Etrange destin que celui d’
Hanoi Rocks. A la fois adulé par des groupes ayant marqué leur temps et inconnu d'une large frange de leurs publics, le combo finlandais ressemble un peu à un trésor oublié que l’on découvre par hasard. Qu’est ce qui a fait que Mötley Crüe, Guns N’ Roses, ou
Poison ont atteint la notoriété qui est la leur aujourd’hui, alors que
Hanoi Rocks a tendance à passer pour un groupe de seconde zone? Se sont-ils simplement trouvés au bon endroit au bon moment pour saisir leur chance?
C’est en tout cas ce qu’a tenté de faire
Hanoi Rocks avec cet
Oriental Beat. Souvent vus comme des travelos junkies par les rednecks finlandais (je propose de les appeler frozennecks), la bande à Monroe quitte ses froides contrées natales et va s’installer à Londres, qui se remet doucement de la déferlante punk au début des années 80. Si leur premier album est uniquement sorti en Finlande et en Suède,
Oriental Beat lancera leur carrière à l’international.
Les Rolling Stones ont les Glimmer Twins,
Aerosmith les
Toxic Twins,
Hanoi Rocks a les Muddy Twins. A l’instar de leurs précurseurs, l’énergie créatrice du groupe finlandais est concentrée dans le noyau dur formé par le guitariste et le chanteur, en les personnes d’Andy McCoy et
Michael Monroe.
Motorvatin’ lance d’une manière très efficace ce second opus et inscrit apparemment l’album dans la continuité de son prédécesseur. Le rythme est rapide et la guitare nerveuse est au service d’un
Michael Monroe qui te donne quelques tuyaux sur comment brûler la chandelle par les deux bouts le plus vite possible. Les paroles prennent une signification particulière quand on sait que le groupe ne roulait vraiment pas sur l’or. Ici, pas de vie de luxe, le groupe cultive l’authenticité. C’est peut-être d’ailleurs ce qui pousse Monroe à prendre ses distances par rapport à la scène Glam US qu’il a inspiré.
Les paroles sont justement l’une des évolutions dans la musique du groupe. Le premier album s’attachait à l’image du type perdu dans la ville, noyé dans l’anonymat. Mais sur ce point,
Oriental Beat fait plus figure d’ode à la liberté, à la simplicité et au rejet de l’autorité, parentale ou instituée. On peut citer par exemple M.C. Baby,
Lightning Bar Blues ou No Law or Order. Cette attitude presque nihiliste n’est pas sans rappeler certains groupes punk, dont
Hanoi Rocks s’est directement inspiré comme sur No Law or Order, qui démontre la subtilité dont Monroe est capable dans son chant. Sur une instru reggae que n’auraient pas renié les Clash période
London Calling, Michael décrit la recrudescence de la délinquance juvénile en s’adressant à un certain Johnny (serait-ce un écho à l’Angleterre de Thatcher ?). Le ton est désabusé, comme s’il assistait à la scène d’un œil médusé, ce qu’un chant plus furax n’aurait pas fait transparaître. Son chant n’est peut-être pas toujours juste, comme sur
Fallen Star qui sent un peu fort le whisky. Mais ce qu’il perd en justesse, il le récupère en sincérité dans l’émotion qu’il transmet.
Un équilibre entre les instruments semble d’autre part se mettre en place. Andy McCoy développe toujours un style aussi fougueux, sans pousser la disto à fond, et nous offre des riffs bien sentis. Aussi bien à l’aise dans un rock n roll dans la plus pure des traditions comme M.C. Baby, ou dans l’intro tribale et hypnotique de Sweet
Home Suburbia, le Muddy Twin sait varier les atmosphères. Le guitariste semble particulièrement s’épanouir dans des tempos rapides. En revanche, la guitare est plus en retrait sur des rythmes plus lents, des morceaux comme Don’t Follow Me ou
Lightning Bar Blues sont plus aérés. Le jeu de basse de Yaffa est ainsi mis en avant alors qu’il avait tendance à être masqué par les guitares sur le précédent album, mais la production y est certainement aussi pour quelque chose. Les claviers viennent aussi enrichir la palette des instruments, notamment sur
Visitor ou
Fallen Star.
Mais ce qui fait réellement la marque de fabrique
Hanoi Rocks, c’est ce saxo qui finit de m’achever à chaque fois ! Don’t Follow Me,
Visitor, Teenangels Outsiders,
Oriental Beat, pour ne citer que celles-ci, renferment de magnifiques lignes de ce cuivre à la silhouette si évocatrice, véritables joyaux de sensualité d’autant plus précieux que le saxo est trop peu exploité dans le rock.
Finalement, le seul bémol serait la production. Le groupe était en tournée, la production a donc été confiée à un certain Peter Wooliscroft, alors que les Muddy Twins supervisaient celle du précédent album. On dirait une sorte de compromis entre une production mainstream et une production plus underground. D’un côté la grosse reverb de la batterie est typique du hard rock américain des années 80, mais le son de la guitare s’apparente au garage-rock ou au punk. Ceci pour mieux illustrer à quel point
Hanoi Rocks est le chaînon manquant reliant ces deux univers? Peut-être, mais j’ai personnellement eu un peu de mal à m’accommoder à ce traitement du son. Qui de mieux placé pour capter l'énergie d'un groupe et la retranscrire sur disque que le groupe lui-même? Cela n’empêche pas
Hanoi Rocks de confirmer sa singularité dans le paysage musical des années 80 avec ce deuxième album.
Merci pour la chro Adrien. Un disque que je découvre depuis seulement quelques mois et pour lequel je me retrouve entièrement dans ton ressenti.
Sinon, le genou ça va? Sacré Museeuw :-)
Salut Sam ! Merci pour ton retour :) Museeuw et les italiens de la Mapei, c'est toute ma jeunesse, cf les départs et chasses aux autographes sur les départs des Paris-Roubaix à Compiègne, ma ville. J'en parlerai dans l'intro de ma prochaine chronique d'ailleurs. A suivre !
Un 2e album dans la lignée du 1er
15/20
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