Cet album est à la fois étrange et enthousiasmant. Il associe cette continuité blues rock qui a fait le succès de deux albums précédents et des ambiances à l'atmosphère psychédélique, voire spatiales, dont
Nazareth a du mal à se détacher. Il faut dire que, depuis leur premier opus, les Ecossais ont toujours été tentés par des expérimentations musicales.
Le coté blues rock, pour ne pas dire hard blues, on le retrouve sur des titres comme «
Silver Dollar Forger », un boogie bien énergique, sur « Glad When You're Gone », un morceau plus rock’n’roll, et évidemment sur le single «
Shanghai’d in
Shanghai » qui est fait pour vous entrainer et battre le rythme…. Dans le même esprit, on peut ajouter «
Jet Lag », un morceau qui sent bon les seventies avec sa guitare manipulée et tordue, aux riffs très blues et aux intonations de rock sudiste.
Si le blues rock reste la base de tous les extraits de cet album, les Naz, comme ils aiment souvent le faire, intègrent dans leurs compositions des ruptures et des moments planants. C’est le cas de « Love and
Lost » ou « Light My Way » au tempo lent qui conservent une ambiance très atmosphérique, voire psychédélique. Mais dans le genre, c’est « Shapes of Things - Space Safari » qui obtient la palme. C’est une reprise des Yarbirds « Shapes of Things » qui se transforme en une sorte de space rock étrange, « Space Safari ». Finalement, le titre que je préfère est peut-être « Sunshine », une ballade quasi folk. Je trouve que la voix de Mc Cafferty y est moins écorchée et plus sensible.
Après cette présentation rapide du contenu musical, il est temps de revenir sur le contexte de la conception de l’œuvre. Il faut d’abord saluer la performance de nos Scottish, puisqu’il s’agit de leur 3ème ouvrage en un an : mai 1973, c’est la sortie de «
Razamanaz » ; novembre 1973, c’est au tour de «
Loud and Proud » et fin avril 1974, «
Rampant » sort en Grande Bretagne. Il clôt ainsi la trilogie produite par Roger Glover.
Sans, évidemment nier le talent des musiciens, on peut considérer que
Nazareth doit en grande partie à Roger Glover sa reconnaissance dans le monde du rock. En effet après les succès des deux précédents albums, les Naz se sentent plus sûrs d’eux et plus libres. Ils sont désormais devenus des « icônes » en Ecosse et jouent dans de plus grandes salles. Ils se permettent même de refuser des night-clubs. Pourtant, c’est lors de l’enregistrement de cet opus que la fracture s’opère avec le bassiste de
Deep Purple. Des dissensions se font jour entre certains membres du combo et Roger Glover. Il semblerait que ce dernier ait compris qu’il ne pouvait plus autant influencer la musique du groupe et préfère laisser exprimer leur créativité. D’ailleurs, le groupe estime qu’il peut se dégager de la pression du label et tenter d’autres choses que le hard rock dans lequel il a l’impression d’être cantonné. Mais comme les musiciens gardent les pieds sur terre, ils nous ont donc proposé un opus qui, tout en s’aventurant dans des titres moins faciles d’accès, garde des morceaux bien plus heavy. Ils sont alors persuadés, après le succès de leur tournée précédente aux Etats-Unis, que les radios américaines vont apprécier le côté « énergie électrique », de «
Rampant ».. En fait, cet album marchera bien moins que les deux précédents efforts.
Il est vrai qu’il ne s’agit probablement pas du meilleur opus de cette formation. Même si les tentatives expérimentales sont intéressantes, elles sont déjà datées, même pour l’année 1974, et on pouvait espérer quelque chose de plus percutant ou plus innovant. Il reste que cet album fait bel et bien partie de la période faste du groupe et il est encore très écoutable pour les fans.
Pas le meilleur de cette période, mais il contient de très bon morceaux à commencer par "Shanghai’d in Shanghai", "Silver Dollar Forger" et "Glad When You're Gone".
Merci pour cette belle chronique très informative et qui va à l'essentiel !
J'aime beaucoup ce groupe et je ne m'étais pas vraiment penché sur cet album jusqu'a la lecture de ta chronique forte intéressante. C'est chose faite et il y a 4/5 morceaux qui se démarquent vraiment du lot. "Silver Dollar Forger" et " Sunshine" m'ont complétement fait tripper. C'est vrai qu'il est assez différent des meilleurs opus, mais il a son petit charme je trouve.
Jolie papier pour un groupe qui le mérite.
Très bon album avec un Jet Lag, très bluesy, très sudiste et que n'aurait pas renié ZZ Top. 2 jolies ballades également: Sunshine et le très planant "Love and Lost"
17/20
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