Ne Obliviscaris ou comment faire vivre l’esprit de la musique dans un album.
Forts d’une première démo,
The Aurora Veil, les Australiens de
Ne Obliviscaris sont de retour avec leur tout premier album intitulé sobrement
Portal of I. Attendu par les fans depuis 2008, l’album paraît enfin le 7 Mai
2012 chez
Welkin Entertainment pour nos amis d’Océanie, et sous le label italien Code
666 pour le reste du monde.
Ne Obliviscaris c’est quoi ? Si on devait coller une étiquette à ce groupe, ce serait du
Metal Extreme Progressif. (Oui, dit comme ça, c’est un peu vague vu le nombre groupes extrêmes se revendiquant de « progressifs »…) Disons plutôt un
Metal Prog Blackisé. L’album dont il est question ici, est composé de 7 morceaux d’environ une dizaine de minutes chacun, dont 3 déjà présents sur la démo, mais ré-enregistrés, légèrement modifiés pour l’occasion, et le tout mixé par Jens Bogren en personne. OUI mesdames et messieurs, le même type qui a bossé sur les albums d’
Opeth,
Katatonia ou
Bloodbath et qu’on ne présente plus. On imaginera donc que la production est ici au poil, et qu’aucun instrument n’est en reste.
Parlons peu, parlons bien, parlons musique maintenant. L’album s’ouvre de la même manière que la précédente démo, c’est-à-dire en fanfare sur le titre Tapestry Of The Starless
Abstract (ouf !) avec un blast plutôt nerveux accompagné d’une voix caverneuse typée Black/Death… Et très vite nous saute aux oreilles les éléments qui font la particularité du combo : une voix claire ainsi qu’un violon, tous deux maniés avec brio par Tim Charles.
Le violon joue un rôle prépondérant dans la musique de
Ne Obliviscaris ; il y apporte une touche mélodique ainsi qu’une dimension mystique et merveilleuse. Tantôt ouvrant le morceau sur une valse déchirante (
And Plague Flowers the Kaleidoscope) ou accompagnant la guitare sèche pendant un break, livrant même une longue complainte pendant une bonne partie du titre
Forget Not.
Si Mr Charles maîtrise parfaitement ses instruments, tous les membres du sextet venant de Melbourne se trouvent être des musiciens accomplis ; Benjamin Barett, guitariste de nos contrées, nous offre des leads et solos véloces et terriblement efficaces, là où le jeu de batterie de Dan Presland (crédité sur l’album mais ayant quitté le groupe peu avant la sortie de la galette) fait des merveilles. La basse de Brendan Brown ressort de manière claire et profonde, apportant un petit air Jazzy, notamment sur l’intro d’Of The
Leper Butterflies piste la plus courte de l’album et composée par ce dernier. Matt Klavins, le gratteux rythmique n’étant pas un manche non plus, et Xenoyr, l’assigné au chant extrême et aux paroles, fait preuve d’une voix caverneuse, et non-dénuée de puissance tout au long du skeud.
Revenons d’ailleurs sur le chant, l’un des éléments les plus appréciables de ce disque. Je m’explique : bien souvent les deux types de chants sont utilisés simultanément, provoquant un effet de résonance et de dualité. A l’image du violon, les deux chants se fondent pour former une valse, à la fois douce et tortueuse. Le combo Australien semble avoir un talent particulier pour emporter l’auditeur dans son courant et composer de véritables montées en puissance, s’achevant quasi-systématiquement en apothéose, sorte de maelström mélodico-technique (je sors l’artillerie là), tout à fait jubilatoire pour nos oreilles. (Écoutez moi
Forget Not, Xenoflux ou Of Petrichor Weaves Black Noise bon sang …)
Au final, si l’on veut trouver ici un point déplaisant, ce serait la longueur de l’album. En effet, malgré ses 72 minutes au compteur, Of Petrichor Weaves Black Noise arrive bien trop vite et achève l’album en beauté, tellement qu’on en redemande. On espère bien également qu’il ne faudra pas aux Australiens 4 ans de plus pour nous pondre un second opus et on peut s’interroger sur la capacité du groupe à rebondir après un premier effort d’une telle qualité, car s’ils peuvent faire mieux, je suis curieux de voir comment.
Si certains se plaisent à comparer
Portal of I avec le
Blackwater Park d’
Opeth, je ne me risquerai pas à cette comparaison, même si l’album de
Ne Obliviscaris est susceptible de fortement plaire aux fans de nos chers Suédois.
Car, si vous ne deviez retenir qu’une chose de cet album, ce serait sa beauté et le voyage sinueux dont il nous fait profiter. A la fois accessible et complexe, la musique se fait tour à tour puissante et douce, sublime et écorchée.
Un paysage musical féérique et merveilleux, j’en redemande. S’il y a bien une chose que l’on n’oubliera pas, ce sera cet album.
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