Liste des groupes Thrash Metal Deathstorm (AUT) Reaping What Is Left

Deathstorm fait partie de la vague revival européenne du thrash, coloration Kreator tant dans les riffs abrasifs comme le groupe de Petrozza et Reil en pondaient par paquet de 12 dans ces jeunes années, que par les vocalises abrasives de leur vocaliste, Marco Stebich. Venu au monde au début des années 2010 et fort de quelques splits/E.P et de deux albums studios, le quatuor Autrichien sort chez High Roller Records son nouveau méfait, le bien nommé Reaping What Is Left en cette fin de mois de mai 2018.

Peu ou pas d'évolution notable chez nos natifs de Stainz, le groupe se fend toujours d'un thrashmetal énervé empruntant toujours autant chez les voisins allemands, à base de breaks et de riffs abrupts ("Ossuary Darkness" et ses relances), original comme un sandwich McDonald. L'album et ses 33 minutes, produit avec un matériel analogique pour la batterie de Manuel Roxeis, remplit parfaitement l'abécédaire de l'album de thrash, un peu à la manière de Suicidal Angels, pour situer le niveau et le genre. Plus sec dans le riffing que les Grecs qui usent et abusent de riffs Slayeriens, Deathstorm ne boude pourtant pas le groupe californien, mais reste majoritairement allemand dans la forme (notons quand même l'effrené "By Sword, By Pick, By Axe" totalement à mi-chemin entre les deux écoles au fil du morceau, ou "Unholy Lamentations" et son début typique de la paire King/Hanneman), se rapprochant de groupes obscurs de l'ancienne RFA genre Minotaur (dont on salue le retour ici). Ne vous fiez donc pas à l'introductif ambiant "The Reaping" qui trompe son monde, et qu'on aurait presque pu écouter sur un album de Dead Can Dance, immédiatement contrebalancé par le rageur "Agent of Dismay", qui annonce cette orientation Slayerienne dès le milieu du morceau.

Comme chaque sortie ou presque de Deathstorm (la compilation des EP Storming the Gallows reste peut-être son meilleur travail), on ne s'attardera pas sur le caractère exceptionnel des morceaux, tous de bonne facture, sans atteindre le génie ni l'excellence. Parfois entraînant ("Unholy Lamentations" et sa partie rapide), Reaping What Is Left ne débande jamais, ne s'octroyant que de rares moments d'accalmie, comme tout album de thrash furieux qui se respecte. Tout au plus noterons-nous quelques passages de ci de là plus ambiancés et mid-tempi (à la Slayer, y compris dans certains soli), afin de rendre les structures plus lisibles ("G.R.L.") ou malsaines, même si parfois tout ceci tape un peu dans le vide.

N'y allons pas pas quatre chemins, si Deathstorm s'est un tout petit peu assagi, et un (gros) poil Slayerisé il faut bien le dire, Reaping What Is Left reste un album honnête de thrash typique à l'allemande millésime 87-89, influence Kreator. Mais, sans arriver à s'extraire de manière incontestable de la masse, et en arrivant quelque peu après la bataille, Reaping What Is Left conviendra uniquement aux inconditionnels du thrash énervé susceptible de faire revivre les années bénies où énergie et exécution sans pitié étaient les maîtres mots des musiciens de l'extrême.