Exul

Paroles
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
17/20
Nom du groupe Ne Obliviscaris
Nom de l'album Exul
Type Album
Date de parution 24 Mars 2023
Style MusicalDeath Progressif
Membres possèdant cet album27

Tracklist

1.
 Equus
 12:13
2.
 Misericorde I (As the Flesh Falls)
 07:33
3.
 Misericorde II (Anatomy of Quiescence)
 09:22
4.
 Suspyre
 10:09
5.
 Graal
 08:53
6.
 Anhedonia
 03:43

Durée totale : 51:53

Acheter cet album

 $10.41  17,48 €  16,33 €  £13.57  $57.22  16,50 €  19,44 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Ne Obliviscaris


Chronique @ Ensiferum93

15 Septembre 2023

Exul se place en véritable arche de NeO pour leur permettre de continuer l'aventure.

Ahhh, l'Australie...nous connaissons bien les animaux que cette Terre de nature propose, entre les marsupiaux bondissants et les araignées de la taille d'un lièvre. Il semble toutefois plus difficile de faire connaître sa musique au-delà des frontières de ses vastes étendues. Quelques rares groupes commencent à y parvenir, principalement de la scène metalcore (Parkway Drive, Northlane, Make Them Suffer) mais la vague Death est très loin du tsunami. Aux côtés de Be'Lakor qui s'exprime à travers un death mélodique qui n'a rien à envier aux spécialistes d'Europe du Nord s'érige le groupe qui nous intéresse aujourd'hui : Ne Obliviscaris.

Avec son approche Death Progressif d'une rare finesse, le groupe de Melbourne a pu accroître sa renommée grâce à Dani Filth, diablotin derrière le micro de Cradle Of Filth qui les a repérés et invités à jouer en première partie au cours de leur tournée en 2015.

Depuis leur premier album, « Portal of I », sorti en 2012, Ne Obliviscaris s'est frayé un chemin vers les figures de proue d'un style aux frontières sans cesse repoussées, ce dont il est en partie responsable. Qu'il s'agisse de la virtuosité de ses membres, de la qualité des compositions ou de la plume de Marc Campbell (aka Xen), le sextet est difficile à prendre en défaut. Bien que critiqué pour son côté justement élitiste, la mentalité qui les anime est tout autre : proposer des mélodies harmonieuses sur un fond de musique extrême. Et autant dire que la sauce prend immédiatement.

Les albums qui ont suivi ("Citadel" en 2014, "Urn" en 2018) n'ont fait que confirmer la main mise du groupe sur le trône des grands noms du death prog'.

C'est leur dernière offrande en date qui nous réunit ce jour : "Exul". Initialement prévue pour 2020, la sortie se voit reportée pour cause, excusez-moi du peu, d'une pandémie mondiale. Malgré les doutes qui ont pesé sur le groupe de poursuivre l'aventure, leur compositeur principal Benjamin Baret reprend les différents morceaux et les développe en partenariat avec le bassiste Martino Garattoni, pour donner un second souffle aux autres membres et les convaincre de mener à terme ce projet. Et, je vous le dis d'avance, nous pouvons leur témoigner notre plus sincère reconnaissance.

Dès les premières minutes de "Equus", nous savons que ce qui « berce » nos tympans délicats n'est autre qu'une réussite supplémentaire à mettre au compteur du combo. Les toms dansent et invitent la basse vrombissante pour une chorégraphie de haute volée avant l'arrivée d'une guitare grinçante alors que le violon majestueux de Tim nous emporte au-dessus des terres calcinées par les incendies ayant ravagé le pays en 2019. Xen nous dépeint le portrait d'une nature à l'agonie où les espèces se meurent, dévastées par les flammes d'un enfer qui n'a rien de métaphorique. "Equus" est le morceau le plus long de l'album et alterne avec une justesse imprenable les parties mélodiques, plus extrêmes, acoustiques et harmoniques. Les voix de Tim et Xen prennent leur place tour à tour et se rejoignent ici et là pour une polyphonie dont le décalage n'en est que plus satisfaisant, nous renvoyant aux premières amours du groupe (leur entrée sur « And Plague Flowers the Kaleidoscope » notamment). Plusieurs lignes de growl se retrouvent d'ailleurs, l'un très guttural tandis que l'autre prend naissance dans le diaphragme de l'homme en noir qui, aussi mince soit-il, a de la caisse pour tenir ses notes aussi longtemps !

Nous pouvons déjà remarquer que, contrairement aux albums précédents, les guitares sont ici légèrement plus en retrait. Loin d'être inaudibles aux moments nécessaires, elles se retrouvent quelque peu en arrière sur le mix, comme en soutien pour permettre aux autres instruments de s'exprimer. La basse, en revanche, y est souvent plus perceptible, avec ces lignes aussi techniques que mélodiques dont Martino a le secret.

Cette technicité se retrouve dès l'entrée de "Misericorde – As the Flesh Falls" avant que Xen ne s'empare du micro pour une entrée plus brutale où il domine les couplets. Les guitares sont ici bien plus présentes, elles ne se contentent plus de soutenir la mélodie. Ça bombarde de tous les côtés ; il faudra plusieurs écoutes pour pleinement capter tout ce qui est joué tant la musique est riche, sans pourtant sombrer vers une cacophonie dans laquelle certains musiciens de prog' nous perdent trop souvent (le duo John Petrucci - Jordan Rudess, on vous voit !!). Le violon se laisse inspirer par des vibrations orientalisantes tandis que le jeu des guitares nous permet des respirations bienvenues, portées par des rimshot claquants. Sa suite nous émeut par sa douceur où la délicatesse du piano accompagne le violon dans ses boucles aériennes telles un oiseau en plein vol, avant de développer un thème plus lyrique tout en émotions. L'entrée de la six-cordes nous rappelle les grandes heures du rock psychédélique des années 70, avant que les autres instruments ne s'éveillent spontanément pour la faire s'envoler au-delà des plus hautes cimes. Comme s'ils permettaient aux narrateurs (qui mettront plus de six minutes à arriver) d'initier leur montée au ciel pour profiter de la tranquillité de la mort.

Cette thématique n'est pas ici traitée de façon funèbre mais davantage avec une intention de lâcher prise, idée retrouvée sur « Suspyre » : notre mortalité est la preuve de notre vacuité. Toute l'ambivalence des sentiments associés se retrouve dans le jeu de Tim, qui sait faire grincer son violon comme personne pour des joutes malsaines entre des mélodies à se damner ! Ce panel de nuances se retrouvera également dans sa voix, qui ne se limite pas ici à de sublimes envolées mais se pare de nuances plus agressives apportant une subtilité dans son chant, que l'on ne lui connaissait que trop peu. Ce morceau fait également la part belle au growl de Xen, qui semblait jusqu'ici légèrement plus en retrait que sur les précédentes offrandes. Et ce n'est pas sa prestation dans "Graal" qui nous fera changer d'avis, morceau au cours duquel il nous pulvérise ici les tympans avec toute sa puissance et la nuance de son chant, ici parfaitement fluide, là bien plus gras et rugueux. Il est accompagné par une double pédale au galop, elle-même chevauchée par des guitares habilement saturées. Le morceau nous emmène de solos en solos guitare-violon des plus réussis, montrant ici toute la technique du français Benjamin Baret, qui garde toujours à l'esprit une intention mélodique et émotionnelle.

Le jeu de Dan Presland est également à saluer. Nous pouvons en toute légitimité nous questionner : est-ce un homme ou un poulpe qui s'occupe de la batterie ? Il est partout, avec une précision au millimètre qui force le respect, avec toujours cette capacité à apporter des nuances même dans ses interventions les plus extrêmes. Il ne fait toutefois plus partie du groupe au moment où le CD paraît, ayant choisi de se consacrer à ses autres projets depuis février 2022. Remplacé par le désormais célèbre Kevin Paradis, qui a contribué au dernier méfait de Benighted, autant dire que la relève est assurée au vu de sa récente performance live. Bien qu'il n'apporte pas de modification aux lignes créées par son prédécesseur, il les exécute avec tout autant de justesse. Reste à voir s'il apportera une dimension (encore) plus extrême aux futurs albums du groupe, que l'on pourrait désormais qualifier de franco-italo-australien.

Là où nous pouvons toutefois nous interroger, c'est sur leurs intentions promotionnelles. À la sortie de son grand frère "Urn", le groupe avait déjà publié trois des six morceaux proposés. Il bat ici son record avec 3 morceaux dévoilés avant la sortie et un le jour-même. Autant dire que même si cet album est rempli de qualités, il ne peut que difficilement surprendre. Seul l'outro "Anhedonia" nous montre NeO sous un jour inattendu : un morceau court fait de vocalises emplies de désespoir, portées par trois violons qui s'entremêlent avec de plus en plus de saturation, nous laissant à leur départ abasourdi·es par le voyage proposé.

En conclusion, même s'il ne réinvente pas le style du groupe, "Exul" lui permet d'asseoir encore un peu plus sa suprématie sur la scène death prog. Bien qu'il soit d'une grande complexité technique, il ne se perd jamais dans des démonstrations stériles et reste assez accessible pour le style. Tout s'y enchaîne de façon fluide ; même les morceaux les plus longs ne font jamais patchwork, tout y est ciselé avec minutie. Il nécessite néanmoins de nombreuses écoutes pour en saisir toute la subtilité. Entre le poulpe aux fûts, les agressions animales de Xen et les lignes de basse qui tissent de véritables toiles d'araignée, le combo nous propose une musique qui a du chien et des compositions d'une richesse à nous faire devenir chèvres.

Pour faire court, si exil il y a, fort à parier qu'"Exul" se place en véritable arche de NeO pour leur permettre de continuer l'aventure.

7 Commentaires

12 J'aime

Partager

MetalSonic99 - 16 Septembre 2023:

@Ensiferum93 : Ouais, t'aurais pu le dire avant, ma chaîne Hi-Fi des années 70 vient d'exploser sur le titre "Graal" et j'entend plus de l'oreille droite!wink

Blague à part, c'est certain, c'est pas mon domaine de prédilection mais y a du Death que j'aime bien. Amon Amarth ou Arch Enemy par exemple, mais je suis hyper sélectif dans ce genre la!
En gros, soit ça passe, soit ça casse! Et ici, bien que le titre que tu m'aie conseillé me plaît vraiment bien, le reste n'est pas fait pour moi! 
Attention, je précise que jamais je ne dirai que c'est nul ou inaudible ou autres insultes!
C'est juste que ça ne me convient pas...et mon oreille gauche me supplie de pas connaître le même sort que sa soeur! cheeky
Mais je le redit, la particularité de cette chronique, (même quand ce n'est pas le domaine de prédilection) donne envie de découvrir le disque car elle est foutrement bien écrite!!

Fonghuet - 18 Septembre 2023:

superbe chro, merci! J'ai bien hâte d'écouter! Surtout que j'ai pas aimé Urn

Ensiferum93 - 19 Septembre 2023:

Merci Fonghuet pour ton retour smiley Je ne peux pas te garantir que celui-ci saura satisfaire tes conduits auditifs, mais il a une ambiance bien différente de Urn. N'hésite pas à revenir apporter tes premières impressions lorsque tu l'auras écouté wink

Fonghuet - 20 Septembre 2023:

avec plaisir!

    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

Autres productions de Ne Obliviscaris