Depuis
2012 et un
Unleashed que, personnellement, j'avais trouvé plutôt anecdotique, les vétérans Suisses d'
Emerald n'avaient pas vraiment fait parler d'eux. Ils étaient même restés très discrets. Mais alors très très discrets. Tant d'ailleurs que d'aucuns n'auraient pas hésité à parier sur la disparition pure et simple comme l'explication la plus plausible d'un tel mutisme. En réalité il n'en est rien et en cette année 2017 voilà que nos six Helvètes refont surface s'apprêtant à sortir leur 7ième album,
Reckoning Day, toujours encore soutenus par le label
Pure Steel Records.
Bien évidemment une absence "discographique" aussi longue est souvent synonyme de contretemps, d'embuches ou de mutations. Voire même de tout à la fois. La vie trépidante normale d'un groupe en somme.
S'agissant d'
Emerald, sans entrer dans tous les détails de ce parcours chaotique, évoquons au moins l'un des changements les plus importants qu'il a eu à subir, à savoir celui de son chanteur. Après le départ de Thomas L. Winkler (
Gloryhammer...), le sextet recrute donc l'Américain George Call (
Omen,
Aska...). Malheureusement la distance qui sépare les Fribourgeois du vocaliste étatsuniens d'origine panaméenne va sacrément compliquer la tâche à tout le monde. Au bout de deux ans, d'un commun accord, sans cris et en bonne intelligence, cette collaboration laborieuse cesse. Il faut donc lui trouver un remplaçant. Et c'est finalement le Suisse
Mace Mitchell qui obtiendra le poste.
Pour en revenir à ce nouvel opus, il faudra absolument, en premier lieu, en évoquer le son qui sera sans commune mesure avec celui de son prédécesseur. V.O. Pulver (à qui l'on doit celui de certains travaux de
Pro-Pain,
Gurd et autres
Destruction, pour ne citer que ceux-là) l'aura, en effet, doté d'un environnement sonore propice à ce genre de démonstration où la puissance doit pouvoir s'épanouir. Et c'est le cas. Et c'est tant mieux vu qu'
Emerald a ici légèrement durci le ton de son Heavy
Power Metal aux accents parfois
Power US. Toutefois, même si le groupe a, un peu, radicalisé son propos, il n'a pas totalement abandonné son visage le plus mélodique. Pour preuve ce premier morceau, Only
The Reaper Wins, dont certains passages nous font immanquablement penser à
Primal Fear, et donc à
Judas Priest, et dont les refrains, peut-être un poil trop mélodiques, seront pourvus de voix écorchées typées "core" (avec les guillemets qui s'imposent vu mes lacunes dans le genre).
Black Pyramid,
Through the
Storm ou par exemple
Trees Full of Tears seront plus équilibrés donnant un peu moins dans la musicalité trop harmonieuse et dépourvues de ces virgules empruntées aux autres genres plus radicaux (si tant est que le Hardcore moderne soit un genre radical).
Des chansons plutôt réussies donc mais qui n'augureront en rien de la surprise que sera l'excellent
Evolution in Reverse aux séquences extrêmement nerveuses et véloces où
Mace nous proposera une interprétation suraigüe digne de Sean Peck, voire de Rob
Halford. Des passages qui n'auront rien à envier aux plus fougueuses envolées des Cage ou du
Judas Priest de la période Painkiller. Des passages magnifiquement contrastés par des refrains superbement mélodiques qui viendront parfaitement aérer ce morceau. Dans un état d'esprit un peu similaire,
Horns up, Ridden by Fear,
Reign of Steel malgré une entame piano très nonchalante, et
End of the World viendront, eux aussi, délicieusement nous bousculer.
Que du bon en somme?
Pas vraiment. Signum Dei et
Beyond Forever viennent un peu gâcher la fête. Ces deux ballades, et surtout la seconde, seront vraiment, mais alors vraiment, très dispensables. Décidément je ne comprendrais jamais ce besoin impérieux que ressentent les groupes à composer ces moments de bravoure dédiés à la boulversitude et à l'émouvance. Surtout en de telles proportions. Une c'est déjà de trop selon moi. Alors deux...voire trois...voire plus...
Au final,
Reckoning Day est donc un opus plus homogène que ne le fut
Unleashed pourvu d'une bien meilleure production et faisant la part belle à la facette la plus extrême d'
Emerald. Ce qui, soit dit entre nous, surtout pour ce dernier point, n'est pas pour me déplaire. Mais alors vraiment pas.
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