Nous ayant laissés sur le souvenir ému d'un délectable «
Drawing New Worlds », son premier album full length, l'expérimenté combo hellénique originaire d' Ioannina (Epire) n'a toutefois nullement cherché à accélérer les événements pour faire plus largement entendre sa voix, loin s'en faut. Aussi reviendra-t-il dans la course, quelque cinq années plus tard, pourvu d'un second opus de longue durée répondant au nom de «
Ptesmata » ; une auto-production généreuse de ses 55 minutes où s'enchaînent proprement 11 titres, parmi lesquels 6 singles («
Contrast », «
The Story Is Told » et «
Breath », réalisés en 2020, suivis de «
I, Liar », en 2021, auquel succèderont «
iΔÆA » et «
Like a Broken Toy », en 2022). A l'aune de ce nouvel opus paru 13 ans après sa sortie de terre, en 2009, le collectif grec disposerait-il dès lors de l'arsenal lui permettant à la fois de se hisser parmi les valeurs confirmées de l'espace metal symphonique à chant féminin et de maintenir en respect ses si nombreux challengers ?
Dans ce dessein, un remaniement partiel de l'équipe s'est opéré : si l'on y retrouve George Tzahristas (Brain Scorcher, En-
Stigmata) à la guitare et aux growls ainsi qu' Achilles Papagrigoriou à la batterie, Theofilos Avramidis, sera, lui, remplacé par Bob Saganas, à la guitare, au moment où Ilias Gantzelis cèdera sa place à Kostas Pourgiazis (One Step from The Edge), à la basse ; enfin, on assiste au retour de la mezzo-soprano Maria Tsironi, en lieu et place de Konstantina Koufou, en qualité de frontwoman. Avec le concours, pour l'occasion, de Nikolaos Vonifatios Armenopoulos, dit ''Gragonith'' (En-
Stigmata,
Hell Poemer) et d' Aegli Lolis aux chœurs, et de Leonidas Tzachristas au bouzouki. L'équipage ainsi constitué nous plonge au sein d'un propos metal symphonique aux relents power et progressif, auxquels s'ajoute une touche death un poil plus marquée qu'elle ne le fut sur le précédent opus ; une œuvre frissonnante, corrosive, un brin complexe et néanmoins engageante, intégralement écrite et composée par George Tzahristas, où cohabitent à nouveau les influences de
Nightwish,
Tristania,
Draconian,
Epica et
Ancient Bards, la touche personnelle en prime.
Produit, enregistré, finement mixé et mastérisé au TZA Music
Verse par George Tzahristas entre 2020 et 2021, à Ioannina, le méfait n'accuse pas l'once d'une sonorité résiduelle tout en octroyant un mixage parfaitement équilibré entre lignes de chant et instrumentation. Enregistrées aux 47TRUCK Audio Studios, les lignes de batterie, quant à elles, génèrent une saisissante énergie et témoignent parallèlement de finitions passées au crible. Une optimale mise en valeur de ce set de compositions en découle, nous intimant d'aller explorer plus en profondeur les entrailles du vaisseau amiral...
A l'instar de son devancier, le bal s'ouvre sur une brève entame instrumentale, ayant toute sa raison d'être. Ce faisant, « Domino » se pose telle une plage symphonico-progressive aux sémillants gimmicks guitaristiques et témoignant d'une belle profondeur de champ acoustique. Mais il ne s'agit-là que d'un frugal hors-d'œuvre...
Renouant avec ses premières amours death symphonique dont son introductive démo «
Promo 2012 » s'en faisait l'écho, le combo nous livre-là encore quelques pièces aptes à nous retenir plus que de raison, à commencer par ses pistes les plus vitaminées. Ce qu'atteste, en premier lieu, le ''tristanien'' «
iΔÆA », up tempo aux riffs acérés adossés à une frondeuse rythmique ; mis en exergue par un duo mixte en voix de
Contraste bien habité, les cristallines inflexions de la belle donnant le change aux growls caverneux de son comparse, le tortueux et néanmoins avenant effort ne se quittera qu'à regret. Dans ce sillage, on retiendra également le trépidant « The
Maze » tant pour son énergie aisément communicative et son tapping martelant à la façon d'
Ancient Bards qu'au regard du fin legato à la lead guitare dispensé.
Plus énigmatiques, le bien-nommé «
Contrast » comme le tortueux «
The Story Is Told » cultivent, eux, les
Contrastes atmosphériques et oratoires au rang d'un art. Aussi, l'ambiance se fait-elle tantôt ''gorgonesque'', tantôt radieuse, les ''tristaniens'' efforts nous aspirant alors dans un vaste champ de turbulences pénétré d'un rai de lumière. Et, dans un cas comme dans l'autre, la sauce prend, in fine.
Dans un même allant, mais dans un registre metal symphonique classique, la troupe happera à nouveau le pavillon du chaland d'un battement de cils. Ainsi, les vibes enchanteresses disséminées par «
Breath », invitant up tempo à l'âme ''nightwishienne'', s'avèrent fortement chargées en émotion. Encensés par les ''siréniennes'' ondulations de la belle, alors escortées par les chatoyantes empreintes des choristes Gragonith et Aegli Lolis, les grisants arpèges d'accords dispensés auront raison des âmes les plus rétives. Et ce n'est pas l'éblouissant solo de guitare décoché à mi-morceau qui démentira l'agréable sentiment d'être aux prises avec l'un des gemmes de la rondelle.
Plus complexe, le titre éponyme de l'opus, le ''nightwishien'' «
Ptesmata », ne révèle pas moins de séduisants atours, à commencer par les magnétiques modulations d'une interprète que l'on croirait alors touchée par la grâce. Des couplets finement esquissés ainsi que quelques digressions instrumentales du meilleur effet complètent la panoplie de cette luxuriante et pénétrante plage. Mais nos compères ne seraient pas encore à bout d'arguments pour tenter de nous rallier à leur cause...
Quand il en vient à varier ses phases rythmiques et qu'il complexifie sa technicité instrumentale, le quintet grec trouve à nouveau matière à aspirer le tympan. Ce que prouve, d'une part, «
I, Liar », ''draconien'' mid/up tempo aux riffs épais et générant un léger tapping. Si l'on appréciera notamment le bref mais grisant solo de guitare précédant un pont techniciste bien amené, la reprise sur le poignant refrain, mise en habits de lumière par les angéliques impulsions de la déesse, ne saurait davantage être éludée. Dans une visée opératique, le ''tristanien'' « Einstellung », pour sa part, nous immerge dans un étrange ballet des vampires ; laissant entrevoir le fin toucher au bouzouki de Leonidas Tzachristas ainsi que les saisissantes envolées lyriques de la belle, le poignant méfait ne se lâchera que pour mieux y revenir. Dans une même dynamique, à mi-chemin entre
Nightwish et
Epica, le polyrythmique «
Like a Broken Toy » imposera tant son refrain catchy qu'encensent les troublantes oscillations de la princesse que les attaques en profondeur de son acolyte de growler. Peut-être bien une autre des pépites de la galette.
Plus sombre et glaçant, le ''draconien'' «
Funeral Pyre » est, lui, growlé dans son entièreté, rythmiquement
Contrasté et infiltré de quelques moments d'apaisement sous-tendus par d'ondoyantes rampes pianistiques. Et la magie opère, une fois encore.
Résultat des courses : ce second effort nous immerge au cœur d'une palpitante et frissonnante traversée, nous poussant peu ou prou à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée. Vibrant, troublant et empreint de mystère, il l'est, varié sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, également. A ce tableau déjà richement orné s'ajoutent des mélodies le plus souvent avenantes mais nullement sirupeuses, une technicité instrumentale éprouvée, quelques prises de risques et une production d'ensemble rutilante, état de fait nous éloignant toujours davantage des tâtonnants débuts du combo ; autant de qualités cristallisant la pleine maturité compositionnelle de ce projet. D'aucuns pourraient toutefois regretter l'absence de ballades et/ou de fresques symphonico-progressives. De relatives carences qui ne sauraient cependant empêcher le collectif hellénique d'espérer rejoindre les valeurs confirmées de ce registre metal. Bref, un second élan aussi magmatique et intrigant que démoniaque, laissant augurer d'une aventure au long cours pour la troupe grecque...
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