Les choses ne pouvaient pas rester telles qu'elles étaient. Aussi, je prends mon courage à deux mains pour m'atteler à la chronique d'un album qui ne laisse personne indifférent (sauf ceux qui ne l'écoutent pas).
Mais tout d'abord, Code, c'est qui ? Rétablissons la vérité, Code est un groupe norvégien et non anglais, composé d'anciens membres de
Dodheimsgard /
Ved Buens Ende. Alors vous vous en douterez sûrement, ils délivrent un savant mélange de Black metal traditionnel et avant-gardiste.
Leur premier album, "
Nouveau Gloaming" (paru en 2005), avait marqué les esprits à raison. Fort d'une production incisive et profonde, le groupe y délivrait un mélange de black metal accrocheur, de mélodies vénéneuses et de vocaux partagés entre grim horrifiant et chant clair grave et dissonant, dans l'esprit de
Ved Buens Ende.
"
Resplendent Grotesque" aura déçu à tort, et c'est ce que je vais tenter d'expliquer dans ces lignes.
L'album commence grosso modo de la même manière que le précédent opus, à savoir par une rafale de riffs pêchus, des arpèges en cascade, une rythmique tonitruante et une voix grim torturée. Dès l'abord de la première minute, on sait que le mixage de ce "
Resplendent Grotesque" est une nouvelle fois à la hauteur. Au terme des 34mn endiablées qu'il propose, on n'en démordra pas.
Oui, 34mn ça peut paraître court, d'autant que la formation évolue plutôt dans le mid-tempo. Cependant, Code a habilement mêlé structures simples et richesse intrinsèque qui font de chaque titre une pièce à la saveur particulière sans dénoter sur la cohérence de l'ensemble. Ces gars-là ont un savoir-faire indéniable. 34mn, c'est juste ce qu'il faut pour avoir envie de l'écouter une deuxième fois d'affilée.
C'est quand vient le refrain de "Smother the Crones", le titre ouvrant l'album, que la surprise fait son apparition. Ça en aura désarmé plus d'un, et j'avoue qu'il m'aura fallu un temps d'adaptation : La voix claire de Kvohst tape plus haut que sur "
Nouveau Gloaming" et elle est bien plus présente que sur ce dernier, reléguant les cris déchirants (toujours aussi efficaces, soit dit en passant) au second plan.
De même, l'agencement rythmique des morceaux emprunte davantage au rock. Oui, stoner, punk ou psyché, son incursion dans la musique de Code est indéniable. Décontenancé tout d'abord, j'en fus enchanté ensuite tant le virage pris par le groupe est impeccablement mené. Et puis il faut bien le dire, le changement n'est pas diamétral, on est loin de formations comme
Ulver ou
Manes.
Je dirais que Code, avec cet album, se rapproche encore davantage de
Ved Buens Ende ou de leurs cousins de
Virus (fondé par Carl Michael Eide, autre membre de
Ved Buens Ende et
Dodheimsgard, qui apparaît en guest sur l'album). Il suffira pour s'en convaincre d'écouter les refrains hypnotiques de "In the Privacy of your Own
Bones" et "The Rattle of Black Teeth", à la fois beaux et dérangeants, traversés par des chants envoûtants nous entraînant dans leur chute sereine.
Avec le quatrième titre, "
Possession of the Medicine", Code ravira les amateurs d'
Aura Noir, nous offrant quelques minutes d'un black oldschool lorgnant vers le thrash et le punk que ne viendra parasiter aucune note claire.
Le contrepied est vite consommé avec "Jesus Fever", que Kvohst survole de manière impressionnante, avec cette voix qui noue les tripes et cette rythmique qui ne faiblit pas, nous plongeant dans une apocalypse grandiose.
Sur "A Sutra of
Wounds", le chant devient psychédélique, rappelant celui d'un Robert Wyatt, c'est vous dire combien il revêt la peau du
Serpent des Origines, l'apparence d'un doux fruit pourtant gorgé d'acide.
J'ajouterai que le travail accompli par
Viper (alias Vicotnik) à la basse est tout bonnement stupéfiant, et parfaitement accompagné par des murs d'arpèges désarmants et une batterie qui raffole des accélérations/décélérations prenant de cours (exit l'ex-batteur d'
Ulver, AiwairikiaR, pour faire place à celui d'
At The Gates,
Adrian Erlandsson).
Bref, que vous ayez été déçu la première fois ou que vous n'ayez pas encore sauté le pas, jetez-vous y à corps perdu et sans a priori. Après tout, si "
Resplendent Grotesque" n'est pas la surprise que Code réalisait avec "
Nouveau Gloaming", il est une évolution ambitieuse d'un groupe qui, on l'espère, sera prolifique et toujours étonnant.
17/20
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