Progrès (n. m.) : Transformation vers le mieux dans un domaine particulier, évolution vers un résultat satisfaisant.
On ne pourrait mieux résumer
For Dread Shall Reign à l'écoute du nouvel album des Autrichiens de
Deathstorm. Forts de quelques sorties ces dernières années, résumées dans la chronique de l'album précédent,
Reaping What Is Left, en ces pages, ce groupe n'avait jamais autant séduit. Il s'agit sans doute de la meilleure livraison des thrashers, tout au long des 9 morceaux pour plus de 38 minutes d'un thrash intense et rageur. Sans changer son fusil d'épaule stylistiquement,
Deathstorm a trouvé une inspiration bienvenue, sans sacrifier à l'intensité du thrash le plus pur. D'inspiration toujours proche du
Kreator de la fin des 80's,
For Dread Shall Reign est un album retentissant, fort de titres voraces, très majoritairement rapides, et teigneux comme un chien enragé. Si ce n'était que cela, rien ne le différencierait réellement de la masse qui sort dans le genre, ou même des livraisons précédentes des Autrichiens, mais, ici, chaque titre possède sa patte, sa griffe acérée qui marque jusqu'au sang, digne des maîtres du genre, rendant les écoutes hypnotiques et foutrement jouissives, à l'image d'un
Terrifier, dans le même genre, voire d'un Detherous.
L'écoute au casque fait sensation, avec riffing alterné dès l'opener "Unforgotten
Wounds" qui déboule sans crier gare autrement que par son pattern introductif. Avec une production abrasive et qui ne noie aucun instrument (un régal que cette batterie dont les peaux semblent si proches), basse comprise,
For Dread Shall Reign assène ses riffs et martèle ses thèmes dans un maëlstrom qui renoue avec les codes du genre. Ainsi, tout au long de chaque titre, on retrouvera ce qui séduit tant de fans à l'écoute d'un
Extreme Agression (
Kreator) ou d'un
Dark Angel sans fioriture. Les plans se succèdent sans fausse note, et à l'ère des productions aseptisées et des albums qui se ressemblent quelque peu, le thrash AOC de
Deathstorm (qui n'a jamais aussi bien porté son nom) fera figure de madeleine de Proust pour ceux qui ne jurent que par la fin des 80's.
Parmi cette base où rien n'est à jeter,
Deathstorm n'oublie pas de parsemer son thrash abrasif de fulgurances ou de trouvailles instrumentales qui tirent vers le haut l'ensemble. Citons dans le désordre le riffing qui lance l'hymne "Bloodlusted" entêtant au possible, sa relance à 1'20" ainsi que son développement, les lancinances de "Toxic Devotion" et ses vocaux arrachés, la structure heavy remarquable du plus mélodique "Sulphuring Scents", l'intense "Ripping
And Tearing" qui tabasse tel un marteau-piqueur (l'influence
Demolition Hammer est d'ailleurs ici palpable, comme sur le phrasé de "Toxic Devotion") avant son lead fabuleux à 2'50" et son final débridé, les roulements de toms et riffs façon
Dark Angel/
Slayer qui inaugurent et parsèment l'abrasif "The Mourning
Funeral Deaths" (le riff à 2'20", aïe les dents, et son final teigneux) ou le cri rageur en plein "
Human Individual
Metamorphosis", titre riche d'un solo de toute beauté qui clôt l'album de belle manière. Bref, c'est la foire au jambon ici. Ajoutons un chant aboyé typique du genre (école jeune Petrozza), une alternance entre tempi bienvenue utilisée avec modération toutefois (le début plus heavy du superbe "Stygian Black") et l'ensemble fera mouche à coup sûr chez les thrashers quelque peu déçus par les livraisons récentes des cadors du genre.
Quelques défauts mineurs comme le fade-out de "Sulphuring Scents", mais rien qui viendra ternir la haute tenue d'un album qu'on attendait plus de la part des Autrichiens. En citant ici quasiment chaque titre parmi les 9 morceaux proposés, nul doute sur l'inspiration du groupe, comme trouvée par magie. Apparu au début des années 2010,
Deathstorm a ici trouvé son album-étalon. Avec une intensité jamais démentie,
For Dread Shall Reign trouvera sans doute une place de choix dans les Tops thrash de fin d'année, réveillant quelque peu un style parfois en roue libre.
Dire que j avais hesité lors de ma commande sur le label
Et moi dont... Je l'ai vu chez mon disquaire et je l'ai pas pris, j'espère que la prochaine fois il y sera toujours...
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