Un vent d'inspiration renouvelé nous est insufflé par le prolifique quartet suédois, revenant dans la course une année à peine suite à leur second et galvanisant EP «
The World Unknown », lui-même succédant à l'introductif et émoustillant EP «
Moments of Insanity » sorti quelques mois après la création du combo, en 2016. Un projet heavy mélodique aux relents folk et prog plus que jamais d'actualité et toujours porté par l'équipe originelle au grand complet, à savoir : la frontwoman au timbre chatoyant et claviériste Frida Ohlin : le guitariste/bassiste
Jonas Gustavsson ; le guitariste Cristofer Svensson et le batteur Martin Gustavsson. Impulsés par leurs deux premières et ragoûtantes galettes et désireux de faire évoluer leur art, à commencer par leurs gammes et leurs arpèges, on subodore que nos acolytes n'allaient pas s'arrêter en si bon chemin. A cet effet, une abondante et fructueuse expérience scénique s'ensuivit, ce qui ne signifie guère que nos compères furent amenés à déserter les studios pour autant, loin s'en faut...
Le temps pour les quatre natifs de Jönköping de s'illustrer, à maintes reprises, sur la scène metal européenne en 2017, le plus souvent parallèlement à des formations heavy/power metal aguerries. Une année aussi riche en capital scénique que porteuse d'espoir, nos acolytes partageant alors l'affiche avec
Bloodbound,
Crystal Viper et Thobbe Englund (ex-
Sabaton, ex-
Winterlong...), notamment en Allemagne (Markthalle (Hambourg) ;Turock (Essen) ; Backstage (Munich)...), en France (Glazart (
Paris)), en Autriche (Das Bach (Vienne)), en Hongrie (Barba Negra (Budapest)), en Pologne (Poglos (Varsovie))... Suite à quoi, le collectif nord-européen assura les premières parties de
Battle Beast et
Dynazty en Suède (Konsert och Kongress (
Linköping) ; Folkets Park (Huskvarna)). Une manière habile d'essaimer ses vibes, de gagner par là même en notoriété et d'assurer une heureuse transition avec sa production à venir.
Au cours de cette même année 2017, mu par un soudain élan créateur, le combo se consacra à l'écriture des 11 pistes dont nous abreuve son tout premier album full length «
Queen of Light », une rondelle généreuse de ses 50 minutes sortie, cette fois, chez le puissant label allemand Pride
And Joy Music. A contrario de son aîné, cet opus à la cadence volontiers endiablée, parfois mesurée, à la technicité instrumentale maîtrisée mais non ostentatoire et aux mélodies plutôt engageantes, marche, quant à lui, sur les traces de
The Pretty Reckless,
Ela,
Bif Naked,
Doro et
Eluveitie. Mastérisé aux Etats-Unis par Jeffro Lackscheide (connu pour avoir oeuvré pour
After Dusk,
Myrah, Sabel,
Satarial, entre autres), enregistré et mixé aux Trampolin Recordings, à Göteborg, en Suède, par l'ingénieur du son et claviériste Henrik Pettersson, le méfait n'accuse que fort peu de notes parasites tout assurant une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation. Mais asseyons-nous plutôt dans le cockpit avant de voir s'élever l'appareil au-dessus du plancher des vaches en quête d'enchanteresses et célestes contrées...
Sitôt les premiers riffs roulants délivrés, on retrouve l'empreinte heavy mélodique de la formation nord-européenne. Ainsi, passée la glaçante mais prégnante entame cinématique surmontée d'un troublant récitatif féminin « The
Land in Between », c'est à un réel déferlement d'ondulants gimmicks guitaristiques auquel nous aurons droit, comme l'illustrent son voisin « Stranded » tout comme «
Next Generation », rageurs up tempi au riffing épais et à l'efficace mélodicité, dans la lignée de
The Pretty Reckless. Dans cette énergie, on ne sera guère moins chahuté par la sanguine rythmique exhalant de «
Queen of Light », tonitruent effort dans la veine heavy de
Doro, qui ne lâchera pas sa proie d'un iota. Décochant un entêtant refrain mis en habits de lumière par les puissantes inflexions de la sirène, le pulsionnel titre éponyme de l'opus jouerait alors dans la catégorie des hits en puissance susceptibles de pousser à une inconditionnelle remise du couvert. Et comment esquiver sans éprouver quelques regrets « You'll Be Alright », palpitant mouvement riche de ses variations atmosphériques et emmené par une frontwoman au faîte de son art ?...
Dans une même orientation stylistique, tout en voguant sur une cadence plus mesurée, le méfait a fait montre d'armes tout aussi efficaces pour nous faire plier l'échine. Ainsi, c'est à pas de loup que s'avance « My
Spirit Will Run Free », mid tempo heavy mélodique aux riffs lipidiques et où évolue une basse résolument ronronnante. Cette piste au caractère certes tempéré ne manque ni d'aplomb ni de panache, allant même jusqu'à pousser le chaland à un headbang subreptice. A la belle, eu égard à ses puissantes et magnétiques modulations, d'achever de nous convaincre de ne pas quitter prématurément la piste. Le combo signe ainsi une fringante et charismatique offrande dans le sillage de
Bif Naked apte à procurer quelques frissons...
A l'image de son aîné, l'empreinte folk ne saurait être éludée, conférant alors une pointe d'originalité à une galette foncièrement heavy mélodique. Aussi, à mi-chemin entre
The Pretty Reckless et
Eluveitie, le dévorant mid tempo «
Voice of
Heaven » se pare-t-il d'une cornemuse samplée parallèlement aux riffs crochetés et aux franches et rocailleuses attaques de la déesse, alors muée en redoutable prédatrice. Paré de couplets bien customisés et nullement empruntés, relayés chacun d'un refrain immersif à souhait, le méfait dissémine également de sémillantes séries d'accords, que l'on ne quittera qu'à regret.
Plus qu'il ne l'avait consenti jusqu'alors, le combo nous octroie désormais de saisissants effets de contraste rythmique. Ce qu'attestent « Way to
Die » et « The
Saviour », magmatiques manifestes tous deux estampés heavy mélo progressif à la confluence entre
Bif Naked et
Ela. Calés sur une ligne mélodique d'une confondante fluidité et nourris d'un fin legato à la lead guitare, ces deux brûlots se plaisent également à multiplier les soudaines montées en puissance de leur corps orchestral tout comme leurs opportunes décélérations. Au cœur de cet inaltérable torrent de lave se meuvent les mordantes impulsions d'une interprète bien habitée, cette dernière ne nous laissant alors que peu le loisir de reprendre notre souffle. Dans cette mouvance, on retiendra encore «
Hurricane », et ce, tant pour son caractère enjoué et ses radicales accélérations qu'au regard de son jubilatoire solo de guitare et son refrain catchy que n'auraient renié ni
Doro ni
Ela.
Lorsque les lumières se font douces et que s'apaisent les tensions, nos acolytes nous convient alors à un moment tamisé à la forte charge émotionnelle et propice au total abandon de nous-mêmes. Ainsi, la petite larme au coin de l'oeil ne saurait être contenue bien longtemps sous l'impact de l'enivrant cheminement d'harmoniques émanant de « Song by the Angels », somptueuse ballade romantique aux airs d'un slow qui emballe et que l'on voudrait voir prolongée jusqu'au bout de la nuit. Doté d'une sente mélodique d'une précision d'orfèvre et d'un fringant solo de guitare, l'instant privilégié s'agrège également les suaves et profondes modulations de la maîtresse de cérémonie, pour notre plus grand plaisir. Bref, un secteur encore peu exploité et qui sied à merveille au collectif suédois.
Au final, on décèle une œuvre aussi charismatique que bouillonnante, à la maturité compositionnelle avérée, témoignant également de réels progrès techniques réalisés par la troupe nord-européenne. Moins volontiers orienté folk que son aîné, ce méfait renoue avec l'originelle fibre hard rock du groupe, stratégie contribuant à conférer à ce propos heavy mélodique un regain de dynamisme et une saveur singulière.
Plus diversifié que son prédécesseur sur les plans atmosphérique et rythmique, le présent et propret manifeste se pare, en prime, d'exercices de style jusque là absents de leur répertoire complétant ainsi un tableau déjà richement orné. C'est désormais dans la cour des grands que la formation suédoise fait son entrée...
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