Depuis quelques années déjà, nombre de groupes grecs semblent s'inscrire dans une mouvance metal symphonique et qui leur sied plutôt bien, en témoigne la durabilité de certains d'entre eux dont
Elysion et
Bare Infinity. C'est maintenant au tour de Neperia de se lancer dans l'arène. Cette jeune formation grecque originaire de Ioannina (Epire), fondée en 2009, encore inconnue hors de ses terres helléniques natales, s'est pourtant déjà illustrée lors de plusieurs festivals locaux, ayant également partagé l'affiche avec
Firewind notamment. Indice révélateur de sa volonté d'en découdre face à une concurrence toujours plus féroce dans ce registre metal à chant féminin.
A mi-chemin entre le power symphonique et le death mélodique, originalement combiné à l'atmosphérique gothique, le projet du sextet hellénique se nourrit d'influences aussi diverses que
Nightwish,
Ancient Bards,
Tristania et
Draconian. Ce qui transparaît à la lecture des 3 pistes de leur première galette, démo de 15 minutes dénommée «
Promo 2012 ». Calé sur le schéma vocal de la belle (incarnée par la mezzo-soprano Maria Tsironi) et la bête (infiltré par le growler et guitariste George Tzahristas), cet initial opus a bénéficié d'un mix équilibré signé Gerorge
Constantine Kratsas, même si l'enregistrement laisse filtrer quelques notes résiduelles et si les finitions manquent encore à l'appel.
L'ensemble de l'oeuvre repose sur une cadence effrénée, où la technicité instrumentale est mise à l'honneur tout comme les joutes oratoires du duo mixte, tout à fait apte à soutenir la comparaison avec ses homologues générationnels. Mais chacun à sa manière, selon l'orientation stylistique investie, dispose d'armes de séduction redoutables.
Pour les amateurs de power sympho/death mélo, ils pourront sans mal s'orienter vers l'outro de l'opus. Ainsi, des riffs sanguins et véloces inondent l'offensif « Shattered Light », mixant une rythmique power sympho dans la veine d'
Ancient Bards et une atmosphère death mélo à la sauce
Draconian. Ce faisant, à la lueur d'arrangements nightwishiens, on évolue sur une sente mélodique agréable, prenant l'ascendant sur un refrain immersif à souhait. Un captateur schéma d'ensemble dans lequel s'insère un jubilatoire legato à la lead guitare et où les caverneuses patines du growler
Contrastent opportunément avec les claires et voluptueuses impulsions de la sirène.
Les plus sensibles à une touche gothique plus marquée ne seront nullement désarçonnés par les deux autres plages de la menue rondelle. Ainsi, le saillant « Shadows Surround Me », disséminant ses blasts, un inaltérable pilonnage de caisse claire et ses raids de riffs corrosifs, attirera dans ses filets les férus d'ambiances sombres. Aussi, c'est sur des charbons ardents, à la manière d'
Ancient Bards, avec un zeste de
Tristania en ce qui a trait aux harmoniques, que nous projette et sans ménagement le combo. Mention spéciale pour le jouissif solo de guitare placé en creux. De ce champ de turbulences power sympho/dark gothique, sur fond de nappes synthétiques, émerge une bête ombrageuse semblant venue de nulle part et venant en contre-point d'un chant lyrique aux fines gradations et plutôt bien amené par la mezzo-soprano.
Dans cette lignée, mais avec une touche plus atmosphérique, le nerveux et meurtrissant « Sorrowful Cries », tel un volcan en fusion, n'aura de cesse d'incendier nos tympans. En outre, cette traversée sous haute tension recèle une confondante coalition oratoire entre les deux vocalistes et un grisant solo de clavier. A la croisée des chemins entre un
Nightwish des premiers émois et
Tristania à l'époque de « Illumination », le brûlot symphonique/gothique atmosphérique, un tantinet dark, prend aux tripes. Et ce, sans nous laisser un moment de répit tout en conservant le cap d'une mélodicité nuancée, avenante mais jamais mielleuse.
Si l'on décèle un potentiel technique et mélodique déjà affirmé chez nos acolytes, ils devront néanmoins prendre le temps d'affiner le trait, à commencer par les finitions et une qualité d'enregistrement pour l'heure encore fragile. Si la dynamique d'ensemble n'accuse aucune baisse de régime, le groupe se fera fort de diversifier son offre rythmique pour nous rallier plus aisément à sa cause. Sinon, l'originale combinatoire de styles convainc, le combo se montrant à son aise dans cette énergie-là. Cependant, les sources d'inspiration ne sauraient se faire oublier en arrière-fond du message musical porté par ses auteurs. En outre, un manque d'épaisseur artistique se fait jour à la lumière de cette verte production. Il leur faudra donc encore gravir quelques marches avant de se hisser parmi les valeurs montantes d'un registre metal déjà surinvesti. Mais on a quelques bonnes raisons de croire en une destinée favorable pour nos six gladiateurs...
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