L'art est un processus qui se renouvelle sans cesse mais qui finit toujours par revenir à ses fondamentaux, aidé aussi en cela par cette indéfectible nostalgie qui anime tous ces adeptes prompts à ressentir à nouveau les émois de ces premières fois révolus. Tout fanatique de nouveautés que nous sommes, nous restons, en effet, vigilants à la moindre évocation de noms qui, autrefois, furent coupables de nos premiers frissons de plaisirs. Et ainsi n'est-il pas rare, pour ne pas dire systématique, de nous voir régulièrement nous enthousiasmer pour la réapparition d'illustres formations que le temps, le désintérêt et l'oubli auront condamné à un silence, souvent, méritoire.
Au chapitre de ces reformations susceptible d'être magnifiée par cette saine mélancolie, évoquons donc aujourd'hui le cas
White Lion. Certains d'entre nous se souviendront le plaisir que ce groupe nous procura au cœur de ces années 80 aux sons de quelques œuvres pas nécessairement bouleversantes mais éminemment sympathiques (
Pride (1987),
Big Game (1989) et
Mane Attraction (1991)). La suite pour le félin fut, malheureusement, nettement moins glorieuse puisque des dissensions finirent par avoir raison de lui. Et c'est ainsi que d'autres se souviendront davantage de l'épisode
Freak Of Nature dans lequel
Mike Tramp s'investit après cette disparition donnant naissance à deux albums très intéressants (
Freak Of Nature (1993) et
The Gathering Of Freaks (
1994)). A partir de 1995, alors que
Freak Of Nature exhala son dernier soupir, les apparitions du chanteur passèrent presque totalement inaperçu. Il fallut attendre dix sept longues années après le dernier rugissement du lion pour qu'il ne se relève enfin et nous propose d'entendre ce nouvel effort, au nom choisi en allusion à
Pride (1987), du moins peut-on l'imaginer, intitulé The
Return of the
Pride.
Le premier constat décevant concernant ce retour du carnassier est cette apparence trompeuse avec laquelle, d'emblée, il se pare. Car si l'illustre chanteur originel de
White Lion,
Mike Tramp, est bien présent, il est le seul rescapé de l'aventure initiale. En effet, nulle présence ici de son mythique guitariste Vito Brata, de son bassiste James Lomenzo ou encore de son batteur Greg D'
Angelo. Dès lors les pires interrogations naissent. Ce retour sera-t-il empreint de l'âme profonde du groupe ou sera-t-il simplement une illusion honteusement dissimulée derrière un alléchant paravent ? Aurons nous droit au vrai
White Lion ou à un simulacre?
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, malgré l'absence de ceux qui forgèrent toutes les caractéristiques de ce groupe, l'esprit du grand fauve est bien présent. Du moins sa facette la moins musicalement sauvage puisqu'en effet ici nous avons droit à une relecture
Hard Rock très mélodique, voire
Hard-FM, de son visage le plus contestataire. Les griffes du fauve sont donc élimées et des titres tels que les aseptisés
Dream,
Live your
Life, I
Will,
Never Let you Go et Finally See the Light font de la peine à entendre. Bien évidemment,
White Lion n'aura jamais été
Judas Priest et déplorer son manque d'agressivité pourrait paraître saugrenue. Toutefois cette absence d'ardeur est une réelle constance au sein des chansons déjà évoquées et au coeur d'autres guères plus notables. Tant et si bien que l'ennui fini par nous gagner.
De plus, sans dénigrer le moins du monde les aptitudes de ces nouveaux membres, aucun d'entre eux ne semble capable d'insuffler suffisamment de son talent pour faire oublier son illustre prédécesseur respectif. Pire encore, après l'écoute de l'ensemble de cet opus, peu de chose sont suffisamment marquante pour inscrire une quelconque satisfaction tenace en nos esprits désespérément vierges.
Dans cette faillite désastreuse quasi totale, heureusement que des pistes telles que les bons Sangre de Cristo, Set me
Free, Battle at Little Big
Horn et ses atmosphères américano-indienne, Let me Be et la jolie ballade Take me
Home viennent, quelque peu, sauver ce navire d'un naufrage annoncé.
Il faut noter aussi que l'ensemble des refrains composés sur ce
Return of the
Pride sont souvent à la limite de frôler une naïveté assez gênante.
Nul besoin d'en dire davantage. Ce retour de
White Lion s'inscrit comme l'un des plus anecdotiques dans le genre. Venant aisément concurrencer l'inutilité de celui d'
Extreme, il nous navre.
Battle at Little Big Horn est vraiment une super chanson, une de mes préférées de White Lion. Un bon album quand même.
Album plus qu'honorable.
16/20
Voici mon classemnt pour les 5 albums de White Lion:
1) Mane Attraction: 18/20
2) Fight to Survive: 17/20
3) Big game: 16/20
4) Return of the pride: 16/20
5) Pride: 15/20
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