La beauté se rencontre sur Terre comme sous Terre. Après nous avoir fait visiter les recoins de la Forêt-Noire, l’une des régions les plus enchantées et célèbres d’Allemagne, «
Finsterforst » nous entraîne dans un univers fait de cavités et de rochers. On passe de la luxuriance du monde végétal aux mystères non-élucidés du monde minéral. Leurs deux premiers albums «
Weltenkraft » (2007) et « …Zum Tode Hin » (2009) leur avaient permis d’obtenir une bonne notoriété dans le milieu folk/pagan. Même si cela est en grande partie dû à leur idolâtrie pour le groupe finlandais «
Moonsorrow », jusqu’à miser également sur des titres particulièrement longs. Leur musique pouvait alors se décrire comme un mix entre «
Moonsorrow » et le confrère teuton «
Equilibrium », entre spiritualité et impertinence mélodique. C’est ce qui conférait la personnalité de «
Finsterforst » et l’engouement du public pour cette formation. Preuve de cette gloire naissante, la signature chez l’éminent label
Napalm Records, qui aura flairé le bon filon, pour leur troisième album, «
Rastlos ». L’or prélevé dans le sous-sol peut acheter les hommes, mais peut-être pas toutes les richesses que nous offrent gratuitement la surface. «
Finsterforst » met un pied sous Terre.
Pourquoi faire autant allusion au milieu souterrain pour cet album ? Ce sont ces sensations de profondeur, de lourdeur, mais aussi de solidité rocailleuse, qui renvoient à cette idée. « Nichte als Asche » débute d’ailleurs par des sons que l’on croirait issus de l’intérieur d’un volcan. Très vite on en vient à une musique à la fois pesante et contemplative, à grands renforts d’airs cuivrés. La patte de «
Moonsorrow » est reconnaissable entre mille. Le chant et l’accordéon, arrivant tous deux après 3:40 minutes, ne se feront pas vraiment attendre. Ils ne tiendront qu’un rôle secondaire, voire optionnel. C’est incroyable de se rendre compte que ce sont les chœurs et la batterie qui animent véritablement cette piste. L’aspect atmosphérique et la mélancolie latente offrent une image que l’on avait peu croisé jusqu’alors chez «
Finsterforst ». Le bémol c’est que la musique des allemands a perdu en fluidité et en diversité. « Ein Lichtschein » révèle des éléments guère différents au premier morceau de l’album. Tout n’est ici que flottement et aspiration spirituelle. Le rythme lent laisse champ libre aux chœurs guerriers. Au bout de la septième minute, quelques accélérations et airs joyeux d’accordéon nous sauveront momentanément de la lassitude. Le titre passerait presque inaperçu, s’il n’avait pas eu cette belle et féérique ambiance minérale sur sa toute fin. Nous nous laisseront transporter par ses doux airs cristallins, nous menant directement à « Rast », titre entièrement composé de sons prélevés à la nature. Le ruisseau qui y coule n’est pas sans rappeler celui entendu en seconde partie de « Nebo Khmuroye Tuchi Mrachnyye » d’«
Arkona ». On y retrouve également des chants d’oiseaux. Quand on est décidé à ne pas faire dans l’originalité, on le fait jusqu’au bout.
Rien de proprement innovant. Loin de se révéler aussi imaginatif que lors des deux premiers albums, le groupe alourdit sensiblement ses compositions. La finesse et ambivalence des précédents opus n’en sont pas pour autant totalement écartées comme l’atteste le très riche « Fremd », où l’accordéon, par ses mélodies radieuses, y prend une place plus importante. De même le majestueux « Stirbt Zuletzt » donne des couleurs à ce disque quelque peu terne. La dimension épique y est renforcée. Les chœurs prennent des intonations à la «
Heidevolk », apportant en relief. Le morceau s’étale cependant en longueur et les espoirs de grand hymne s’amenuisent au fil des minutes écoulées. Nous continuerons à nous interroger à l’écoute de « Flammenrausch », qui prendra lui une tournure un brin plus abrasive. Celle-ci finira par se rabattre au profit des sons cuivrés et de chœurs, qui se seront décidément accaparés du volume.
Oliver Berlin, le nouveau membre de cette formation, tentera tant bien que mal de se révolter de pousser son chant rageur dans des ouvertures chaotiques produites par la batterie. Mais les chœurs ont à chaque fois le dernier mot. Après que les guitares finissent progressivement par se taire, ce sont les craquements rocheux du centre de la Terre qui clôtureront «
Rastlos ».
Des questions se posent devant une œuvre qui pourrait nous apparaitre comme une énigme. Beaucoup se laisseront appâter par la grandiloquence musicale du produit au premier abord, qui est indiscutable et parfois alléchante. Mais, il faut aussi regarder en arrière pour se rendre compte que «
Finsterforst » a réduit sa part mélodique et folklorique, pour suivre de plus près encore l’omnipotent «
Moonsorrow », sans pour autant parvenir à l’égaler. Les paysages sont certes ravissants, grandioses même, mais donnent une impression de déjà-vu. On croyait «
Finsterforst » doué d’une force sans pareil, prêt à surprendre et à rivaliser avec les dieux du Nord. Ce n’est encore qu’un demi-dieu, actuellement livré à une ivresse des profondeurs.
14/20
Franchement ça me trou le c... de lire des choses pareilles !!
Messieurs les chroniqueurs et commentateurs, je sais déjà ce qu'on va me répondre :" oui, mais nous c'est la musique qui nous intéresse, c'est l'aspect artistique, bla bla bla ..."
Vous oubliez trop souvent de commenter les textes et ce que les chansons ont à dire, et je trouve ça bien dommage ...
A bon entendeur ...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire