Liste des groupes Metal Symphonique Zaria Po Poti Zivljenja

Parmi les nouveaux entrants dans le metal symphonique à chant féminin, souvent empreints d'optimisme, beaucoup y ont, légitimement, misé tous leurs espoirs de réussite. Mais face à l'afflux incessant de ces formations et sous l'emprise des cadors du genre, la plupart n'ont pu s'imposer autant que souhaité, au moment où d'autres ont fini par tomber, parfois prématurément, dans l'oubli. Conscient des enjeux d'un tel investissement et encore peu connu hors de sa terre natale, ce jeune sextet slovène s'est montré prudent dans sa démarche, s'étant laissé le temps d'affiner sa production d'ensemble et de faire évoluer son style. Prudence est mère de sûreté, dit-on...

Impulsés par un enivrant EP 4 titres dénommé « Sij Obzorja », Inez Osina (chant et flûte), Nika Kos (batterie), Miha Merc (guitare rythmique), Jakob Konda (lead guitare et chant), Gašper Pesek (claviers et chant) et Rok Ražman (basse) nous reviennent un an plus tard prêts à en découdre. Ainsi nous livrent-ils leur premier album full length intitulé « Po Poti Zivljenja », auto-production généreuse de ses 11 titres, intégralement écrits en slovène, égrainés sur un ruban auditif de plus de 48 minutes et ayant bénéficié d'une qualité d'enregistrement de bonne facture et d'un mixage bien ajusté entre chant et orchestration.

Ainsi, 3 ans après sa création, le combo a élevé le niveau de ses exigences quant à sa logistique et souhaité accentuer encore la fibre mélodico-symphonique par rapport à son orientation metal folk celtique originelle, ces deux tendances s'harmonisant parfaitement dans cette œuvre. Une manière originale de faire cohabiter des sources d'influences aussi diverses que Nightwish (première mouture), Eluveitie, Lyriel, Elane, Clannad, entre autres, tout en ayant pris soin d'y adjoindre, cette fois, une touche plus personnelle qu'autrefois.

Lorsqu'il se lance dans le metal symphonique, le groupe a bien souvent suivi les traces de Nightwish, avec une petite touche folk en substance. Ainsi, le cinématique et bref instrumental d'ouverture « Po Poti Zivljenja », par sa flûte gracile et ses caressantes nappes synthétiques, nous fait voyager en d'oniriques contrées. Entame plutôt classique mais réalisée avec maestria par le collectif slovène. Le chevaleresque up tempo « Glas Srca » aux riffs plombants enchaîne, nous renvoyant, tout comme « Sledi Zvezdi », à un Nightwish de la première heure, à l'image de « Oceanborn ». Des couplets bien ciselés et des refrains catchy, mis en exergue par les chatoyantes patines oratoires de la sirène (dans le sillage de Tarja), sauront rapidement trouver un débouché auprès de l'aficionado du cador finlandais. On appréciera les infiltrations d'une flûte virevoltante, conférant une touche folk à deux pistes d'obédience metal symphonique.

Une orientation progressive de même influence vient compléter le tableau, avec deux belles pièces à la clé. Ainsi, sonnent les tambours sur «  Temnina », soufflant mid/up tempo symphonico-progressif. Doté de riffs crayeux, d'une rythmique offensive, d'une flûte pimpante et de séries d'accords finement échafaudées, cette fresque se pare de ponts à la technicité éprouvée et d'une sente mélodique qui jamais ne s'affadit. Quant aux inflexions de la maîtresse de cérémonie, elles s'imposent à nous sans avoir à forcer le trait. On ne restera pas de marbre non plus face aux assauts répétés d'une rythmique acérée sur « Spev Zmagoslavja » ; la vélocité progressive des frappes de fûts et des ondulations de la flûte achevant de nous convaincre de rester jusqu'à l'ultime note de cette infiltrante outro instrumentale.

Dans cette mouvance, le combo a parfois et opportunément ralenti la cadence. Pour illustration, on retiendra « Nov Začetek », mid tempo dans l'ombre du maître inspirateur, séduisant tant par les fines modulations de la mezzo soprano que par ses troublants refrains. Un morceau à la mélodicité exigeante, à l'assise instrumentale prégnante d'inspiration symphonico-folk et laissant percevoir une belle profondeur de champ acoustique. Bref, un moment de pure jouissance auditive.

N'ayant pas renoncé à ses premières amours, le groupe nous renvoie parfois, de différentes manières et non sans émotion, à un environnement folk des plus réjouissants.
D'une part, dans le sillage d'Eluveitie, avec une touche de Blackmore's Night, l'enjoué « Divja Jaga » et l'énergisant et accordéonisant « Na Odprto Morje », sous l'impact de leurs riffs gras et de leur flûte enchanteresse, nous projettent dans un joyeux univers celtique. Et ce, sous le joug d'un chant mixte, les célestes volutes de la belle contrastant avec l'empreinte gutturale de ses comparses masculins. Et comment résister à l'appel des sinueuses envolées d'une flûte sauvageonne sur l'entraînant « Moč Brez Imena » ? Dans la mouvance coalisée d'Eluveitie et de Lyriel, cette sémillante offrande suivant un tracé mélodique des plus hypnotiques et calée sur un symbiotique duo mixte en voix claires ne ratera pas son effet.

Plus en retenue, dans ce même registre, on retiendra « Spomin Tisočerih Dni ». Mid tempo aux riffs grésillants, à mi-chemin entre Eluveitie et Elane, avec un zeste de Clannad, qui envoûte par ses délectables harmoniques, capte nos sens par les impulsions angéliques de la déesse et ses grisantes sonorités d'inspiration folk.

Enfin, les deux tendances stylistiques ont même fini par s'entremêler, déclenchant alors chez le chaland un headbang bien senti. Bref, quelques points du spectacle réservant d'insoupçonnés soubresauts. Ainsi, les frondeurs et charmeurs « Pozabljeni Svet » et « Sledi Zvezdi », dans la lignée de Nightwish, avec une touche folk empruntée à Lyriel, avec quelques relents d'Eluveitie quant à leurs harmoniques, se plaisent à nous bousculer par leur tapping martelant et leurs riffs échevelés tout en nous cueillant en plein vol par l'élégance de leur cheminement mélodique. Le collectif nous octroie, en prime, de belles finitions sur deux titres qui auraient moult atouts pour jouer dans la catégorie des hits en puissance.

A l'issue de l'écoute de la galette, on reste stupéfait par les progrès accomplis par le combo slovène depuis son premier effort. Un an seulement après sa sortie, il nous propose une œuvre à l'atmosphère plurielle, techniquement solide mais non ostentatoire, mélodiquement efficace sans être sirupeuse, aux combinaisons stylistiques aussi charismatiques qu'originales, nous faisant ressentir la force des éléments de bout en bout de notre parcours. Pas une longueur superflue, ni une seule baisse de régime ne transparaissent de ce propos à la production soignée. On éprouve alors le besoin irrépressible de goûter à nouveau à cette onde vibratoire susceptible d'éveiller d'authentiques plaisirs. On comprend donc que le combo slovène a placé la barre haute, poussant les frontières de son art toujours plus loin. Nul doute qu'à l'aune de cet opus, nos acolytes ont une belle carte à jouer pour imposer leurs gammes sur la scène metal internationale.