Le voilà enfin, cet album des thrashers d'
Hexecutor ! Les Rennais y ont mis le temps, mais l'objet est bien disponible, toujours chez
Legion Of Death Records / Armée de la
Mort, le label de Shaxul, leader de
Manzer. Fidèles à leur label et à l'underground Français, les quatre "pendus" ont affiné leurs cartouchières lors de festivals et concerts un peu partout (citons le
Fall Of Summer cette année, parmi d'autres apparitions en France et en
Europe). Faisant partie de la génération des
Perversifier,
Mortal Scepter et autres
Deathroned, le groupe a pris son temps pour sortir ce premier album, souhaitant une carte de visite en tous points irréprochable. La pochette a été confiée à Jon
Whiplash (membre de
Skelethal). Notons le judicieux le clin d’œil avec les quatre personnages pendus en second plan. Le disque a été enregistré et mixé au Caveau Studio (Aum,
Manzer, ou le 1er E.P. des thrashers d'
Extravasion à venir), preuve s'il en était de l'attachement d'
Hexecutor à la scène locale.
Attaquant pied au plancher avec l'intense "
Macabre Ceremony", aux accents très germaniques, l'auditeur sera rapidement happé par la déflagration thrashmetal du groupe. Typiquement dans la lignée de la démo et du 7"
Hangmen of Roazhon (depuis longtemps épuisés), on retrouve les petits cris de Jey (assez rarement quand même, ce point pouvant être sujet à débat) et les riffs acérés de la paire de guitaristes, tranchants comme deux lames affûtées (
Razor n'est jamais très loin), entrecoupés de breaks faisant la part belle aux roulements de Putrid
Von Rotten. On appréciera cette alternance de riffs secs (avec très souvent les petits pincements de cordes stridents, marque de fabrique du groupe), les breaks courts mais jamais inutiles, et un ensemble frénétique qu'on aurait cru jamais entendre de la part d'un groupe Français ("Helène Jegado", le diabolique et tournoyant "Visitation Of A Lascivious
Entity").
Intense et effréné, l'album comblera les aficionados du genre, au-delà de leurs espérances. Les non-initiés pourront se rassurer en se référant au premier
Metallica, ou aux tous premiers enregistrements de
Destruction ou
Whiplash.
Mais réduire
Hexecutor à un simple groupe de retro-thrash ne serait pas exact, car les thrashers utilisent aussi le heavymetal des racines au travers de soli mélodiques ("Raped Under The Stars") et des rythmiques issues de la NWOBHM (
Phalanx Of
Damnation"). Les titres, par rapport aux premiers pas du groupe, sont ici plus longs ("Visitation Of A Lascivious
Entity" ou "
Phalanx Of
Damnation" atteignent les huit minutes). Egalement, on apprécie la structure entraînante d'un titre comme le superbe "Marquise de Brinvilliers", à la basse galopante, aux enchaînements plus qu'efficaces (un petit côté limite épique dès son introduction, sans compter le riff bourdonnant à 5'19") ou le festif et speed "Hardrockers City" qu'on voit bien clôturer les shows du groupe. Comme les moments de bravoure sont nombreux (les riffs à 1'05" et à 4'00 de "
Phalanx Of
Damnation" sont un bel exemple, et on ne peut s'empêcher de deviner la fierté que devrait ressentir un Mike Sifringer à l'écoute de cet album), le thrasher se pincera de nombreuses fois à l'idée qu'un tel disque soit issus de notre beau pays.
Trois titres sont ici liés textuellement et constituent un des moments forts de l'album : Les paroles fouillées de "Marquise de Brinvilliers" contant l'histoire de Marie-Madeleine Anne Dreux d'Aubray, marquise de Brinvilliers donc (née le 2 juillet 1630, et rendue célèbre par l'Affaire des Poisons, elle fut jugée et décapitée à 46 ans pour crime de fratricide par empoisonnement). L'entêtant "La Sorcière du Marais", seul titre chanté en français, (rappelant du vieux
Misanthrope sur les couplets, et contant l'histoire de
Catherine Deshayes, également liée au Scandale des Poisons sous Louis XIV), déjà joué sur scène (voir vidéo ci-dessous), et "Helène Jegado", bretonne empoisonneuse utilisant de la "mort aux rats" dans ses gâteaux. Un bel effort de Jey Deflagratör rendant captivante la lecture de ces textes.
Le seul réel bémol de cette déflagration sonore de plus de 48 minutes digne de figurer au panthéon des albums thrash de l'année, est le mixage (pourtant déjà à l'origine du retard de la sortie de l'album) un peu strident, ne laissant pas assez de profondeur au spectre sonore, et altérant l'impact final. Mais ne boudons nullement notre plaisir, un tel disque est carrément un don de nos hangmen Rennais, et le thrasher Français qui se rendra dans un festival étranger pourra avec fierté bomber le torse en citant
Hexecutor comme notre fer de lance du thrash européen. Déjà référentiel.
la chronique de lemoustre m'a convaincu et l'écoute a confirmé le niveau.
excellente decouverte.
J'adore cet album, mais quel dommage comme tu le dis, cette prod molle du genou...
J'ai craqué, j'ai fini par l'acheter cette satanée version 2018, et paf, encore un album en double pour de misérables raisons de collectionnite aiguëe… Je suis faible.
Bon, le bon point, et que personne n'a soulevé ci-dessus je crois, c'est qu'en plus des 5 (excellents) titres de la démo 2012 réenregistrés en bonus, tous les titres de l'album ont bénéficié d'un remastering, du moins si mes vieilles zoreilles ne m'abusent pas. Du coup, le son gagne un supplément de puissance bienvenu qui, il est vrai, faisait un peu défaut à l'édition originale.
Un achat donc beaucoup moins superflu que je l'ai cru au premier abord, qui justifie amplement le doublon sur mes étagères… Ma femme est cependant restée sourde à l'argument, allez savoir pourquoi !?!
Oui le Remaster valorise nettement le son de batterie mais la seule présence de ces 5 titres justifie l'acquisition de cette nouvelle version.
En réalité pour plus de lisibilité, le groupe aurait du sortir un Ep avec les 5 titres ré-enregistrés de la démo et ressortitr l'album en remastered... d'autant qu'un troisième pressage va etre fait.
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