Sati », comme un mantra, dans un morceau particulièrement riche et dérangeant, guidé par la variété des instruments et les terribles cris de Dennie.
On retrouve la force et la puissance du black symphonique à l'intérieur d'un morceau comme « Haunter of the
Dark ».
Saille varie les plaisirs, en nous offrant un tas de moments forts, comme cette déflagration, cette montée en puissance, ce jeu impeccable de batterie, ces choeurs, ces mélodies sombres et prenantes...sans oublier un «
Ritual Descent » progressif et au final grandiose.
Difficile de trouver des points négatifs dans tout ça tant
Saille arrive à se démarquer du lot. «
Ritu » ne souffre d'aucune linéarité ni d'aucun temps mort et se dote d'une richesse et d'une force rares. L'osmose entre tous les instruments est quasi parfaite, les parties symphoniques sont mesurées et les parties purement black metal ne manquent pas d'accroche et d'efficacité. «
Ritu », meilleur que l'ensemble des sorties actuelles ? Meilleur qu' «
Irreversible Decay » ? Oui, sans aucun doute.
Vraiment une excellente découverte (pour moi) en ce début 2013.
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