Il y a toujours eu des musiciens très prolifiques, et ce dans n'importe quel type de musique. Alors que certains prennent le temps de peaufiner leurs compositions tout en espaçant considérablement les dates de sortie, d'autres trouvent le moyen de composer sans relâche jusqu'à ce qu'album s'en suive. Certains connaissent sans doute
Senmuth, auteur d'une vingtaine d'albums digitaux par an (à ce jour le multi instrumentiste le plus productif). Mais on connaît moins le Canadien de
Tyrant of Death.
Ce projet qui, à la base, était un projet solo, est rapidement devenue une entité bicéphale courant 2011, l'année la plus chargée pour
Tyrant of Death. Si 2010 avait prouvé que le combo était capable du meilleur comme du pire, l'année suivante aura été l'année de la révélation, avec une série d'albums allant de «
Parasite » à « Alice's Heroin
Wonderland ».
Il y a à boire et à manger dans ce que fait
Tyrant of Death. Comprenez par là que toute la discographie du Canadien n'est pas forcément parfaite. Si les fanatiques y voient la naissance d'un nouveau génie, il s'avère que ce génie peut, à la fois, être en panne ou en période de grande inspiration. Mais tout tourne autour d'un style musical en particulier : le cyber/math metal. En effet, depuis le début, le multi instrumentiste Alex a opté pour une musique mathématique, ultra polyrythmique et aux tonalités djent, parradée d'éléments mécaniques, synthétiques, froids et robotiques pour un résultat déstructuré, technologique et plus ou moins futuriste. On peut donc y voir le célèbre mélange
Fear Factory/
Meshuggah,
Tyrant of Death se rapprochant de ce fait de
Sybreed sans la New Wave, de
The Interbeing sans l'alternance de vocaux, et de Bypass sans le côté jeu vidéo.
Si les débuts se trouvaient sous le signe de l'instrumental, l'arrivée du chanteur tunisien Lucem Fero a permis à
Tyrant of Death de s'octroyer quelques morceaux chantés afin de mettre en valeur ce coté hyper déshumanisé et mécanique. Cela reste encore le cas sur le nouvel opus, « Re
Connect », cinq mois après la sortie de « Alice's Heroin
Wonderland ».
L'album reprend là où le premier «
Connect » s'était arrêté, l'expérience en plus.
Tyrant of Death ne change pas ses habitudes, nous offrant un artwork une fois de plus mécanique et robotique, symbole du futur de l'humanité. Musicalement, on est de nouveau proche des anciennes sorties, avec ce côté post apocalyptique et décadent, mis en valeur sur l'introduction de « Fibers of
Destruction » et sa phrase d'accroche « You've been living in a dreamworld here...this is the world as it exists today » suivie de riffs polyrythmiques à s'en exploser la tête.
Tyrant of Death nous gratifie toutefois d'une introduction ambiente, «
Enigma Equation », aussi cybernétique que possible, idem sur un « Transmogrification » très cyber/math où les riffs syncopés à la tonalité djent côtoient le chant torturé de Lucem Fero. La batterie mécanique nous en fait voir de toutes les couleurs avec ce déferlement incontrôlable et ces sonorités électroniques à l'arrière goût d'acier. On ne croirait pas qu'un humain ait composé ça tant c'est machinisé.
Si « Lick the
Frequency » joue sur les ambiances et ce côté lourd (avec, en prime, la mélodie de la chanson de l'alphabet en plein milieu), « Materialised Ignorance » amorce avec quelques rares notes de piano et une voix de femme synthétique. Idem pour « The Subjugation of Man », futuriste et cybernétique au possible.
Malgré tout cela, il y a bien quelque chose (voire même plusieurs choses) qu'on peut reprocher à
Tyrant of Death : sa trop grande linéarité. Le Canadien aura tellement composé qu'on sent que sa musique tend à tourner en rond. En plus de ça, les riffs carrés et techniquement djent ne peuvent qu'accroître cette sensation de répétitivité tout au long des morceaux, si bien que trop de djent tue le djent : la suite de la carrière de
Tyrant of Death s'annonce imbuvable si le musicien continue sur cette lancée. Il va falloir penser à diversifié son jeu et ralentir la productivité s'il veut garder son public en haleine aussi longtemps que possible. Preuve en est, la reprise du «
Hell Is Here » d'
Ektomorf (crossover hongrois) se veut être un des meilleurs morceaux de ce « Re
Connect » avec cette version cyber/math très travaillé et ce côté très décadents et synthétique. Un vrai régal, surtout quand arrive le final prenant. Meilleur que l'original mais justement, ce n'est pas une originale du Canadien...
Tyrant of Death arrive quand même à faire une musique qui se repère parmi cette flopée de groupes de djent. Idem en ce qui concerne le cyber, il a de quoi se démarquer, proposant même une des meilleures mixtures du genre. Ce qu'on lui reproche le plus, c'est la répétitivité, malgré cet aspect extrême dans l'enchaînement des riffs et cette expérimentation sans faille. Toutefois, si vous appréciez le mélange math et cyber avec les tonalités djent, vous ne risquerez pas de perdre votre temps, à moins que vous connaissiez la discographie complète de
Tyrant of Death, auquel cas vous ressentirez cette baisse de régime...
Je me fais vieux hé hé hé
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