En voilà un retour discographique inespéré ! Ayant établi quelques bases fondatrices de toute la musique extrême dès 1985 avec l'intemporel
Seven Churches, aux côtés d'autres pères fondateurs de ces années là (Chuck Schuldiner, Thomas
Fischer et d'autres que chacun aura à loisir d'ajouter dans d'éventuels commentaires à la suite de ces quelques lignes), Jeff Becerra ressuscite son
Possessed. Alors, oui bien sûr, les apparitions live de la formation, aujourd'hui reconstituée avec Emilio Marquez, Daniel Gonzalez, Claudeous Creamer et Robert Cardenas tous issus de formations expérimentées (
Gruesome,
Engrave,
Agent Steel...) entretenaient l'espoir avec affection et nostalgie, et les quelques sorties plus ou moins officielles et anecdotiques entre 1986 et ce jour corroboraient que, non, décidément,
Possessed ne pouvait laisser sa discographie inachevée et bancale : entre l'inaugural, devenu au fil des ans référentiel,
Seven Churches et le décevant
Beyond the Gates paru un an plus tard c'était un peu le grand écart stylistique et qualitatif, chose en partie réparée avec le bon E.P.
The Eyes of Horror avant un split que l'on pensait définitif. Le groupe et son premier album devinrent objet sinon de dévotion, à minima de référence aidé en cela par Internet et son réseau d'informations remontées du passé. La légende alors en marche, on ne comptera plus le nombre de groupes se réclamant de la formation Californienne durant les trois dernières décennies.
Seul membre d'origine subsistant de sa première période, Jeff Becerra possède sans nul doute une qualité indéniable, celle de savoir s'entourer. Une fois retiré le fourreau noir cartonné de la version CD reprenant l'iconographie utilisée pour son premier album, l'acheteur découvrira l'illustration superbe de Zbigniev Bielak qui nous refait le coup du
Overtures of
Blasphemy de
Deicide avec références chères au groupes et moultes détails révélateurs.
Outre l'illustrateur idoine, le mixage de Peter Tagtgren aux
Abyss Studios est tout simplement parfait, fidèle à l'esprit de
Seven Churches version nouveau millénaire et ôtant ainsi les craintes d'un
Beyond the Gates n°2 toujours possible. Enfin, les musiciens (et Daniel Gonzalez de
Gruesome - tiens, tiens - en tête écrit seul ou co-écrit la plupart des titres avec Becerra), prouvent si besoin était qu'une osmose est nécessaire pour faire revivre vigoureusement les fantômes du passé. Le titre lâché en avant-première ("
No More Room
In Hell", excellent et positionné en tête de gondole après une introduction cinématographique judicieuse) a non seulement rassuré les fans, mais a aussi éveillé l'intérêt de chacun ayant pu ne pas croire à une vraie résurrection. Car, oui, sans y aller par quatre chemins,
Possessed a enfin pondu en 2019 l'album espéré depuis la parution de
Seven Churches.
Sans pour autant renouveler fidèlement son style comme a pu le faire
Celtic Frost en 2006 avec succès, Becerra et ses acolytes ont su, par les 10 morceaux que composent l'album (plus l'intro déjà évoquée et une outro qui permet de digérer la bête, l'air repu) redonner vie au groupe après un trop long hiatus. Un peu comme
Carcass en 2013 ou
Pestilence avec le récent Hadeon, mais avec sensiblement plus de talent et surtout de conviction. Avec classe et doté d'une efficacité à toute épreuve, l'album magnifie les idées trop longtemps enfouies et porte l'âme
Possessed à un niveau insoupçonné. Les compositions, particulièrement implacables, à base de riffs tantôt foncièrement death, tantôt pimentées du thrash le plus pur défilent ainsi à rythme (très) soutenu, agrémentées par la diction mordante et foisonnante si reconnaissable de Becerra. Les fans de roulements de toms seront aux anges et, sans répit, chaque morceau s'enfonce inexorablement dans le cerveau au bout de deux/trois écoutes. Les soli de la paire Gonzalez/Creamer (particulièrement réussis sur "
No More Room
In Hell", "
Dominion", "The Word" ou "
Omen") aèrent la chose avec classe et apportent un réel plus. D'un album homogène et d'un niveau très élevé en qualité, vicieux comme une hyène affamée, on retiendra aussi les lignes mélodiques vocales des couplets de titres comme "
Dominion", "
Shadowcult", "
Ritual" ou "
Demon", les refrains de "Damned" ou de "
Shadowcult", des textes bourrés de références passées (voire personnelles pour Becerra témoin la tirade "
No One Cares About Your
Disease, I
Will Bow To No
God" de "
Demon" qui émeut lorsqu'on connaît le passé personnel abîmé du bonhomme), la réverbération au micro maintes fois utilisée de nos jours recréée pour l'occasion, ou le fantastique "
Abandoned" aux riffs alternant thrash et death mémorables et d'apparence si consanguins, ou un "The Word" assassin. Chaque titre possède ainsi sa griffe, et imprime de sa patte (le bavard "
Omen", titre le plus mélodique du lot construit pour mettre en avant des textes déclamés par Becerra) un album en tous points inattaquable.
Faisant le pont entre la magie intemporelle de
Seven Churches et l'incision propre à
The Eyes of Horror,
Revelations of Oblivion le bien nommé constitue un retour inespéré, une vraie Madeleine de Proust pour les fans, mais aussi un abécédaire du thrash/death actuel. Ô combien jouissif, cet album recentre le débat entre les deux genres si cousins, et ne pourra que faire l'unanimité auprès des fans d'extrême au sens large. Réellement abouties et mémorables, les compositions forment un magma à l'équilibre magique, qui propulse l'album tout en haut des sorties de l'année à ce stade.
Possessed le maudit atteint ici son
Graal, et ce n'est pas l'hymne "
Graven" (dont on imagine le début incantatoire hurlé à pleins poumons par les fans) ou le déchaîné "
Ritual" qui altéreront le culte porté à ce groupe, à nouveau en odeur de sainteté de toute la scène extrême. Que c'est bon !
Salut Tommy,bon ravis que tu penses comme moi , cet album et vraiment une réussite absolue et moi j'en suis tjrs pas remis hé hé.
Quand j'ai vu que Possessed avait ressorti une gallette, mon 1er réflexe a été de me dire "oh non ils n'auraient pas dû", trop peur d'être déçu par ce groupe mythique. Voyant que Jérôme met un 18/20 sur sa chronique, ça garantit déjà la qualité, alors soit je saute le pas, il ne quitte plus ma platine ce skeud !!! Au même titre que le Undead.
Bientôt un an. Un an que j'écoute ce disque sans relâche et qu'avec quelques aficionados, nous ne pouvons nous empêcher de nous le coller à fond lesd ballons après quelques verres, mais surtout de le propager. A chaque fois, la réaction de l'auditoire est la même: ah oui un nouveau Possessed, oui oui d'accord oui...AH MAIS OUAIS MAIS IL EST TROP BBBBIIIEEENNN!
Et oui, il est parfait ce disque. Je n'aurais jamais imaginé pouvoir retrouver de telles sensations, même si, en live, le groupe restait une véritable tuerie. Mais de là à passer le cap de l'album retour, il y avait un fossé. Tout y est. L'album ultime pour les fans de thrash/death authentique, qui montre que l'on peut rester à la fois old school tout en étant à la pointe de ce qui se fait en métal. Une belle leçon pour les accrocs du Revival!
Je viens enfin de me le procurer ce dernier Possessed et woahou!!Ça dépote sévère plus trash que death à mon sens c'est le digne successeur du cultissime seven churches avec un son plus actuel.Sacré retour ! !
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