Augur Nox

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15/20
Nom du groupe Code (UK)
Nom de l'album Augur Nox
Type Album
Date de parution 19 Novembre 2013
Style MusicalBlack Metal
Membres possèdant cet album10

Tracklist

1. Black Rumination
2. Becoming Host
3. Ecdysis
4. Glimlight Tourist
5. Garden Chancery
6. The Lazarus Cord
7. The Shrike Screw
8. Trace of God
9. Harmonies in Cloud
10. White Tryptych

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Code (UK)


Chronique @ Icare

08 Mai 2014

Un album abouti qui plaira incontestablement aux amateurs de musique aventureuse et expérimentale

Brève présentation de rigueur : Code est un groupe de black basé à Londres comportant en son sein deux éminents protagonistes de la scène black progressive norvégienne, avec Kvohst (Dodheimsgard) au chant et Vicotnik (Dodheimsgard, Ved Buens End) à la basse.
La formation sort deux albums très bien accueillis en 2005 et 2009, qui nous offrent un black avant gardiste et alambiqué, et nous revient en 2013 avec son petit nouveau, Augur Nox.

Lorsque les premières notes de Black Rumination résonnent, on pense immédiatement à Thou Art Lord, avec ces riffs saccadés et cette ambiance sulfureuse et blasphématoire portée par ces guitares mélodiques au feeling grec, mais on comprend rapidement qu’on a retrouvé le plus norvégien des groupes de black anglais : riffs dissonants et tordus, basse bourdonnante et incontrôlable qui semble partir dans tous les sens, vocaux clairs et théâtraux qui rappellent parfois Garm ou Vortex, rythmes alambiqués et techniques imbibés de la schizophrénie délectable d’un Coroner, soli de toute beauté qui viennent éclabousser de leurs notes limpides le noir charnier de ces riffs malsains et rampants qui tissent insidieusement la toile de fond de cette musique décidément insaisissable, cet Augur Nox est clairement expérimental, et on sent que les Anglais explorent à fond leurs envies musicales sans se poser de barrière et suivent simplement leur feeling de musiciens.

La musique de Code s’appuie sur des riffs sombres et graves, particulièrement saccadés (Black Rumination, Ecdysis, The Shrike Screw), pour un rendu moderne et technique, aux relents polyrythmiques et schizophrènes, un ensemble très froid et aseptisé, parfois à la limite d’un indus glauque (le début de Garden Chancery nous délivre quelque chose de froid, sourd, inquiétant, qui se mue en quelque chose de terriblement entraînant et prenant sur le refrain), hypnotique dans son exécution parfaite, dont l’aspect déshumanisé est renforcé par une basse claquante et une batterie lourde et métronomique aux échos sourds. Néanmoins, le tout ne manque pas de profondeur, notamment grâce à ces arpèges et ces trémolos black plus tordus et discrets, ces soli effervescents qui viennent rajouter une couche de mélodie et de musicalité à l’ensemble (Becoming Host, The Lazarus Chord), et ces vocaux habités aux humeurs impalpables, qui s’imposent comme le véritable fil conducteur de ces dix titres (Dx ; et Rx ; étant des interludes ambiant nébuleux). Les Anglais explorent parfois des chemins plus conventionnels, proposant quelques passages noirs, rampants et charbonneux (The Lazarus Chord, sorte de ballade black toute en finesse partagée entre un chant clair vibrant d’émotions et des hurlements blacks maladifs, avec son refrain vraiment hypnotique et cafardeux, au riff rappelant presque Opeth). S’il fallait oser une comparaison, on pourrait parler d’une assise black quelque part entre Shining et Mayhem, le tout saupoudré d’une folie décomplexée et déstructurée à la Ved Buens Ende, le sens mélodique et le feeling progressif d’un Opeth, et la maîtrise technique froide et martiale de groupe comme Coroner. Etonnant, non ?

Le capharnaüm auditif se poursuit sur Becoming Host, avec un enchevêtrement de riffs tordus, aux rythmiques tantôt hachées et saccadées, tantôt plus fluides, transcendées par ces petites notes de guitares aux relents de black orthodoxe qui, sur le refrain, brillent comme mille diamants noirs. Les vocaux sont toujours aussi polymorphes, tiraillés entre les parties black classiques et les passages chantés, spontanés, à l’émotion palpable, variant passages agressifs, envolées baroques un brin allumées et chœurs graves et solennels.
S’il n’est, au premier abord, pas facile de se raccrocher à quelque chose dans cet univers complexe qui donne parfois l’impression de partir dans tous les sens, on parvient toujours à s'y retrouver grâce au talent musical de ses auteurs et à cette rythmique marquée qui nous donne un repère auditif notable. Le plus étonnant, c’est que dans cette folie organisée, certains passages particulièrement inspirés s’impriment directement dans notre cortex (le refrain hanté de Garden Chancery, celui, plus lancinant, de The Lazarus Chord, aux guitares très typées grecques, le titre Harmonies in Cloud tout en sensibilité et en mélancolie) et on avance ainsi dans le noir à la lueur de ces quelques fulgurances, guidé par les pulsations dansantes de la basse et de cette batterie métronomique le long des structures labyrinthiques dans lesquelles Code se plait à nous égarer.
L’album se termine sur un White Triptych résolument black et sombre avec ces riffs envoûtants et sournois, cette lente montée en puissance appuyée par la double, ces chœurs fantomatiques qui résonnent comme des voix mortes et ces chuchotements à la Kvarforth flottant sur des arpèges mélancoliques pour une envolée finale portée par la superbe voix et les hurlements possédés de Kvohst, qui viennent fusionner sur un blast timide, le seul de l’album.

Augur Nox est un album abouti qui plaira incontestablement aux amateurs de musique aventureuse et expérimentale, il risque en revanche d’être plus difficile à appréhender pour les auditeurs habitués à un metal plus classique. Même si les qualités musicales et techniques du combo sont évidentes et que l’ensemble est finalement assez fluide pour le genre, le tout risque tout de même d’être un peu indigeste pour les néophytes, et les amoureux du black le plus brut et émotionnel déploreront peut-être un certain manque au niveau des ambiances, trop éclatées et schizophrènes pour être vraiment immersives et parfois un peu éclipsées par la performance des musiciens. Ceci dit, est-il vraiment judicieux d’adresser de tels reproches à un album de black avant-gardiste ? Qu’on se le dise, le propre du Code est justement d’être difficile d’accès et ardu à décrypter afin de préserver les trésors que ses entrailles renferment pour les rares initiés…


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