Les Belges de
Saille auront mis plus de temps que prévu pour sortir leur quatrième méfait. D'habitude le temps d'attente est plutôt court et tourne autour d'un an et demi. Ici, on approche les trois. Il semblerait que la bande ait décidé de ne pas trop se presser et de prendre le temps d'apporter une autre dimension à sa musique. A en croire le guitariste Reinier Schenk, le dernier méfait "
Eldritch" n'était pas assez sombre et personnel, et on sent ici une petite pointe de déception. Des changements sont d'ailleurs au rendez-vous. Les maniaques du détail remarqueront un remaniement du logo, qui perd ses boucles au profit d'une structure plus épurée. Le claviériste/vocaliste quitte le groupe qu'il avait tout de même fondé en 2008. Quant au style,
Saille emporte comme promis son black metal sur un autre plan d'existence.
Pour ce faire, le quintet nous embarque une nouvelle fois dans un concept-album. "
Gnosis" signifie "connaissances" en grec et se base principalement sur l'idéal prométhéen. Il explore diverses sources historiques, mythologiques et imaginaires racontant la lutte pour la connaissance et ses conséquences dévastatrices. En découle un black metal compact et plus agressif que ce que nous avait proposé
Saille jusqu'à présent. Certes, on était habitué à une certaine brutalité et à des pistes brutes de décoffrage, sauf qu'ici le niveau est un cran au-dessus. N'ayez crainte, les ambiances sont toujours au rendez-vous, avec ce côté inquiétant et glauque, parfois sinistre, mais elles sont davantage portées par les guitares et beaucoup moins par les claviers, ces derniers étant beaucoup plus discrets et moins symphonique, une conséquence du départ du claviériste.
"Benei ha'Elohim" démarre les hostilités de manière incantatoire avec ses choeurs sombres et sa mélodie perturbante à la guitare. La suite est dans la pure tradition de
Saille, qui sait imposer une progression et une montée en puissance venant de nulle part. Les vocaux écorchés font toujours leur petit effet accompagnés de guitares charismatiques et lourdes, tantôt mélodiques, tantôt brutes. "
Pandaemonium Gathers" est un des derniers vestiges de l'ancien
Saille et rappellera les premiers méfaits, avec ses mélodies caractéristiques et son petit côté norvégien.
Une chose est sûre, la bande développe encore plus sa personnalité. On reconnaitrait leur pâte entre mille tant ils ont un son atypique et tant l'ambiance est pesante. C'est lourd et puissant, avec une certaine rapidité d'exécution. Les éléments symphoniques et épiques sont moins présents, plus mesurés, et forment un tout cohérent qui apportent une certaine splendeur à l'ensemble. "Before the Crawling Chaos" se veut
Ritualiste avec son atmosphère rampante, "Genesis 11;1-9" laisse très peu de répit avec ses blasts et ses déflagrations de riffs accompagnés de nappes de claviers bien senties à la
Emperor, et "Prometheus" offre des guitares dissonantes qui renforcent cette ambiance sombre.
Avec "
Gnosis",
Saille nous livre une autre facette de sa personnalité. On s'éloigne davantage des influences à la
Dimmu Borgir et des touches épiques qui magnifiaient certains passages sur "
Ritu" ou "
Eldritch". Le chant clair est d'ailleurs aux abonnés absents. En contrepartie, les pistes sont plus extrêmes et plus noires, portées par des riffs plus évocateurs. On sent vraiment une présence étrange à l'écoute de cet album, et la prod y est sans doute pour quelque chose. Moins cleans et plus dissonants, le mixage et le mastering ont été chapeautés par les frères Wieslawscy des Hertz Studios (
Decapitated,
Behemoth,
Vader...). A défaut de nous impressionner,
Saille ne nous déçoit pas et livre encore une fois un opus de très bonne qualité.
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