The Ocean est un groupe qui laisse rarement indifférent. Fort de deux très bon albums
Aeolian et
Precambrian, le groupe a eu un sérieux coup de mou sur le dyptique
Heliocentric /
Anthropocentric. La faute à un nouveau chanteur et une réorientation musicale vers des terres plus mélodiques qui allaient changer à tout jamais notre perception du groupe allemand. Ainsi
Heliocentric et
Anthropocentric ont été maintes fois critiqué pour leur manque de rage (à cause des parties chantées de plus en plus nombreuses) ainsi qu’un côté mélodique un peu trop présent. C’est pour cela qu’en raison de la fâcheuse tournure que prenaient les évènements, nombreux sont ceux qui décidèrent de quitter le navire en cours de route. Pourtant
The Ocean continue son petit bonhomme de chemin jusqu’à aujourd’hui sortant son sixième album intitulé
Pelagial.
Pensé à la base pour être entièrement instrumental en raison des problèmes de voix de Loïc Rosseti,
Pelagial est écrit par comme un unique titre de 53 minutes. Néanmoins, Loïc récupéra sa voix après la composition de l’album. Le chant a donc été ajouté par la suite et l’on décida de découper le morceau en onze pistes afin de faciliter l’écoute.
Pelagial est également divisé en deux CD : le premier est la version original, c’est-à-dire exclusivement instrumentale. Le second se voit accompagné du chant de Loïc Rossetti. Comme on peut l’observer sur la pochette et à travers les paroles, le thème principal de l’opus tourne cette fois-ci de autour de l’océan et de la descente dans ses profondeurs abyssales. Le mix a été réalisé par Jens Bogren (
Opeth,
Katatonia, …) qui procure à cet album un son tout bonnement excellent, très équilibré et d'une subtilité remarquable.
Je parlerai dans cette première partie de la version chantée.
L’immersion se fait donc dans la douceur avec la piste introductive « Epipelagic » qui nous amènera via ses notes légères au piano vers la première chanson de l’album « Mesopelagic: Into The
Uncanny ». Il règne sur cette piste une insouciance et une légèreté admirable et observable à travers des plans plus mélodiques les uns que les autres. En ce début d‘album, les cris sont très peu utilisés et laissent plutôt place à un chant très mélodieux (parfois niais) particulièrement entêtant lors du refrain. Passé cette première chanson les choses vont se corser et
The Ocean va nous faire plonger de plus en plus profondément dans sa musique imprévisible. Ainsi, sur « Bathyalpelagic I: Impasses » le groupe joue avec quelques arrangements au piano et au violon aérant ainsi l’ensemble.
La batterie sera également surprenante et on assistera à une véritable démonstration technique (en particulier sur « Bathyalpelagic III: Disequilibrated »). Le riffing est quant à lui très riche : il peut être progressif notamment sur « Bathyalpelagic II: The
Wish In Dreams » et « Hadopelagic II: Let
Them Believe » , mais aussi dans une veine plus Hardcore comme en témoigne le colérique « Bathyalpelagic III: Disequilibrated ». L’océan nous transporte et nous mène au gré de courants tantôt froids et chaotiques (« Bathyalpelagic III: Disequilibrated ») tantôt chauds et rassurants sur les nostalgiques « Apyssopelagic » I et II.
Au fur et à mesure du déroulement de l’album, la musique se veut de plus en plus dense et écrasante. Nous arrivons enfin vers les abysses, le chant a totalement disparu sur les deux derniers morceaux et la pression commencent à se faire ressentir. D’ailleurs, « Demersal:
Cognitive Dissonance » entamera le début de cette longue agonie dans des sonorités qui évoqueront les premiers
Mastodon. Puis vient le tour de la lente « Benthic: The
Origin Of Our Wishes », rappelant au passage les Suédois de Cult of
Luna, qui clôturera cette éprouvante agonie.
Toutefois le disque n’est malheureusement pas exempt de défauts. La faute à quelques (petites) longueurs, qui entachent un peu le déroulement de l‘opus. Ensuite certains enchaînements ne sont pas très fluides, chose qui est assez paradoxale pour un album dont la thématique tourne autour de l'eau. Les transitions sont parfois trop abruptes notamment entre « Bathyalpelagic III: Disequilibrated » et « Apyssopelagic I: Boundless Vasts ».
Pour ce qui est de la version instrumentale, cette dernière est assez différente de la version chantée car elle transmet des idées et même des émotions différentes. On « rentre » beaucoup plus facilement dans la musique instrumentale et on s'aperçoit vraiment de l'importance du concept. Sur la version instrumentale, je trouve que l’on ressent plus les fluctuations et l'imprévisibilité de la musique. Cependant la version chantée reste meilleure d’une courte tête car le chant, à l’instar d’un instrument, rajoute ce sentiment d'urgence, d'agonie, d'insouciance ou encore d’espoir que la version instrumentale ne retranscrit pas.
Pour conclure, ce
Pelagial présente beaucoup de bonnes choses : à commencer par de très bons morceaux, riches et mélodiques mais toujours agressifs. Mais également des textes intelligents, effectuant une parallèle entre le caractère physique (la plongée vers les abysses) et Humain (interrogation sur les rêves et les envies mais aussi les déceptions à travers des textes empreints de références Freudiennes). Tout aussi inspiré que
Heliocentric et
Anthropocentric, il s'agit sans aucun doute du meilleur album de l'ère Rosseti. Ce sixième album reste une très belle œuvre aboutit musicalement et textuellement mais totalement différente de la dévastatrice triplette
Fluxion,
Aeolian,
Precambrian.
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