De l'eau aura coulé sous les ponts pour le jeune et talentueux quartet suédois créé à Jönköping il y a tout juste trois ans. Après deux prometteurs EP, «
Moments of Insanity » (2016) et «
The World Unknown » (2017), le combo nord-européen ne tarda pas à nous gratifier d'un premier et flamboyant album full length intitulé «
Queen of Light » (2018). Aussi, entre 2016 et 2018, le groupe s'immergea dans une période d'intense activité durant laquelle il enchaîna à tour de bras les concerts sur la scène metal européenne.
Ainsi, en 2017, nos acolytes partagèrent l'affiche avec
Bloodbound,
Crystal Viper et Thobbe Englund (ex-
Sabaton, ex-
Winterlong...), notamment en Allemagne (Markthalle (Hambourg), Backstage (Munich)...), en France (Glazart (
Paris)), en Autriche (Das Bach (Vienne))... Suite à quoi, le collectif nord-européen assura les premières parties de
Battle Beast et
Dynazty en Suède (Konsert och Kongress (
Linköping) ; Folkets Park (Huskvarna)). Dès 2018, ils diversifieront et individualiseront davantage leurs prestations (Rock Mot
Cancer à Hjo, Gallons MC à Sävsjö, en Suède... en 2018 ; concert acoustique au Flora Theater Delft à Rotterdam, aux Pays-Bas... en 2019). Il semble dès lors que nos acolytes placent la barre un peu plus haute d'année en année...
Porté par ce fructueux background scénique et aux fins d'un travail de longue haleine et des plus minutieux en studio, le combo nous livrera, dans la foulée, un second opus de longue durée répondant au nom de «
Ice Breaker », signé, comme son illustre prédécesseur, chez le puissant label allemand Pride
And Joy Music. Aussi, effeuille-t-on une galette d'une durée quasi optimale de 49 minutes où s'enchaînent 12 pistes à la fois pulsionnelles, fringantes, un brin romantiques, bénéficiant chacune d'arrangements instrumentaux d'excellente facture. A l'instar du précédent effort, le collectif continue d'évoluer dans un heavy mélodique bien trempé, aux touches prog et folk toutefois plus discrètes, nous faisant penser tout à tour à
The Pretty Reckless,
Ela,
Halestorm,
Bif Naked,
Doro et, plus rarement,
Eluveitie, la touche personnelle en prime. Autres indices révélateurs d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de la formation suédoise...
A bord du navire, nous accueille l'équipe originelle au grand complet, à savoir : la frontwoman au timbre chatoyant, un brin rocailleux, et claviériste Frida Ohlin : le guitariste/bassiste
Jonas Gustavsson ; le guitariste Cristofer Svensson et le batteur Martin Gustavsson. Avec le concours du vocaliste Niklas Isfeldt (
Dream Evil,
Pure X, guest chez
Hammerfall,
Shadowside, Snowy Shaw, The Moor...). Mastérisé et mixé au Studio Friedman (Göteborg, Suède) par un certain Fredrik Nordström (guitariste/claviériste chez
Dream Evil, guest chez
Arch Enemy,
Hammerfall,
In Flames,
Dark Tranquillity,
Nightrage...), connu pour avoir oeuvré auprès de
Delain,
Dimmu Borgir,
Evergrey,
Firewind,
Opeth,
Powerwolf,
Soilwork, parmi tant d'autres, l'opus jouit d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation, de finitions passées au peigne fin et d'une belle profondeur de champ acoustique. Mais entrons plutôt dans le vaisseau amiral pour une croisière en eaux tumultueuses...
A l'instar de son devancier, le méfait distribue sans compter ses féroces coups de boutoir, nous immergeant dans l'adn heavy mélodique du groupe, avec quelques gemmes égrainés sur notre chemin. Ainsi, non sans rappeler
The Pretty Reckless, le frondeur « Velvet Heroes » tout comme le tubesque « Reach for the Heavens in Time » nous assènent leurs riffs en tirs en rafale adossés à une rythmique éminemment sanguine. Dotées d'ondoyants et seyants gimmicks guitaristiques et voguant sur une sente mélodique des plus entêtantes, c'est sans ambages que ces deux grisantes ogives généreront un headbang bien senti. Dans cette énergie, on retiendra également l'offensif «
Fight the Demons », l'échevelant «
Ice Breaker » et le galvanisant « Roaring », aussi bien pour leur énergie aisément communicative qu'à la lumière de leur refrain immersif à souhait mis en exergue par les rocailleuses inflexions de la belle qui, ici, ne sont pas sans renvoyer à
Bif Naked. Enfin, nous projetant au cœur d'un torrent de lave en fusion, à la confluence de
Doro et
Halestorm, « Brothers of
Asgaard » nous agrippe à la gorge sans jamais relâcher la pression, réservant, en prime, de soufflantes montées en régime du corps orchestral.
Quand la cadence se fait plus mesurée, c'est d'un battement de cils que la troupe parvient à nous rallier à sa cause. D'une part, c'est dans une atmosphère enjouée, quasi festive, que nous plonge « Into the
Wild », entraînant mid/up tempo aux riffs grésillants et à la basse claquante, à mi-chemin entre
Doro et
Eluveitie. Octroyant des enchaînements intra-piste ultra sécurisés, moult variations rythmiques et laissant entrevoir des choeurs aux abois venus seconder les claires impulsions de la sirène, le fringant manifeste ne manque ni d'allant ni de panache. On ne saurait davantage éluder « The Rise of the
Phoenix », avenant mid tempo au tapping effilé dans la veine d'
Halestorm, au regard de son refrain certes convenu mais d'une redoutable efficacité que les toniques et ondulantes impulsions de la déesse se chargent d'enorgueillir. Enfin, difficile de passer sous silence tant l'infiltrant cheminement d'harmoniques que le flamboyant solo de guitare inscrits dans les gênes du pulsionnel et ''dorien'' « The Raging
Thunder » sans éprouver quelques regrets.
Lorsqu'ils nous adressent leurs mots bleus, nos compères trouvent, là encore, les clés pour nous happer sans avoir à forcer le trait. Ce qu'illustre «
Endless Nights », ballade romantique jusqu'au bout des ongles dans la lignée d'
Ela. A l'aune d'une mélodicité toute de nuances vêtue, de couplets pétris d'élégance relayés chacun d'un chavirant refrain mis en habits de soie par les oscillantes et pénétrantes volutes de la maîtresse de cérémonie, l'instant privilégié aura peu de chances de rater sa cible. La tendre aubade se chargeant en émotion au fil de sa progression, l'aficionado du genre intimiste y trouvera assurément matière à se sustenter. Dans cette lignée, on pourra s'orienter vers le troublant duo mixte en voix claires exhalant des entrailles de « Var Verklinget », hypnotique power ballade aux airs d'un slow qui emballe, où les claires patines de la belle évoluent à l'unisson avec les félines inflexions de Niklas Isfeldt. En dépit de la brièveté du message délivré, la ballade instrumentale «
Wind and
Rain », quant à elle, vient à point nommé, telle une rafraîchissante oasis au cœur d'un désert brûlant. Eu égard à ses subtils et ravissants arpèges d'accords au piano, cette cinématique et a-rythmique offrande s'avérera, elle aussi, apte à aspirer le tympan.
C'est donc sur les traces de son illustre prédécesseur que marche ce second essai, le combo suédois ayant parallèlement affermi d'un cran son potentiel technique et affiné ses lignes mélodiques, les rendant aujourd'hui un poil plus efficaces qu'hier, sans pour cela avoir cédé à une quelconque facilité. Les fibres folk et prog ne subsistant qu'en de rares cas, c'est dire que la troupe œuvre dorénavant dans heavy mélodique pur, conférant à ce propos intense vivacité, caractère enjoué et forte charge émotionnelle. Octroyant un set de compositions bien inspiré et des plus variés doublé d'une production d'ensemble difficile à prendre en défaut, sans pour autant générer l'une ou l'autre zone de remplissage, le parcours de l'opus s'effectue d'un seul tenant, allant jusqu'à nous intimer d'y revenir une fois la traversée achevée. On comprend qu'à la lumière de cette seconde et rayonnante fournée, la formation nord-européenne est désormais en mesure de s'inscrire parmi les valeurs montantes de son registre metal d'affiliation. Votre humble serviteur subodore que nos acolytes ne sauraient tarder à confirmer le potentiel pressenti. Affaire à suivre, donc...
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