Les premiers échos de la mise en œuvre d'
Antiseptic Bloodbath remontent à fin 2010, lorsque le groupe décide d'utiliser la plate-forme Kickstarter, permettant à qui le désire de financer une partie de l'album. Ce seront donc plus de 400 fans et fidèles de
Tourniquet qui permettront d'atteindre (et même de largement dépasser) les 22 000 $ nécessaires à l'opération. Fin 2011-début
2012, les choses s'accélèrent : les teasers se font de plus en plus alléchants, le producteur Neil Kernon est annoncé, puis le nom et l'artwork de l'album, et enfin les guests. Le 13 juillet
2012, les versions téléchargeables sont mises à disposition des contributeurs en avant-première. C'est donc dans ce contexte que cette chronique vous est présentée, et dire que l'attente depuis
Where Moth and Rust Destroy (2003) aura été longue est un doux euphémisme.
Pour resituer les choses donc, disons que
Tourniquet propose depuis 2000 et son magnifique
Microscopic View of a Telescopic Realm, un heavy-thrash progressif plutôt technique, particularité en grande partie due à son talentueux batteur et maître-d'oeuvre Ted Kirkpatrick.
Antiseptic Bloodbath est de prime abord représenté par une pochette très réussie, réalisée par Travis Smith (
Devin Townsend,
Flotsam And Jetsam,
Heathen,
Iced Earth,
King Diamond, Nevermore,
Opeth,
Overkill, promo pour
Slayer et
Metallica, …). Elle évoque un thème cher à Ted Kirkpatrick, la sauvagerie avec laquelle sont traités les animaux pour le seul confort de l'humanité.
A l'écoute, dès l'introductif "Chart of the
Elements (Lincchostbllis)" (feat. Bruce Franklin de
Trouble), on est accueilli par une marche de pom-pom girls (!), de multiples thèmes et variations rythmiques, et des soli classiques (mais efficaces).
Pas de surprise véritable donc, quand on connaît bien les deux derniers albums. La texture des guitares rythmiques est sensiblement la même et les gimmicks de Ted se reconnaissent aisément. On retrouve toujours le chant varié de Luke Easter, un peu trop mis en avant et pas toujours en accord parfait avec le feeling de la musique. En revanche, les interventions vociférantes d'Aaron Guerra sont plus en retrait mais bien plus convaincantes.
Un peu trop mélodiques et "joyeuses" par moments, certaines compositions auraient gagné à ne suivre qu'un seul fil conducteur, plus sombre et dramatique, notamment sur "
Antiseptic Bloodbath" (feat. Pat Travers) et "86 Bullets" (feat. Santiago Dobles de
Aghora). En parallèle, l'utilisation d'instruments non-metal (violoncelle, violon ou instruments à vent) aère l'enchaînement des titres et donne un côté néo-classique médiéval/oriental à certaines intros et breaks, rappelant parfois des thèmes utilisés par Iron Maiden, comme sur "The Maiden Who Slept in the
Glass Coffin" (feat.
Marty Friedman) et "
Lost Language of the Andamans". Et c'est là qu'on réalise que
Tourniquet ratisse parfois un peu trop large et aurait gagné à raccourcir ce genre de thèmes pour développer certaines autres idées plus percutantes en lien plus direct avec leur heavy-thrash caractéristique, comme il apparaît sur le mélodique "Chamunda
Temple Stampede" (feat.
Karl Sanders) et les plus brutaux "Flowering
Cadaver" et "Duplicitous Endeavour".
Avec quelques légères incursions dans le stoner groovy ("86 Bullets"), le heavy-doom un brin torturé ("Carried Away on Uncertain
Wings") ou le black ("
Antiseptic Bloodbath"),
Tourniquet prend bien soin (volontairement ou pas) de n'entrer entièrement dans aucune case stylistique pour mieux en cocher plusieurs. Sans forcément être démonstratif, le groupe nous étale tout de même son savoir-faire dans de multiples styles. Peut-être trop parfois d'ailleurs...?
Malgré quelques longueurs, on ne boudera pas son plaisir, la pièce finale "Fed by Ravens, Eaten by Vultures" reprenant même les codes dressés par les cultes "The Skeezix Dilemma part I (1992) & II (2000)" et rassemblant à elle seule tous les éléments distinctifs de la musique pas si aisément étiquetable du groupe, le jeu de batterie évidemment varié au feeling épatant en tête (quelle fin de morceau toute en montée d'intensité !).
L'attente n'aura donc pas été vaine puisque
Antiseptic Bloodbath remplit son rôle de très bon album bien exécuté, à la production digne de ses deux prédécesseurs, toutefois sans grand bouleversement pour les aficionados du groupe.
Note : cette chronique est susceptible d'être modifiée après réception du CD original.
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