The Negation est un groupe encore quasiment inconnu sur la scène metal tricolore, et pour cause : formé en
2012 seulement, le combo sort son premier album
Paths of Obedience dès 2013, une autoproduction qui, faute de promotion, ne se fait pas beaucoup remarquer. C’est de cet album qu’il s’agit ici, et il conviendrait d’offrir une seconde chance à un opus qui, s’il n’est pas vraiment original, est du moins terriblement efficace et parfaitement exécuté.
Amateurs de black brutal aux relents death et à l’ambiance bien noire, inutile d’aller chercher plus loin de quoi vous satisfaire, cette galette est pour vous : pour peu que vous ne soyez pas trop regardants sur l’originalité et que vous recherchiez une bonne grosse mandale auditive,
Paths of Obedience a toutes les chances d’être votre nouveau disque de chevet.
Après une courte intro de rigueur (des cloches funèbres qui résonnent lugubrement pendant 15 secondes), c’est
Red Wrath qui débarque tout blasts dehors avec une intensité furieuse typée death metal, rappelant les compatriotes d’
Odium : on sent bien cette volonté commune de tout détruite, et la fureur blasphématoire des Parisiens est plus que palpable. Ca bourre, ça hurle, ça joue fort, ça joue vite, c’est méchant, on sent que ça veut faire mal, bref, ça défonce, mais, finalement, ça rappelle n’importe quel groupe de black death bien violent et evil des années 2000. Après presque une minute de blast soutenu arrive un mid tempo bien destructeur, et un riff plus rampant qui nous laissent un peu souffler et nous rassurent quant à la suite :
The Negation sait varier son propos, et ces 45 minutes étalées sur 10 pistes ne seront – Diable merci !- pas qu’une suite stérile de bourrinage sans âme.
Les riffs sont d’obédience black, épiques et malsains, et le côté death, minoritaire, s’incarne plutôt dans ces parties de batterie au son lourd et massif, et au jeu d’une intensité particulière et d’une vitesse apocalyptique (le fameux Romain est impressionnant et est pour beaucoup dans le côté rouleau compresseur de la galette). On a tout de même quelques décélérations bien poisseuses et morbides, et avec trois titres de plus de 6 minutes, nos frenchies prennent le temps de développer leurs morceaux et d’alterner intelligemment mid tempi bien lourds (Erased, One
God), parties lentes et envoûtantes (
Last Rites, In
Agony, la fin de l’excellent The
Garden of
Extasy, avec son solo gorgé de feeling) et blasts tonitruants et guerriers.
Si le groupe sonne vraiment extrême dans ses parties les plus rapides, rappelant des combos comme Handful of
Hate ou
Dark Funeral, il développe surtout sa noirceur sulfureuse et son ambiance mortifère dans les parties les plus lentes et mélodiques, qui si elles semblent être vouées à reprendre son souffle entre deux attaques frontales, n’en sont que plus pernicieuses et délectables.
Dit comme ça, The
Paths of Obedience semble un parfait album de genre, et c’est effectivement à ça qu’il se résume. Finalement, le plus gros problème de cette galette, c’est clairement son manque d’originalité : si la musique est carrément bien branlée et l’ambiance plutôt présente (même si on est encore bien loin du malaise que distillent les tarés d’
Arkhon Infaustus pour ne citer qu’eux), on ne peut pas dire que le son du groupe soit franchement original : les riffs se ressemblent pas mal et ont déjà été entendus une paire de fois, les compos se distinguent peu les unes des autres même si elles sont très bonnes et indubitablement prenantes, et le tout sonne peut-être un peu trop léché et convenu, manquant de cette folie schizophrène que sont en droit d’attendre tous les amateurs de black occulte, haineux, blasphématoire et vraiment dérangé.
Ceci dit, sur le plan de l’efficacité et de la qualité, The
Paths of Obedience est une vraie réussite. Les 10 titres s’écoutent d’une seule traite, bien mis en valeur par un son énorme (peut-être un peu trop déploreront certains…), et ces 45 minutes se subissent comme un gros parpaing dans la gueule, nous arrachant la face, nous corrompant délicieusement les oreilles, et nous souillant le cœur de son obscénité outrancière, s’injectant directement dans les veines comme un bouillonnant condensé de haine et de négativité.
Inutile de dire que les fans de black death bien violent et basique adoreront, et honnêtement, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaitre la maîtrise et le potentiel de
The Negation. Une galette très intéressante et un défouloir jouissif à défaut d’être un chef d’œuvre d’ambiances et de raffinement. Vous voilà prévenus !
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