Quelque part dans le futur, il existe une intelligence artificielle du nom d’E.V.E. Cette IA prédomine le monde dans lequel nous vivons et contrôle tous ceux qui y habitent. Elle en est venue à instaurer une pratique obscure et mal intentionnée : les rares survivants à sa dictature appelés les NexGen devront lui obéir au doigt et à l’œil. En échange, ils auront le droit au paradis, une terre promise nommée Youtopia qui sera leur lit de mort. Mais cette promesse n’est en réalité qu’une baliverne et les rescapés doivent malheureusement accepter cette circonstance. Mais comment peuvent-ils s’en échapper ? Seules l’horreur et l’endoctrinement font face à une population qui se consume à petit feu, un enfer où chaque chemin semble sans espoir, où nous sommes contraints à creuser notre propre tombeau.
C’est par ce synopsis apocalyptique et funeste que les britanniques de
Bring Me The Horizon présentent leur huitième album Post
Human : Nex Gen. Après un premier volet et EP Post
Human :
Survival Horror où expérimentations et curiosités ont été les piliers d’un opus moderne mais néanmoins décousu, le groupe doit désormais confirmer un coup de folie que l’on attendait presque plus après les immenses déceptions qu’ont été les deux dernières productions studio
That’s The
Spirit et Amo. De même, parfois engluée dans des écritures ternes et sans grand intérêt, on espère que notre petite troupe a rectifié le tir sur une œuvre très étoffée avec pas moins de seize titres et qui approche tout de même de l’heure d’écoute.
Malheureusement, il ne fallait pas s’attendre au miracle car avec un contenu aussi riche, il était quasiment impossible de ne pas tomber sur des compositions en-deçà des attentes. Quelques-unes d’entre elles atteignent des bas-fonds que l’on pensait pourtant derrière nous. Cette pauvreté musicale ne se fait pas prier car dès le second morceau YOUtopuia, nous la retrouvons avec un instrumental insignifiant et terriblement ennuyant ainsi qu’une multiplication des effets vocaux pour un rendu particulièrement disgracieux. Par ailleurs, le schéma caricatural pop couplet-refrain accentue ce sentiment de lassitude avec une mélodie sans la moindre once de fantaisie.
On n’est guère plus convaincu par des morceaux tels que Top 10 staTues tHat CriEd bloOd ou
LosT avec une prestation vocale en dents de scie et des structures certes moins conventionnelles mais où l’esprit pop, notamment sur les sections que l’on qualifie de « synthétique », entraîne une cassure dans la dynamique. Pour autant, tout n’est pas à jeter dans ces deux morceaux puisque les breakdowns électroniques sont clairement convaincants et participent à la personnalité du groupe.
A l’instar de son prédécesseur, la production affiche une belle dose d’exotisme et nous procure même quelques stupéfactions auxquelles on ne croyait plus. La plupart d’entre elles proviennent des featurings qui appellent à une diversité et même à un retour aux sources que l’on avait plus entendu depuis There Is A
Hell Believe Me I’ve Seen It. There Is A
Heaven Let’s Keep It A Secret.
AmEN! avec la participation de Lil Uzi Vert et Daryl Palumbo de
Glassjaw signe une revanche sur le passé de la formation avec un style deathcore/metalcore largement mis à contribution. On sent certes des vocaux encore un peu friables de la part d’Oli Skies mais on n’a jamais été aussi heureux de redécouvrir du screaming et même du growl. La petite section rappée est également éblouissante et renforce une certaine singularité. Et que dire de cette panne classique qui nous renvoie dans les tout débuts de nos Britanniques, le tout sous des guitares rustiques et une double pédale frénétique.
Le quatuor ne cesse de nous dérouter avec une collaboration des plus inattendues, celle de la superstar norvégienne
Aurora dans le titre liMOusine, une dualité vocale et une douceur au sein d’un registre instrumental dramatique et sévère. On regrettera sans doute une mélodie assez redondante dans son ensemble, un sentiment qui sera partiellement gommé par un nouveau breakdown dévastateur et grinçant. Même sans invités, l’ensemble britannique est encore capable d’être redoutable et le prouve merveilleusement bien sur
Kool-Aid où les techniques vocales sont robustes et où la lourdeur est prédominante. Les guitares sont imposantes, la batterie est percutante et laisse place à une énième panne d’une rigidité inflexible. On peut d’ailleurs noter un mini-solo de guitare ainsi qu’un mini-blastbeat un peu sorti de nulle part mais qui font plaisir à retrouver.
Même dans des répertoires qui s’éloignent du metal, la formation a des arguments à faire valoir et qui sont concluants. [ost] p.u.s.s.-e, outre son nom assez osé, nous introduit à une interlude de drum’n’bass inédite dans la discographie de
Bring Me The Horizon. Si sa position dans la tracklist de l’album questionne, elle n’en demeure pas moins un axe de réflexion pour de futures compositions, pourquoi pas dans une teinte électro metalcore à la
Northlane. Dans cette même mouvance, R.i.p (duskCOre Remix) nous prédispose dans cette tonalité électronique. Malheureusement, le tableau est quelque peu gâché par un tempérament pop qui rend le titre à la fois prévisible et accessible sans que nous soyons véritablement enchantés.
Post Human: Nex Gen nous plonge dans un univers dystopique où l'intensité et l'expérimentation se mêlent à une production ambitieuse, mais aussi inégale que le premier volet. Si certains morceaux captivent par leur audace et leurs contributions surprenantes, d'autres peinent cruellement à convaincre, prisonniers d'une formule pop trop souvent banale. L'album oscille entre éclats de créativité et moments de faiblesse qui témoigne d'une quête identitaire encore en gestation pour
Bring Me The Horizon. Malgré ses défauts notables, ce huitième opus parvient toutefois à ouvrir de perspectives intrigantes pour la formation, dans un entre-deux entre classicisme et modernité. L’ouvrage laisse donc entrevoir un futur à la fois incertain et plein de promesses pour quatre musiciens qui étaient pourtant au bord du précipice.
Je crois que j'ai plus écouté quelque chose d'aussi "accessible grand public" depuis Hybrid theorie ou Meteora de Linkin park. Qu'on aime ou pas il laisse pas indifférent. La chanson "Di4u" est une des plus accrocheuses de l'album.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire