Premonitions of War

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18/20
Nom du groupe Mutum
Nom de l'album Premonitions of War
Type Album
Date de parution 06 Juin 2013
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album9

Tracklist

1.
 Hourglass
 03:43
2.
 The Memories (Gloria Victis)
 05:18
3.
 Fallen Angel
 05:09
4.
 Beyond the Sun
 04:58
5.
 Three : Loss of Wisdom
 04:32
6.
 Two : The Poison
 01:51
7.
 One : The Stars' Lullaby
 02:11
8.
 Four : Curses
 04:20
9.
 Premonitions of War
 07:27

Durée totale : 39:29

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Mutum


Chronique @ ericb4

14 Juillet 2020

Epique, romanesque et empreint de délicatesse, ce nouvel arrivage confirme le potentiel pressenti...

Prudence est mère de sûreté, dit-on... Un adage suivi à la lettre par ce discret mais inspiré sextet mexicain créé en 2001 à Monterrey. Aussi, quelque six années après un prometteur « Redemption », son premier effort de longue durée, le combo latino-américain revient-il dans la course, muni d'un second opus de même acabit dénommé « Premonitions of War ». Une auto-production où 9 pistes à la fois pulsionnelles, fringantes et romantiques, s'égrainent sur un ruban auditif de 39 minutes, jouissant d'une production d'ensemble difficile à prendre en défaut. En effet, produit et enregistré par Jake Carmona (dit ''Dr. Jake''), mixé par Gordon Groothedde (connu pour avoir oeuvré pour After Forever et Ayreon), et mastérisé par Jimmy Cavazos, l'opus ne concède que peu de sonorités parasites tout en témoignant d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et orchestrations. De plus, les arrangements instrumentaux, cosignés Hiram Aguirre, Roy Cantú (claviériste et guitariste du groupe, respectivement) et Rolando Cruz, s'avèrent de fort bonne facture, et le futuriste artwork de la jaquette, estampé Pierre-Alain Durand (3mmi Design), plutôt soigné, dont les sombres tonalités de couleurs contrastent avec celles du précédent méfait.

Une nouvelle aventure un poil plus épique et rayonnante que naguère, qui ne saurait éluder un remaniement partiel de l'équipage. Désormais, à bord du navire, nous accueillent : la soprano Myrthala Rodriguez, en remplacement d' Anabel Olivo, dont les puissantes et claires inflexions pourront rappeler celles de Charlotte Wessels (Delain) à ses débuts ; les guitaristes Roy Cantú et Carlos Salazar ; le bassiste Diego Martínez ; le batteur Juan de Dios Martínez ; le claviériste Hiram Aguirre, en lieu et place d' Angel Aguilar. Dans ce dessein, nos acolytes ont requis le concours d'un orchestre symphonique n'impliquant, cette fois, pas moins de 27 musiciens aguerris. Afin de densifier d'un cran son corps oratoire, le combo a fait la part belle aux choeurs, disposant ainsi d'une brochette de 26 choristes et d'un récitant. Ce faisant, nos compères annoncent la couleur de leurs louables et, somme toute, légitimes intentions...

Conformément à ses aspirations premières, et plus encore dans la lignée atmosphérique et rythmique de  Redemption », la troupe nous plonge à nouveau volontiers dans un espace metal mélodico-symphonique gothique et progressif classique, dans le sillage de Nightwish, Xandria (premières moutures), Delain, Epica et Therion. Infiltré d'un enivrant filet rock symphonique mais dénué de sa touche latina originelle, révélant, par ailleurs, un zeste de modernité, le propos ne reproduirait pas à l'identique les gammes et les arpèges de son devancier. Pour preuve supplémentaire d'une certaine évolution imprégnant les pages de l'actuel projet, plus encore que son aîné, les textes des paroles du présent manifeste sont désormais exclusivement rédigées en anglais, l'espagnol ayant alors déserté les tabloïds. Est-ce à dire qu'une nouvelle page serait en train de se tourner dans la carrière du talentueux et expérimenté collectif ? Exploration...

Si les empreintes de Nightwish et de Xandria ne sauraient être éludées, le groupe a dorénavant puisé plus largement son inspiration du côté de Therion, Delain, voire Epica, avec de grisantes séries de d'accords disséminées çà et là sur notre route, ce qu'illustrent, tout d'abord, ses passages les plus vitaminés. Ainsi, déversant ses riffs épais, déployant une muraille de choeurs accolée à une instrumentation résolument symphonisante, le mid/up tempo « Hourglass » nous renvoie, à sa manière, aux vibes de l'illustre formation suédoise à l'époque de « Vovin ». Plus ''delainien'' en l'âme, l'entraînant « Beyond the Sun » , lui, décoche un refrain catchy ainsi que de soudaines accélérations que n'auraient reniées ni Xandria ni Therion. Dans ce champ de turbulences se fait jour un mémorable face à face entre d'inaliénables rampes synthétiques et un fin legato à la lead guitare. Dans cette énergie, on retiendra encore « Three : Loss of Wisdom », dont tant les sidérantes montées en régime des corps orchestral et oratoire que l'atmosphère à la fois galvanisante et oppressante qui s'en dégage nous replongent d'un coup d'un seul dans un Epica millésimé « The Divine Conspiracy ».

Quand le convoi orchestral ralentit sa cadence, le combo nous convie à nouveau à un luxuriant et enchanteur paysage de notes. Ce qu'attestent « The Memories (Gloria Victis) » et « Fallen Angel », mid tempi progressifs à mi-chemin entre Therion et Delain. Octroyant une ligne mélodique des plus enveloppantes mise en exergue par les cristallines impulsions de la déesse, et livrant chacun un pont mélodique aux multiples variations, où de délicats arpèges au piano précèdent un bref mais vibrant solo de guitare, ces deux tubesques et poignants méfaits ne sauraient rater leur cible. Enfin, nous plongeant dans une ambiance digne d'un conte des mille et une nuits, déversant ses couplets finement ciselés relayés chacun d'un refrain immersif à souhait, transpirant la féconde inspiration mélodique de ses auteurs, l'orientalisant et ''xandrien'' mid/up tempo « Four : Curses » ne tarira pas davantage d'armes efficaces pour assurer sa défense, tant s'en faut.

Que les amateurs d'intimistes moments se rassurent, nos compères leur ont concocté de troublantes portées, inscrivant ainsi dans le marbre leurs mots bleus les plus sensibles. Si l'exercice peut paraître convenu, la troupe s'y est adonnée avec une infinie délicatesse, sans fausse note, et de deux manières différentes. Tout d'abord, nous agrippent sans nous lâcher une seule seconde les soyeuses et magnétiques gammes au piano dont se pare la laconique ballade instrumentale « Two : The Poison ». Si l'instant privilégié finit crescendo, c'est, aux fins d'un subtil fondu enchaîné, pour mieux installer son voisin de bobine « One : The Stars' Lullaby » ; ballade a-rythmique en piano/voix d'une confondante légèreté et des plus touchantes, où nous enlacent les envolées lyriques de la maîtresse de cérémonie pour un voyage en totale apesanteur. Pourtant mis à l'honneur par l'expert doigté du pianiste et glissant le long d'une enchanteresse rivière mélodique, d'aucuns pourront cependant regretter tant la brièveté et le peu de variations atmosphériques de la tendre aubade que l'extrême classicisme de l'exercice de style.

Mais là où cet opus se démarquerait le plus largement de son aîné concerne l'imposante pièce en actes metal symphonico-progressive dispensée par le combo, ce dernier révélant alors un potentiel technique désormais plus affermi et des arrangements que pourraient lui envier nombre de ses pairs. Ainsi, l'altière, épique et ''therionienne'' fresque « Premonitions of War » déroule ses 7:27 minutes d'un palpitant spectacle, abondant en coups de théâtre, où riffs crochetés, rythmique frondeuse et percussions en liesse évoluent avec aplomb et de concert avec la foisonnante, virevoltante et dévorante instrumentation symphonique. Mise en habits de lumière par les angéliques volutes de la princesse que ne quitte pas d'un pouce sa garde rapprochée, cristallisée par une cohorte de choeurs que rien ni personne ne saurait enrayer la progression, disséminant parallèlement de poignants harmoniques aux portées finement esquissées, et en dépit de ses inaltérables développements, la dantesque et luxuriante offrande parvient à maintenir l'attention constante. Chapeau bas.

Résultat des courses : à l'instar de son aîné, le cadet se fait à la fois charismatique, épique et enivrant, témoignant d'une ingénierie du son coulée dans le bronze et ne concédant pas l'ombre d'une zone de remplissage ou d'un point mort. Tout aussi chatoyantes et pétries d'élégance, un poil plus mûres et emphatiques, sans pour autant se montrer grandiloquentes, poussant peu ou prou à un headbang bien senti, fleurant bon la féconde inspiration mélodique de leurs auteurs, ces inédites compositions pourront aspirer un tympan déjà sensibilisé aux vibes de leurs maîtres inspirateurs.

Si le propos s'avère varié sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, révélant en prime une palette étoffée en matière d'exercices de style, il faudra encore à nos acolytes y adjoindre un zeste d'originalité, affiner les lignes de chant et digérer suffisamment leurs sources d'influence pour les faire leurs, afin de les voir se muer en de redoutables opposants face la concurrence galopante inhérente à ce registre metal. Toutefois, là encore, peu d'ombres au tableau contrarieront notre plaisir à les suivre dans leurs pérégrinations. Plus encore, à l'aune de cette puissante et séduisante livraison, le combo a désormais les cartes en main pour accéder au rang de valeur confirmée du metal symphonique à chant féminin. En espérant ne pas avoir à patienter six autres longues années...

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