1991. En cette année bénie pour le metal (avec la cuvée 1986, ça fait une palanquée d'albums cultes !), les méconnus et sous-estimés
Tourniquet donnent un successeur à un
Stop the Bleeding efficace et se démarquant déjà de la plupart des albums thrash de l'époque.
Emmené par le talentueux batteur Ted Kirpatrick, le groupe délivre en effet un thrash / heavy original, empreint de touches néo-classiques. Réédité en 2001,
Psycho Surgery (renommé Psychosurgery pour l'occasion) propose des titres variés où déjà, les structures multi-rythmiques des albums futurs se mettent en place.
Dès le morceau-titre, l'intro néo-classique, les couplets rapides et le refrain groovy (lorgnant presque vers le stoner) mettent dans le bain directement, symbolisant des ruptures de styles au sein de chaque morceau qui deviendront naturelles au fur et à mesure des écoutes. Débutant par un mid-tempo propre à headbanger, "A Dog's Breakfast" mixe ensuite riffs thrash et fusion, envoie des couplets annihilatoresques période Alice in
Hell et balance un hymnique refrain heavy-thrash. Vient alors la démonstration technique du monstre Kirkpatrick : "Viento Borrascoso (Devastating
Wind)", un époustouflant instrumental à l'intro cataclysmique et au déroulement chaotique et surprenant, mais toujours efficace. Parfaitement enchaîné, "Vitals Fading" augure déjà de l'étrangeté et de la noirceur de
Pathogenic Ocular Dissonance (voix déformées, structure alambiquée et aura mystique) en intégrant un passage central mid-tempo et une accélération finale jouissifs : 2'46 de bonheur et d'efficacité, tout simplement. Jamais à cours de surprises,
Tourniquet intègre même à "Spineless" des vocaux rapés et autres scratches dans le premier tiers du titre (featuring Barry "G", Fred "Doug Tray" et K-Mack du groupe P.I.D.) avant de monter en puissance vers une sorte de crossover nerveux aux vocaux presque Hardcore. On en est à la moitié du disque et la versatilité du groupe est déjà talentueusement démontrée ...
"Dysfonctional Domicile" revient sur des terres thrash un peu plus classiques mais néanmoins mélodiques et hautement addictives. Pour preuve, la seconde partie du morceau, succession magistrale de riffs thrash en harmonie, amenant au déboulé magnifique du solo. Le cas suivant, "Broken Chromosomes", est intéressant : intro en fade-in, riff d'intro à la
Orion, vocaux presque haineux, break sautillant, refrain plombé, passage aquatique quasi-psyché sur vocaux torturés avant un riff libérateur doublé d'étranges choeurs en fond sonore ! Un titre étonnant, un peu à part mais plutôt attachant. Tout comme l'est "Stereotaxic Atrocities", peut-être le titre le plus abordable de l'album : un heavy mid-tempo mélodique au groove certain, un refrain recherché sur fond de double grosse caisse et de nouveau, un break central en rupture avec le reste, cette fois-ci plus technique. Pour finir, "Officium Defunctorum", pure pièce doom, en totale décalage avec les autres pistes, incarne une sorte de clôture funèbre ; l'héritage
Trouble n'est pas loin ...
Ces 40 minutes paraissent au final affreusement courtes compte-tenu de la flatteuse teneur de l'ensemble. Mais on ne va pas se plaindre si
Tourniquet va à l'essentiel et que le remplissage est définitivement absent !
Encore majoritairement ancré dans le thrash, Psychosurgery se démarque de son prédécesseur par l'abandon total du chant haut perché et par une plus grande variété dans les styles abordés, traçant la route pour l'inusable
Pathogenic Ocular Dissonance qui sortira l'année suivante.
Bonne chronique. ;)
Merci pour la chro. Ce groupe (et ce disque) est passé sous les radars de la plupart des métaleux je crois bien. Parce qu'il est assimilé white metal? Nickel, j'ai ainsi égoïstement l'impression d'être l'un des rares privilégiés à profiter de la qualité de ce disque. L'intro groovy de "A dog's breakfast", c'est juste dément !
A quand une chro du premier album pour lequel j'ai une énorme tendresse?
Et R.I.P Ted, sacré batteur !
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire