Ca fait presque un an qu’Alex Rise ne nous avait rien concocté avec son projet
Tyrant of Death, lui qui nous avait habitué à sortir deux, trois voire quatre albums dans l’année. Il semblerait donc que le Canadien ait réduit la cadence, et ce ne serait pas un mal, puisqu’à trop vouloir en faire, il tombait dans son propre piège : les morceaux, en plus d’être redondants, manquaient d’âme et d’atmosphère. Espérons donc qu’il a compris la leçon et qu’il est en passe de retrouver sa personnalité et tout son savoir-faire.
«
Nuclear Nanosecond » fait donc suite au moyen «
Cyanide ».
Tyrant of Death ne change pas sa marque de fabrique puisqu’une fois encore, on se retrouve avec un cyber math bourrin où les tonalités djent et les passages alambiqués sont les rois.
Pas loin d’un « Slave Design » de
Sybreed, la musique du Canadien est tout de même plus brutale, notamment dans le couple riff/batterie, qui écrasent comme un rouleau compresseur.
Il s’agit avant tout du travail d’un multi instrumentiste qui s’en donne à cœur joie : on sent qu’il a pris plaisir à composer ce «
Nuclear Nanosecond », plus expérimental et souvent barré dans les mélodies à la guitare. Il n’a pas non plus lésiné sur les bidouilles cybernétiques et les nappes de claviers enveloppantes. Une fois encore, il nous dépeint le futur funeste de l’humanité à coup d’enrobage électronique, de martèlements incessants, de riffs torturés et de passages ambient inquiétants. Dommage qu’il n’y ait pas de vocaux cette fois-ci (normalement effectués par Lucem Fero) pour donner non seulement de la profondeur mais aussi une autre dimension aux morceaux. Il faudra se contenter d’un ensemble totalement instrumental.
Un bon album instrumental est un album dans lequel les voix ne deviennent pas forcément nécessaires et dans lequel l’instrumentation suffit à elle-même. Les titres doivent s’enchaîner de façon fluide, sans susciter l’ennui ou montrer une quelconque redondance.
Tyrant of Death a souvent montré qu’il lui était souvent difficile de faire face à cet obstacle. « ReConnect » et « Cynanid » sont des exemples parmi tant d’autres. Sur ce «
Nuclear Nanosecond », toutefois, il arrive à donner à chaque titre une identité : il y a toujours un moment, un riff, un élément aux claviers ou une bidouille qui saute à notre oreille. L’introduction, par exemple, est très réussie puisqu’elle arrive à nous embarquer dans l’univers futuriste, digital, pessimiste et noir de
Tyrant of Death : une première partie principalement ambiante et inquiétante puis une seconde partie plus violente, grâce à l’arrivée des guitares. L’éponyme aussi est une petite pépite puisque le tranchant des guitares se mélange à une batterie technique et à des sonorités à l’arrière goût d’acier : c’est mécanique, violent mais aussi mélodique lorsque la guitare devient la guide.
« Calculate
Demise » met le paquet sur l’ambiance et sur des touches électroniques qui ne peuvent qu’attirer notre attention : mélangé aux guitares, à certaines distorsions et surtout aux nappes, le rendu est impeccable. Si les titres sont souvent très rapides et bourrins, certains restent plus lents et plus atmosphériques comme «
Return to
Destruction », lui aussi très immersif, ou « When Our Time Is Up We Shall Tremble the
Earth », plus mid tempo.
Malgré tous ces bons points, l’album peut être difficile à digérer si on n’est ni dans les bonnes conditions, ni amateurs de polyrythmie, les syncopes étant malheureusement redondantes. Toutefois, «
Nuclear Nanosecond » est un opus qui montre qu’Alex Rise a enrichi ses compositions et qu’il a repris du poil de la bête. Un des meilleurs du Canadien, sans aucun doute.
Trame sonore de carmageddon 2.0
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